Le taux d’attribution des logements sociaux passe sous les 10% en 2024
Selon le dernier tableau de bord publié par l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social), un peu moins de 384.000 attributions de logements sociaux ont été réalisées en 2024, soit une baisse de 2% par rapport à 2023. Le taux d’attribution chute ainsi à 9,4%, passant sous la barre symbolique des 10% dans un contexte de forte augmentation des demandes.
© Ancols et Adobe stock/ Source : Infocentre SNE
En 2024, plus de 4 millions de demandes de logement social ont été actives au moins un jour dans l’année, selon l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social). En parallèle, seulement 384.000 ménages ont obtenu une attribution effective, avec la signature d’un bail. Ce volume ramène le taux d’attribution à 9,4%, en baisse de 0,7 point par rapport à l’année précédente.
Un résultat qui rejoint le niveau atteint en 2020, année marquée par la crise sanitaire, et dont la cause principale serait une baisse de la rotation des locataires du parc social (celle-ci représenterait en effet 80% de l’offre), ainsi qu’une baisse des mises en service, a estimé Baptiste Prestel, directeur des statistiques et études de l’Ancols, lors d’une conférence de presse.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande s’accentue
Le stock de demandes actives a progressé de 28% entre 2019 et 2024, passant de 2,16 à 2,76 millions. Les nouvelles demandes créées dépassent chaque année 1,4 million, tandis que les radiations de dossiers ne suffisent pas à freiner cette hausse. Par ailleurs, le taux de renouvellement des demandes après un an atteint 49%.
La situation est particulièrement tendue en zone A bis (incluant Paris et sa proche banlieue), où le volume d’attributions est resté relativement stable, avec 29.700 logements attribués (contre 28.300 en 2019). La baisse des attributions est moins marquée dans les autres zones : -2,3 points en zone A, -3,8 points en zone B1, -5,3% en zone B2 et -7,2 points en zone C. Pourtant, le taux d’attribution apparaît plus élevé là où la demande est moindre : de 5,3% en zone A bis à 13,4% en zone C.
"La révision du zonage ABC en juillet 2024 entraîne une redistribution significative des demandes et des attributions entre les différentes zones", précise l’Ancols. Une évolution qui se traduit par un déplacement des demandes et attributions vers les zones les plus tendues.
Un taux déclinant chez les Dalo
Dans le détail des logements attribués, 27% ont été loués à des ménages déjà locataires du parc social, qui représentent 30% des demandes, et 25% à des locataires du parc privé.
Concernant les ménages reconnus Dalo (droit au logement opposable), 24.000 attributions ont été enregistrées en 2024, un chiffre stable depuis 2021. Toutefois, leur taux d’attribution est en recul, à 23,5%. En 2024, les Dalo représentent 6,3% des attributaires à l’échelle nationale. Cette proportion varie sensiblement selon les régions : 19,9% en Île-de-France, 15% en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et moins de 2% en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand Est ou en Guadeloupe. L'Ancols calcule néanmoins qu'en moyenne, un ménage reconnu Dalo a 2,6 fois plus de chances d'obtenir un logement social. "Dans les territoires tendus, l'effet Dalo est plus marqué", avec environ quatre fois plus de chance d'avoir un logement social, a noté Baptiste Prestel.
Le profil des attributaires évolue également : leur âge moyen continue de croître très légèrement (40,5 ans en 2024, soit +0,7 an en six ans), alors que celui des demandeurs reste stable. Par ailleurs, les jeunes de moins de 30 ans voient leur taux d’attribution chuter de 5,2 points entre 2019 et 2024.
Enfin, les délais d’attente augmentent pour toutes les catégories de ménages, en particulier pour ceux vivant en habitat précaire ou en structure d’hébergement, avec des délais moyens supérieurs à 660 jours.
