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Le service civique, une expérience plébiscitée par des jeunes en "réorientation"

En cette période de crise sanitaire, les volontaires en service civique sont une ressource pour les associations et les collectivités, dans le cadre de missions adaptées au contexte ou de la réserve civique. Le gouvernement mise aussi sur la future promotion 2020 du service national universel, avec des missions d'intérêt général qui pourraient commencer fin juin. Pour son anniversaire qui intervient dans ce contexte particulier, le service civique a fait l'objet d'une vaste enquête sur les parcours des jeunes qui se sont engagés. L'occasion de mieux connaître les motivations de ces volontaires, qui viennent d'abord chercher une expérience professionnelle et un revenu.    

En période de crise sanitaire et de confinement, le service civique se poursuit pour au moins 25.000 jeunes volontaires, dont la mission a pu être adaptée "dans le strict respect des conditions de sécurité sanitaire". Aides aux devoirs à distance, maintien du lien avec des personnes âgées et handicapées, organisation de l'aide alimentaire et distribution de repas… Dans un communiqué du 21 avril 2020, l'Agence du service civique (ASC) met en avant l'engagement de ces jeunes, ajoutant qu'"une très grande majorité des 58.000 volontaires actuellement en service civique, dont les contrats sont maintenus pendant la crise sanitaire, se sont spontanément portés bénévoles en s’inscrivant sur la plateforme gouvernementale de la réserve civique". Créé par l'Agence sur la base d'outils développés par des organismes d'accueil – dont les villes de Paris et d'Evry-Courcouronnes, ou encore la Croix-Rouge française et l'APHP –, un "guide des volontaires confinés et solidaires" leur est destiné. L'ASC compile également sur son site des bonnes pratiques de réorientation des missions, tout en diffusant des messages relatifs à la prévention et au tutorat à distance des volontaires.

"La crise sanitaire que nous vivons actuellement ramène aux fondamentaux de la loi du service civique du 10 mars 2010", observait l'ASC le 2 avril. "En 10 ans, plus de 435.000 jeunes issus de tous les horizons socioculturels et géographiques ont accompli une mission de service civique auprès d’un des 11.000 organismes à but non lucratif, structure associative ou secteur public", soit "plus de 300 millions d’heures placées au bénéfice de la citoyenneté et de l’intérêt général".

Acquérir une expérience professionnelle : première motivation des volontaires

A l'occasion du dixième anniversaire du dispositif, "une vaste enquête statistique nationale menée auprès d’anciens volontaires, sur les parcours de formation et d’insertion de ces jeunes volontaires" a été conduite par l'ASC et l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep). Selon les premiers résultats rendus publics le 30 mars, le service civique "attire davantage des jeunes en réorientation, ceux n’ayant pas terminé leurs études et ceux ayant obtenu des diplômes qui ne permettent pas une insertion professionnelle aisée". L'étude a permis d'identifier cinq types de parcours : les volontaires en cours d'études supérieures (23%), les sortants d'études secondaires (27%), les sortants d'études supérieures (14%), les "précaires" ayant déjà une expérience professionnelle (26%) et les chômeurs de longue durée sans expérience professionnelle (10%). Les motivations des volontaires sont d'abord d'acquérir une expérience professionnelle (53%) et de bénéficier d'un revenu (39%), avant d'effectuer une mission d'intérêt général (23%).

Quant à la suite de leur parcours, "six mois après un service civique, 35% des anciens volontaires sont en emploi, 33% sont en études ou formation, 22% en recherche d’emploi, 8% inactifs et 2% dans un autre type de volontariat", lit-on par ailleurs dans ces premiers résultats. Il est spécifié également que "le dispositif mène rarement directement les jeunes à un emploi salarié dans leur structure d’accueil". 10% des volontaires sont salariés de leur structure d'accueil six mois après la fin de leur mission, soit deux à trois fois moins que la part des bénéficiaires de contrats aidés ou emplois d'avenir du secteur non-marchand qui restent ensuite chez le même employeur.

Alors que l'insertion dans le monde du travail des jeunes diplômés 2020 et la recherche d'emploi en général s'annoncent difficiles dans les mois à venir, il sera intéressant d'observer si une part importante de jeunes se tournent vers le service civique pour appréhender cette transition.

Service national universel : le séjour de cohésion serait reporté à la fin de l'année

Dans le contexte de la crise épidémique et des protections qui continueront à prévaloir dans les prochains mois, le déroulé du service national universel (SNU) va être cette année modifié. "Nous allons probablement inverser les périodes", entre le séjour de cohésion qui devait avoir lieu fin juin – et qui serait reporté à la fin de l'année – et des missions d'intérêt général qui pourraient se mettre en place dès juin-juillet, a indiqué Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, lors de l'audition par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale du 21 avril. Des annonces plus précises vont intervenir prochainement. "L'esprit SNU est plus que jamais nécessaire", a considéré Jean-Michel Blanquer, rappelant que "la capacité de résilience du pays à des crises comme des crises sanitaires" figurait aux motifs de la création d'un dispositif qui devrait concerner à terme l'ensemble d'une classe d'âge.

Pour cette deuxième année de préfiguration du SNU, l'objectif du gouvernement était de toucher 25.000 jeunes volontaires (voir notre article du 3 février 2020). La campagne de candidature est prolongée jusqu'à début juin. A noter que l'Injep a publié en février 2020 une évaluation détaillée du séjour de cohésion qui a eu lieu pour la première fois en juin 2019, pour quelque 2.000 jeunes, sur treize territoires.