Archives

Le dispositif Wifi4EU adopté par le Parlement européen

Annoncé fin 2016, et examiné par les commissions du Parlement depuis mars dernier, le projet Wifi4EU a été adopté le mardi 12 septembre par les parlementaires européens, à l'occasion de l'unique lecture du texte. Le principe est de financer, à hauteur de 120 millions d'euros, la mise en place de bornes d'accès Wifi bénéficiant d'un système de connexion unifié, aux couleurs de l'UE. Les sites concernés, de 6.000 à 8.000, couvriront principalement les zones rurales ou enclavées. Si l'initiative peut créer un effet d'aubaine, son impact restera, en France, assez limité.

Jean-Claude Juncker en avait fait, en septembre 2016, l'une de ses priorités pour affirmer la présence de l'Europe dans la vie quotidienne des citoyens : un réseau Wifi public d'ampleur continentale, Wifi4EU, qui améliorerait la connectivité des zones isolées. L'UE accorderait des bons d'un maximum de 20 000 euros, sans plafonnement sur la part de financement, pour permettre à des collectivités et d'autres établissements publics, d'acquérir le matériel nécessaire à la mise en place d'un réseau Wifi sûr et durable. L'interface logicielle, sur laquelle les usagers seraient renvoyés pour se connecter, serait floquée aux couleurs de l'Union européenne. De même le nom du réseau, Wifi4EU, serait unique sur le continent.

Une procédure facilitée au maximum

En ciblant les zones hors des grandes métropoles, le projet prend acte de l'autonomie des grandes collectivités locales pour mettre en place leurs propres réseaux Wifi. La procédure, ultra-simplifiée et plutôt pionnière, correspond aux besoins des collectivités dotées de moindres capacités. L'UE financera les coûts d'équipement et d'installation, par l'intermédiaire d'un bon qui sera directement remis au prestataire de la collectivité. En effet, une liste de fournisseurs agréés est arrêtée par la Commission. "Nous sommes en mesure d'effectuer les démarches auprès de l'UE pour l'obtention de la subvention", précise Philippe Le Grand, vice-président de Nomotech, qui équipe des territoires en bornes Wifi via sa filiale Nomosphere. En se rapprochant des fournisseurs, l'UE gagne également de précieux ambassadeurs pour son dispositif. Nomosphere, Afone, Hub One, autant de sociétés qui, si elles sont conventionnées par l'UE, auront tout intérêt à faire connaître cette possibilité de financement.

Des effets limités en France

Si l'opportunité financière peut, dans certains cas, s'avérer intéressante, Wifi4EU devrait avoir un impact limité en France, tout au moins dans un premier temps. Cent projets devraient être financés dans l'Hexagone, soit l'équivalent d'un réseau par département. Par souci de péréquation, d'autres pays moins avancés dans le domaine devraient davantage percevoir les bienfaits du dispositif. Le groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL) a, en votant contre la disposition au Parlement, mis l'accent sur l'aspect promotionnel de Wifi4EU pour les intérêts de l'UE. Certains territoires pourraient, de fait, préférer de garder la main sur l'identité et les fonctionnalités de leurs réseaux, quitte à faire une croix sur le financement européen. Outre l'intitulé du réseau, uniformisé, Wifi4EU ne permettra pas d'utiliser les données personnelles des usagers connectés, ou encore d'effectuer une valorisation commerciale du réseau. Un point qui pourrait poser problème, si les collectivités souhaitaient par exemple promouvoir les commerces locaux sur le portail Wifi, ou encore réaliser des statistiques de fréquentation utiles à leur stratégie d'urbanisme. L'offre européenne séduira donc plutôt les organes publics en quête de financement pour mettre en place une borne Wifi basique, sans services ajoutés. Les premières candidatures devraient pouvoir être déposées en ligne d'ici fin 2017 ou début 2018.