Le projet d'extension de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle abandonné
Le gouvernement a annoncé ce 11 février l'abandon du projet controversé de construction d'un quatrième terminal pour agrandir l'aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle, estimant qu'il n'était "plus adapté aux enjeux actuels".
Dans le prolongement de la présentation en conseil des ministres du projet de loi Climat et Résilience (lire notre article), le gouvernement a annoncé ce 11 février avoir demandé à Aéroports de Paris (ADP) d'abandonner le projet de construction à l'horizon 2037 d'un quatrième terminal (T4) à l'aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle. D'un coût de 7 à 9 milliards d'euros, le T4 aurait permis d'augmenter la capacité d'accueil de 40 millions de passagers par an. Rejeté par nombre d'élus locaux et des ONG, le projet du nouveau terminal avait déjà subi un revers en juillet dernier lorsque l'Autorité environnementale avait constaté que "l'équation à résoudre" entre l'augmentation des vols, de la circulation routière et le respect des objectifs internationaux de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre n'était "pas décrite ni posée de manière complète" (lire son avis).
Urgence environnementale et crise sanitaire
Ce projet "n'a pas suffisamment fait la preuve de sa compatibilité avec les exigences croissantes en matière de réduction des impacts environnementaux du secteur aérien et n'intègre pas suffisamment le développement à venir de 'l'avion vert', a expliqué le gouvernement dans un communiqué. Par ailleurs, la crise Covid-19 remet en cause les prévisions de trafics, et les besoins de développements de la plateforme à l’horizon de temps qui avait été anticipé."
Estimant que le projet n'était "plus adapté aux enjeux actuels", le gouvernement a donc demandé à ADP – dont l'Etat reste l'actionnaire majoritaire – d'y renoncer. "Le Groupe ADP prend acte de cette demande", "l'une des conséquences de la crise du Covid-19" qui a très durement touché le secteur aérien, a indiqué le gestionnaire. L'entreprise "engage un temps de réflexion sur les enjeux d'avenir de l'aéroport", selon son PDG Augustin de Romanet.
Nouveau projet d'évolution de la plateforme aéroportuaire
Le gouvernement rappelle que le projet de loi issu des propositions de la Convention citoyenne pour le climat prévoit notamment la systématisation de la compensation des émissions de gaz à effet de serre pour les vols intérieurs en métropole et la suppression de dessertes aériennes quand il existe une alternative en train de moins de 2h30. Dans ce contexte, il estime qu'ADP a "un rôle essentiel à jouer (…) pour concilier le développement du trafic hors réseau domestique, la préservation de la connectivité de la France et le renforcement du hub parisien avec les objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien". Il lui demande donc de "présenter, dans les meilleurs délais possibles, un nouveau projet d'évolution de la plateforme de Paris-Charles-de-Gaulle s'inscrivant dans cette perspective".
"Ce projet doit s’inscrire dans les objectifs nationaux et européens en matière de lutte contre le changement climatique et de protection de l’environnement et notamment l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050, souligne-t-il. Pour cela, il devra notamment prévoir les nouvelles infrastructures nécessaires à l’avion décarboné, améliorer la performance environnementale des aérogares et renforcer l’intermodalité avion/train, qui permettra d’accroître fortement les alternatives ferroviaires aux vols aériens pour desservir l’aéroport dans les trajets qui nécessitent des correspondances." Ce projet global, qui fera l’objet d’échanges dans les prochains mois, sera validé dans le cadre du renouvellement du contrat de régulation économique qui lie l’Etat et le groupe ADP, indique-t-il encore.
Ile-de-France : un AMI pour bâtir une filière hydrogène aéroportuaire
La région Ile-de-France, Choose Paris Region - l'agence en charge de sa promotion internationale -, le Groupe ADP, Air France-KLM et Airbus ont annoncé ce 11 février le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) international pour bâtir une filière hydrogène aéroportuaire en Ile-de-France. Le développement d'ici à 2035 d'un avion à hydrogène "zéro émissions", auquel l'Etat prévoit de consacrer 1,5 milliard d'euros d'ici à 2022, passe par l'élaboration d'un nouveau système d'avitaillement. Il s'agit d'"anticiper et accompagner les évolutions qui devraient permettre de transformer les aéroports parisiens en véritables 'hubs Hydrogène'", affirment dans un communiqué commun les promoteurs de l'AMI. Ce dernier vise "à bâtir un écosystème aéroportuaire puissant et à fédérer, autour de l'hydrogène, des grands groupes, des ETI/PME, des start-ups, ainsi que le monde académique et celui de la recherche", ajoutent-ils.
Les cinq partenaires veulent évaluer les futurs usages de l'hydrogène sur un aéroport "afin d'en préparer, à moyen terme, la distribution et l'utilisation à plus grande échelle, notamment en vue d'accueillir le futur avion à hydrogène". Il s'articule autour de trois thématiques : le stockage, le transport et la distribution de l'hydrogène en milieu aéroportuaire jusque dans les réservoirs des avions; la diversification des usages de l'hydrogène (véhicules et engins de pistes, alimentation de bâtiments ou d'avions au sol) et l'économie circulaire autour de l'hydrogène, avec par exemple la récupération de l'hydrogène dissipé lors d'un avitaillement en hydrogène liquide.
Les candidatures sont ouvertes du 11 février au 19 mars via le site h2hubairport.com et les projets retenus seront annoncés fin avril.