Le wifi territorial, bien autre chose qu'un simple accès internet
Les habitants des grandes métropoles profitent de plus en plus d'un réseau mobile 4G dense et de forfaits adaptés aux usages de l'internet. Et les touristes européens ne sont plus sujets à de gros surcoûts d'abonnement téléphonique lors de leurs voyages. Les réseaux wifi publics doivent donc de nouveau prouver leur pertinence, alors même qu'une étude Symantec rappelait, durant l'été, que cet accès internet a ses lacunes en matière de cybersécurité. Les collectivités plébiscitent pourtant la démarche, à l'image de la ville de Marseille qui a densifié son réseau d'accès autour de ses plages ces derniers mois. Diffuser de l'information contextualisée via les bornes, convoquer les données de connexion comme un outil d'aide à la décision... autant de pistes explorées par les territoires, pour renouveler un concept qui s'avère déjà ancien.
Proposer des informations "hyper-locales"
A Saint-Etienne par exemple, le Wifi n'est pas seulement affaire de fournir un accès internet. "Dans une ambition de ville numérique", précise le DSI Sébastien Valla, "le wifi public est maintenant un passage obligé, mais on se doit de faire mieux. Notre intention était de proposer de l'information contextualisée, et un réseau sans couture". Pour ce faire, la ville a fédéré autour d'elle l'opérateur de transport, mais aussi le musée d'art moderne, pour proposer un réseau d'une soixantaine de bornes Wifi assorties de balises Bluetooth, aussi bien en tramway que dans l'espace public. Si l'usager passe d'une borne à l'autre sans procédure particulière, le contenu du portail sur lequel il se connecte varie selon les lieux. Avec son fournisseur Nomosphere, la ville a en effet conçu un système permettant d'afficher de l'information locale, différente d'une borne à l'autre, pour par exemple prévenir de l'imminence d'un concert en plein air. Les balises Bluetooth ont quant à elles été utilisées pour orienter les flux de supporteurs lors de l'Euro 2016, en transmettant des messages ciblés.
Mieux comprendre les flux de l'espace urbain
Du côté de l'eurométropole de Strasbourg, la démarche pionnière se trouve dans la manière d'exploiter les données de connexion des usagers. Là encore, il s'est agi pour la collectivité d'inventer, en partenariat avec son prestataire Afone, un procédé qui n'existait pas encore. Les données de connexion, issues d'un questionnaire rempli par les usagers des bornes wifi, parviennent régulièrement à l'eurométropole qui peut les utiliser pour mieux comprendre les déplacements dans son centre-ville. Connaître le ratio homme/femme sur une place selon l'heure de la journée, reconstituer le parcours-type des aficionados du marché de Noël... autant d'applications statistiques permises par le wifi local, dans le respect de la vie privée.
Le wifi symbole de cohésion territoriale
Au sein de la métropole de Tours, dont le wifi lancé en 2016 a connu 1,3 millions de connexions en moins d'un an, ce réseau a été l'occasion d'affirmer la cohésion territoriale de cet ensemble, aussi rural qu'urbain, de 22 communes. Plutôt que de se concentrer sur l'hyper-centre de l'agglomération, les bornes Wifi ont tout de suite investi les bourgs ruraux et les sites touristiques ou naturels. Les 100 bornes déployées, sur 50 sites différents, répondent donc particulièrement aux besoins des touristes qui sillonnent le territoire, à 40% issus de l'étranger.
En parallèle, les acteurs privés tels que les gestionnaires de centres commerciaux cherchent de plus en plus à transformer les réseaux wifi d'un poste de dépense à une plateforme de valorisation de données et de publicité. Une démarche que les collectivités ne suivent pas encore, mais qui montre bien les potentiels de ces réseaux. En cause : la propriété de la donnée et la maîtrise du flux. Au contraire des réseaux mobiles cellulaires, les réseaux wifi permettent de s'affranchir de la main-mise des opérateurs sur la relation entre l'usager et son univers numérique. Relation à laquelle certaines collectivités sont déterminées à donner une teneur résolument citoyenne.