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Culture - Le plus vieux cinéma du monde rouvre ses portes à La Ciotat

Le 9 octobre 2013, l'Eden Théâtre à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) rouvre ses portes après des décennies d'abandon et plusieurs années de restauration. L'événement ne mériterait guère d'être mentionné s'il ne s'agissait du plus vieux cinéma du monde. Le 14 octobre 1895, quelques spectateurs assistent en effet dans cette salle, qui vient tout juste d'ouvrir, à une projection gratuite des premiers films tournés par les frères Lumière.
Antoine Lumière, industriel lyonnais, possède une résidence d'été dans cette petite ville, alors cité balnéaire. Il y tourne notamment l'un des films les plus célèbre de l'histoire du cinéma mondial, qui terrifia les spectateurs de l'époque : "L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat". Si les frères Lumière avaient déjà organisé des projections privées - dont l'une le 21 septembre 1895 au Palais Lumière, à laquelle assistait Raoul Gallaud, ami des Lumière et propriétaire de l'Eden Théâtre - et si la première projection payante a eu lieu le 28 décembre 1895 au salon indien du Grand Café à Paris, il n'en reste pas moins que l'Eden Théâtre est la première salle à avoir accueilli une projection publique.
La salle connaît une grande réussite avant-guerre et dans l'entre-deux-guerres. A la fois théâtre et music-hall - sa vocation originelle - et désormais salle de cinéma, elle accueille les débuts de Fernandel, d'Yves Montand ou de Bernard Blier. Après la guerre, elle devient un cinéma de quartier dans laquelle des générations successives découvrent le cinéma... et les premiers émois dans l'ombre du balcon. Mais, en 1982, le gérant est assassiné en défendant sa recette contre des malfrats. Même si l'exploitation se poursuit jusqu'à la fermeture en 1995, l'Eden Théâtre part à la dérive, tout comme la ville de La Ciotat sombre dans la crise avec l'arrêt des chantiers navals.

Une mobilisation associative et le soutien des collectivités

Des associations comme "La Ciotat, berceau du cinéma" ou "Les lumières de l'Eden" luttent cependant pour sauver cette salle mythique. Elles obtiennent le rachat du bâtiment par la ville en 1992, puis l'inscription à l'inventaire des monuments historiques en 1996. Grâce au soutien d'artistes et de cinéastes et cinéphiles de renom - comme Bertrand Tavernier - un premier projet de restauration est lancé et, le 1er juin 2007, le hall d'accueil rouvre ses portes, en présence de Claudia Cardinale (voir notre article ci-contre du 29 mai 2007).
Mais il s'agit encore d'une restauration très partielle et les travaux restant à effectuer s'annoncent coûteux (5,5 millions d'euros). C'est finalement la désignation de Marseille comme capitale européenne de la culture 2013 et l'engagement du maire de la cité phocéenne en faveur du projet qui va débloquer la situation. Les collectivités se mobilisent - malgré quelques dissensions sur le dossier entre la région Paca et le département des Bouches-du-Rhône - et financent l'essentiel de l'investissement. Aujourd'hui la - petite - salle à l'italienne (166 places) a retrouvé tout son lustre, avec ses colonnes et ses fauteuils rouges (voir la visite virtuelle ci-contre), son escalier d'époque, son sol en marbre noir...
Avec une telle place dans l'histoire du cinéma et une telle mobilisation pour le sauver de la disparition, l'Eden Théâtre ne pouvait se contenter de projeter des blockbusters. Sa programmation est donc celle d'une salle d'art et d'essai, avec une large place aux classiques du cinéma, des actions pédagogiques à destination des écoliers ou l'accueil de festivals.  

 

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