Le « by-pass » de Capbreton pour limiter l’érosion côtière (40)

Mis en place dès 2007, un système unique en Europe de transfert hydraulique permet de rééquilibrer les masses de sable entre les plages nord et sud de Capbreton. Résultat : le front de mer, l’habitat et l’activité commerciale et touristique sont préservés.

À Capbreton, seule ville portuaire du littoral landais, la dérive sédimentaire, liée aux mouvements marins qui vont du Nord au Sud, est bloquée par le chenal du port. Conséquence : beaucoup de sable s’amoncelle sur la plage Notre-Dame, située au Nord, au-dessus du chenal. Les quatre plages situées au Sud du chenal, qui sont les plus touristiques, se retrouvent, quant à elles, appauvries en sable. « D’autant plus que les tempêtes en hiver, de plus en plus fréquentes, “désensablent” certaines parties du littoral », pointe Éric Hamelin, directeur du pôle territoire de Capbreton.

À cela s’ajoute une autre spécificité locale rare : la présence d’un canyon sous-marin de 3.500 mètres de profondeur, à quelques encâblures du chenal, qui capte une partie du sable. Entre 100 000 et 400 000 m3 de sable dérivent chaque année à Capbreton.

Aussi, depuis 2007, en avril et mai, une partie du sable accumulé sur la plage Notre-Dame est pompée et reversée sur les plages du Sud ; l’objectif est qu’elles soient « rechargées » pour la saison estivale. « Ces transferts ont historiquement commencé dans les années 1970 avec des camions, cela générait de nombreuses nuisances », se souvient Éric Hamelin. À la suite d’une étude menée en 2003, il est décidé de recourir à un système inédit et expérimenté uniquement en Australie, le « by-pass », qui repose sur des tuyaux souterrains couplés à un système d’aspiration et de refoulement.

Protéger les ouvrages du front de mer

Ces déplacements printaniers de sable permettent non seulement aux vacanciers de profiter des plages en été, mais aussi et surtout de maintenir les ouvrages en béton qui longent les plages et protègent le front de mer. « Les perrés, ou protections en béton le long des plages, sont appuyés sur de grands pieux en bois ; ceux-ci sont préservés par le sable, explique Jean-Luc Aschard, adjoint au maire en charge de l’urbanisme, de l’aménagement et du littoral. Si celui-ci vient à manquer, les ouvrages sont menacés ». En effet, l’eau pourrait alors altérer les pieds de perrés, s’infiltrer et détruire peu à peu le bâti du front de mer

Par ailleurs, le fait de transférer du sable sur la dernière plage, celle du Santocha, permet de renflouer la dune littorale, laquelle joue un rôle de protection des habitations et de la biodiversité. « Au cours des deux dernières années, plus de 30.000 m2 de sable ont été déplacés du Nord au Sud, d’après les relevés topographiques effectués par drone », précise Jean-Luc Aschard.

Selon une étude menée par le Groupement d’intérêt public (GIP) Littoral Nouvelle-Aquitaine, le front de mer engendre des recettes fiscales et économiques de 12 à 14 millions d’euros par an. Une campagne annuelle de transfert de sable représente, quant à elle, pour la ville, entre 250 000 et 300 000 euros. Le bénéfice pour l’équilibre économique et urbain du territoire est réel. « S’il fallait reculer tout le bâti à cause de l’érosion du littoral, les coûts seraient faramineux », poursuit Éric Hamelin.

Depuis que la communauté de communes Maremne-Adour-Côte-Sud (MACS) a endossé la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) en 2018, c’est elle qui finance les campagnes annuelles, avec des subventions de l’Europe, de l’État, de la région et du département. Quant à la maintenance du by-pass, elle est confiée à deux sociétés, l’une spécialisée en hydraulique, l’autre en électricité.

Limiter le recul du trait de côte en Nouvelle-Aquitaine

La dérive sédimentaire est l’un des facteurs du recul du trait de côte. Observé sur tous les littoraux, celui-ci est lié à l’élévation du niveau de la mer et aux tempêtes hivernales, avec le vent propulsant le sable à l’arrière des dunes, et l’océan qui attaquant le pied de dune. Le tout est en lien avec le réchauffement climatique.

En 2016, le GIP a défini une stratégie de lutte contre le recul du trait de côte en Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs grands axes ont été définis : recenser les situations locales, bâtir un plan de prévention des risques littoraux, revoir la constructibilité dans les documents d’urbanisme, relocaliser certains bâtiments, préserver les dunes et les ouvrages tels que les quais et les perrés – axe pour lequel le by-pass de Capbreton est tout à fait adapté.

Maintenir l’attractivité de la ville balnéaire et portuaire

« On note un recul de la côte compris entre 1 et 3 mètres par an, selon le nombre et l’intensité des tempêtes, relève Jean-Luc Aschard. Grâce au by-pass, le front de mer, le bâti, mais aussi l’activité portuaire de pêche et de plaisance sont préservés, favorisant l’attractivité et le dynamisme de territoire. En effet, la population de Capbreton ne cesse de croître, beaucoup de logements évoluent en résidences secondaires qui sont occupées de plus en plus longtemps dans l’année. »

Le by-pass en chiffres

- Le transfert de sable sur la plage nord s’effectue pendant 30 jours en moyenne, chaque année, en avril et mai.

- Le montant des travaux pour la mise en place du by-pass en 2007-2008 s’est élevé à environ 3 millions d’euros. La ville a bénéficié de 50 % de subventions provenant de l'État, de la région et du département.

- Les tuyaux mesurent 40 cm de diamètre et sont enfouis à deux mètres en dessous du sol.

- Le front de mer rapporte entre 12 et 14 millions d’euros par an.

Commune de Capbreton

Nombre d'habitants :

9037
place Saint-Nicolas BP 25
40 130 Capbreton
accueil-mairie@capbreton.fr

Jean-Luc Aschard

Adjoint au maire, en charge de l’urbanisme, de l’aménagement, des mobilités et du littoral

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