Transports - Le Port autonome de Paris veut appuyer le développement du Grand Paris
Le 2 juillet, lors d'une présentation de ses résultats de trafic fluvial, les dirigeants du Port autonome de Paris (PAP) ont rappelé que, malgré la mauvaise passe économique, ils se tiennent prêts à relever les défis institutionnels, économiques et logistiques propres au développement du Grand Paris. "Pour l'heure, nous ne connaissons que les contours de cette politique de développement mais nous en mesurons bien l'ampleur et l'opportunité qu'elle représente pour le fleuve, considéré plus que jamais comme un axe structurant du territoire. Les investissements dans le réseau portuaire francilien se maintiendront donc dans les prochaines années", a souligné Jean-François Dalaise, président du conseil d'administration du port.
Trois défis se posent plus particulièrement au PAP : densifier le trafic de marchandises par conteneurs, mieux utiliser les façades fluviales et fonder ou réhabiliter des ports s'intégrant plus harmonieusement dans leurs villes. Pour détailler le premier axe, quelques chiffres s'imposent : le PAP vise d'ici à 2012 à manutentionner 340.000 unités (dites EVP ou équivalent vingt pieds), soit trois fois plus qu'actuellement. L'objectif est de faire face à l'accroissement des trafics conteneurisés prévus avec Port 2000 au Havre et l'ouverture en 2015 du canal Seine-Nord, un projet face auquel les instances portuaires étaient au départ plutôt frileuses, mais dont elles tentent aujourd'hui d'anticiper les flux qu'il va générer.
Pour atteindre ces objectifs, des développements et/ou créations de terminaux sont prévus à Gennevilliers (hub régional, 20 millions de tonnes de trafic, 8.000 emplois directs), à Limay (3e plate-forme régionale), à Bonneuil, à Evry (ouverture d'un terminal fin 2009) et, en tête de bassin, à Montereau-Fault-Yonne (terminal prévu en 2012). Quant aux ports à réhabiliter, ce sont ceux d'Austerlitz et d'Issy-les-Moulineaux. Dans les Yvelines, deux nouveaux ports sont aussi visés à plus ou moins long terme à Triel-sur-Seine et Achères, ce dernier étant décrit comme particulièrement crucial pour appuyer le développement du Grand Paris. Dans le cadre du développement de la Défense, un point sur lequel Nicolas Sarkozy a insisté le 30 juin lors de son déplacement dans le quartier d'affaires, les dirigeants du PAP se disent prêts à saisir les opportunités possibles et à formuler pour ce site "une offre portuaire optimale".
Pour remédier à la fragilisation de l'économie du fret et contrer sa forte dépendance au secteur du BTP, directement affecté par la crise, la voie empruntée est celle de la diversification d'activités. Ainsi, les activités de transport des déchets et de recyclage étant d'ores et déjà fortement implantées sur les plate-formes du port, ce dernier veut plus clairement les assumer et les mettre en avant. "Par ailleurs, la création déjà actée dans le cadre de la réforme portuaire du premier Conseil de coordination interportuaire de la Seine, mais aussi l'accent mis sur le dialogue avec les collectivités où nous sommes implantés, vont améliorer les échanges et renforcer l'exigence environnementale, en rendant par exemple compatible comme on l'a fait à Limay une zone de transbordement et une berge écologique", a ajouté Marie-Anne Bacot, directrice générale du PAP. Certes, les outils juridiques manquent pour faire évoluer les aménagements classiques vers plus de mixité et les berges en zone dense vers un meilleur partage spatio-temporel des activités, avec par exemple du trafic commercial aux horaires d'ouverture portuaire et de la circulation piétonne rendue possible durant la fermeture. "Mais une étude juridique a été lancée dans ce sens, car la mixité des usages et la réflexion sur les espaces publics sont bien au coeur du projet de développement du Grand Paris", a conclu Marie-Anne Bacot.
Morgan Boëdec / Victoires éditions