Le ralentissement des créations d'emplois a touché toutes les régions en 2023
L'emploi a continué de progresser en 2023 mais à un rythme moins soutenu. Il ralentit dans toutes les régions. Celles qui s'en sortent le mieux sont la Bretagne et Paca, et des régions d'outre-mer comme la Guyane, La Réunion et la Martinique.
L'emploi a continué à progresser en 2023 pour la 3e année consécutive, mais avec un léger ralentissement, constate l'Insee, dans une note publiée le 18 décembre. En métropole, ce sont la Bretagne et Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) qui s'en sortent le mieux, avec une progression (avec respectivement +1,5 et +1,3%), ce qui les place au niveau de régions d'outre-mer comme La Réunion (1,8) et la Martinique (1,4), la Guyane ayant connu la progression la plus forte (+2,9%).
A l'échelle nationale, la France a enregistré 262.000 créations nettes en 2023 (soit +0,9%), après 391.000 en 2022 et 977.000 en 2021. C'est dans le Quart Nord-Est (Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire) et la Corse que la croissance de l'emploi a été la plus faible en 2023 (-0,7%).
Fort ralentissement pour le tertiaire marchand
L'emploi non salarié continue d'augmenter de manière importante, avec 90.000 emplois de plus (+2,8%), essentiellement dans le secteur tertiaire marchand et du fait des micro-entrepreneurs. L'emploi salarié, représentant neuf emplois sur dix, enregistre pour sa part 172.000 créations (+0,6%). Mais cette croissance est près de deux fois inférieure à 2022 (330.000). Ce ralentissement est dû en partie au tertiaire marchand qui enregistre 127.000 créations après 291.999 en 2022 (soit +,0,8% après +2%). Le retournement est particulièrement marqué dans les services aux entreprises (-6.000 emplois), l'hébergement-restauration ou l'information-communication… L'Ile-de-France illustre cette tendance avec une progression de 1% de l'emploi tertiaire marchand contre 2,5% en 2022.
L'alternance qui, depuis 2019, a contribué à hauteur d'un tiers de l'augmentation de l'emploi salarié, subit elle aussi un coup de frein.
A contrario, l'emploi dans le tertiaire non marchand, essentiellement public, connaît une accélération avec 103.000 emplois supplémentaires, près du double du niveau de 2022 (+59.000).
L'emploi industriel continue de progresser
L'emploi industriel (hors intérim) a continué d'augmenter, avec un solde de 39.000 emplois supplémentaires (+1,2%) après 32.000 en 2022 (+1%). Il a surtout progressé sur le pourtour méditerranéen (Occitanie, Paca) et la Corse. L'Insee constate une "accélération notable" dans l'automobile, avec 7.000 emplois en plus, après 1.000 emplois en 2022. Excepté en 2020, l'emploi industriel a légèrement augmenté chaque année depuis 2017, "après 16 années ininterrompues de baisse", de 2001 à 2016. Et en 2023, il dépasse son niveau d'avant-crise.
En revanche, le secteur agricole continue de décroître. Il perd 3.000 emplois après 5.000 en 2022. Le Quart Sud-Ouest (Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) est le plus touché. En outre, la part des non-salariés régresse. Ils représentent 55% des emplois agricoles contre 64% en 2013.
La construction aussi est à la peine, avec 5.000 emplois en moins, après six années consécutives de hausse (+45.000 emplois en moyenne entre 2017 et 2022). Aucune région n'est épargnée.
Incertitudes
Entre 2019 et 2023, les régions qui ont connu la plus forte progression de l'emploi (+ de 7%) sont la Bretagne, l'Occitanie et Paca.
Selon l'Insee, ce ralentissement s'inscrit dans un contexte de "fléchissement de l'activité économique" avec une croissance à 0,9% du PIB contre 2,6% en 2022 et 6,9% en 2021 (année post-covid). Le taux de chômage en France devrait remonter de 7,4% actuellement à 7,6% de la population active d'ici à la mi-2025, a également rapporté l'Insee, mardi, "principalement sous l'effet de la réforme des retraites" qui va automatiquement gonfler la population active. Les créations d'emplois seront alors insuffisantes pour compenser l'augmentation de la population active. Un calcul qui n'intègre pas l'inscription automatique de 1,2 million de bénéficiaires du RSA à France Travail, à compter du 1er janvier. Même si tous ne seront pas comptabilisés comme demandeurs d'emploi au sens du BIT. Autres incertitudes : la situation politique et budgétaire et l'annonce de nombreux plans sociaux dont le poids pourrait marquer un retournement dans l'industrie.