Le trait de côte d’Océan-Marais-de-Monts sous l’œil d’un drone (85)

Les dunes sont la meilleure protection contre l’érosion côtière. Pour surveiller leur évolution, la communauté de communes d’Océan-Marais-de-Monts s’est dotée d’un drone et a formé un télépilote. Les données recueillies, extrêmement précises, améliorent les prises de décision.

Sur le littoral vendéen, la tempête Xinthia de février 2010 et ses rafales à plus de 150 km/ h sont dans toutes les mémoires. « Si les vies humaines ont été épargnées sur notre territoire, nous n’avons pas échappé aux submersions marines. Nous avons aussi mesuré l’intérêt de protéger nos dunes, meilleurs remparts contre les flots », explique Véronique Launay, présidente de la communauté de communes d’Océan-Marais-de-Monts. C’est ainsi que le suivi du trait de côte a été renforcé.

Ce suivi existait en fait depuis 2009, avec la création d’un observatoire du littoral, appuyé par l’université de Nantes, le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’office national des forêts (ONF). Il a pour but d’évaluer précisément l’évolution des 19 km de dunes. Les dunes peuvent en effet être soumises à une érosion, induite par les phénomènes naturels ou les activités humaines. L’observatoire mesure aussi l’évolution de la faune et de la végétation dunaire, qui contribuent à leur stabilisation. Le suivi du trait de côte passait cependant par des relevés effectués à pied, à l’aide d’un GPS fixé sur une canne d’arpentage de géomètre. Certaines zones pouvaient être observées, déjà avec une grande précision, mais sans être toujours accessibles. Le drone a ainsi permis d'augmenter les surfaces investiguées

Une réglementation très stricte

C’est ainsi que les prises de vues aériennes (photogrammétrie) se sont imposées. « Renseignement pris, la prestation coûtait près de 20 000 euros, pour une opération à renouveler régulièrement. Pour ce prix, il était plus intéressant pour la collectivité d’acquérir un drone » raconte Jean Magne, l’ingénieur en charge des risques côtiers de la communauté de communes. La collectivité a donc décidé d’investir en 2022 dans un drone Phantom avec des batteries de secours pour gagner en autonomie. L’ingénieur a suivi une formation de 10 jours, puis passé un examen professionnel pour obtenir un brevet de télépilote. L’usage de drones professionnels sur l’espace public fait en effet l’objet d’une réglementation stricte : respect des conditions météo et des altitudes maximales, pilotage à vue, création de périmètres de sécurité en cas de survol d’une zone d’habitation… La proximité d’un aérodrome local a aussi imposé de définir un protocole prévoyant une communication des plans de vol.

Modélisation 3d

Le drone fournit à l’intercommunalité des images plus nombreuses en très haute définition – en fait un nuage de points - qui peuvent être transformées en vues 3d grâce à un logiciel spécifique (Pix 4d). Les volumes de sables sont ainsi mesurés « quasiment au grain de sable près » sur la totalité du linéaire de littoral. Les images peuvent être superposées d’une campagne à l’autre pour localiser les zones dégradées et suivre les effets d’un rechargement en sable ou d’une stratégie de végétalisation. Le drone est aussi mobilisé pour inspecter l’état des digues et autres clapets anti-retour, des ouvrages qu’il fallait auparavant aller visiter à pied dans la vase. Une fois traitées, ces données peuvent aussi être intégrées au système d’information géographique de la collectivité, pour être croisées avec d’autres données environnementales.

Mais le drone peut aussi aider à produire des photos 2d, utiles à la prise de décision des élus. « Une image, c’est tout de suite plus parlant. Elles ont été très utiles par exemple pour présenter un projet de belvédère, modélisé en 3d dans son environnement réel », illustre l’ingénieur. Le drone a aussi permis de simuler les effets d’une végétalisation ou de déterminer précisément les arbres à élaguer. Le côté spectaculaire des vues aériennes n’a pas manqué de susciter l’intérêt de certains, qui voudraient le mobiliser à des fins de promotion touristique. « Mais la communication est un autre métier. Ce drone doit être utilisé avant tout pour gérer des problématiques techniques, récolter des données, inspecter des lieux inaccessibles… », souligne le télépilote.

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