Le scrutin municipal, ennemi de la production de logements ?

Doit-on craindre à l’occasion de la prochaine séquence des élections municipales de 2026 un attentisme des communes dans le domaine de la production de logements ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre plusieurs élus à l’occasion du colloque organisé mercredi 4 décembre par l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif).

L’approche du scrutin des municipales de 2026 aura-t-elle un impact sur la production de logements ? Si les professionnels s’en inquiètent parfois, les maires, quant à eux, se veulent plutôt rassurants quant à leur souci de ne pas aggraver une situation déjà tendue. Maire de Sceaux (92) et vice-président de l’Association des maires de France (AMF), Philippe Laurent reconnaît qu’en règle générale "les années qui précédent les élections, comme la suivante, ne sont pas de bonnes années pour la production de logements". Un constat qu’il attribue largement à un changement d’attitude vis-à-vis de la construction qu’il observe depuis une vingtaine d’années et qui se traduit par une défiance accrue des habitants : "lorsque l’on construisait il y a 30 ans, les habitants nous disaient 'merci Monsieur le maire !' car c’était un signe de développement". Désormais, l’appréciation générale "est totalement inverse" tant la production de logements est synonyme pour beaucoup d’un risque d’affaiblissement des services publics sur le territoire de la commune. Un véritable "problème sociétal", résume l’élu, "qui ne va pas dans le sens d’un soutien des maires pour développer le logement".

Le second point d’attention, estime le représentant de l’AMF, "c’est que les maires voient bien que l’équation économique a changé". Philippe Laurent invoque la baisse des recettes, la disparition de la taxe d’habitation dont la compensation n’est plus totale lorsque le parc de logements augmente sur le territoire de la commune, ou encore les exonérations de taxe foncière accordées sur les logements en accession qui grèvent les capacités d’action des maires. "Donc, construire des logements sans avoir les moyens de financer les services publics qui vont avec, c’est un sujet !"

"Penser que les permis de construire sont indexés aux logiques électoralistes est un faux sujet"

Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis (91), bat en brèche l’idée selon laquelle les maires renâcleraient à délivrer des permis de construire en prévision des élections municipales : "penser que les permis de construire sont indexés aux logiques électoralistes est un faux sujet", assure l’élu. La question est davantage de savoir comment répondre à une demande de logements qui explose alors même que le foncier se raréfie et donc, se renchérit. Un point de vue partagé par la maire de Cachan (94), Hélène de Comarmond, qui explique que "si on construit encore, c’est au contraire parce que les maires sont là". Quitte à affronter des habitants "parfois rétifs à voir leur ville se développer". En conclusion, le directeur général de l’Epfif, Gilles Bouvelot, confirme que le rythme de contractualisation de l’Etablissement public foncier avec les communes "ne change pas à l’approche des élections". Ce qui change, relève-t-il, c’est la nature du foncier disponible dont l’essentiel (80%) est aujourd’hui constitué "de terrains déjà bâtis".

 

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