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Education - Le numérique à l'école à l'heure de l'intelligence artificielle et du RGPD

Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a présenté cet été la stratégie gouvernementale en matière de numérique à l’école. Un plan qui cherche un équilibre entre disruption technologique et protection de la vie privée.

Lors d’un déplacement le 21 août à Ax-les-Thermes en Ariège, où se tenait Ludovia, manifestation consacrée au numérique éducatif, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a détaillé la stratégie gouvernementale. Une stratégie qui fait la part belle à l’innovation et aux neurosciences tout en prenant à bras-le-corps la mise en conformité du numérique éducatif avec le règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD).

Un délégué à la protection des données dans chaque académie

Pour piloter la mise en œuvre du RGPD dans l’Éducation nationale, le ministre a annoncé la nomination de Gilles Braun, inspecteur général, en tant que délégué à la protection des données (DPD). En fonction dès la rentrée, il coordonnera l’action de "DPD académiques chargés de sensibiliser, d'informer et de conseiller les responsables des traitements, notamment les chefs d'établissements et les Dasen (directeurs académiques), mais aussi et plus largement de veiller au respect du cadre légal relatif aux données personnelles". Il s’agit notamment de veiller à ce que l’ensemble des données récoltées dans le cadre scolaire, telles que les évaluations, soient "protégées et utilisées au service de la réussite de tous", a notamment exprimé Jean-Michel Blanquer. Le dispositif sera complété fin 2018 d'"un code de conduite propre à l'Éducation nationale", d'"un comité éthique et d'expertise en matière de données numériques" mais aussi de formations à destination des enseignants portant sur les enjeux de l'utilisation des données scolaires numériques. Au-delà de la mise en conformité du ministère, l’objet de ces mesures est de créer "un cadre de confiance clair et partagé par toute la communauté éducative", tant celle-ci est de plus en plus inquiète de la présence des Gafam dans les établissements que cela soit par le biais des matériels (tablettes…) ou des logiciels (bureautique, espaces numériques de travail).

Expérimentations autour de l’IA et des objets connectés

La présence des industriels pourrait s’accentuer. Car au-delà des mesures classiques d’enrichissement des banques de ressources numériques et de formation des enseignants, le plan gouvernemental laisse une large place aux expérimentations technologiques. L’intelligence artificielle (IA) pourrait ainsi être utilisée pour "recommander des contenus ou des ressources ou encore apporter une assistance à l'évaluation et à la correction des travaux de leurs élèves". Dans cette optique, 8 millions d'euros seront affectés à un partenariat d'innovation dédié à l’usage de l’IA pour les apprentissages du français et des mathématiques. Une nouvelle plateforme de ressources numériques éducatives, baptisée Etincel, coconstruite avec les industriels, proposera également des outils pédagogiques valorisant des technologies innovantes (réalité virtuelle, jeux sérieux, animations…) pour "accroître la motivation des élèves et les familiariser avec des métiers dont ils sont souvent éloignés". Le déploiement progressif des objets connectés (lunettes, drones, bracelets…) est encouragé pour renouveler les modalités d’apprentissage ou favoriser l’autoévaluation des élèves. Pour encourager les fertilisations croisées entre le monde éducatif, les entreprises, le tissu associatif ou les chercheurs, le ministère annonce aussi la création de "tiers-lieux" territoriaux, pendants du "110 bis" national, dédiés à l'innovation pédagogique pour "faciliter l'émergence de solutions, notamment numériques, utiles aux professeurs". Des ressources numériques pédagogiques adaptées aux élèves en difficultés seront également créées pour répondre aux enjeux de l’école inclusive. Les formations au code (en dehors) de l’école sont également encouragés dans le cadre d’un "plan Mercredi" mis en œuvre à compter de septembre 2018.

Privilégier l’usage du matériel des élèves

Concernant l’équipement des élèves en terminaux numériques, le ministère confirme privilégier la piste "Avec" - acronyme d’"apportez vos appareils personnels" ou BYOD en anglais - qui, selon lui, "contribue à l'allègement du poids des cartables, facilite l'appropriation de l'outil numérique par les intéressés et atténue les risques de rupture entre pratiques numériques éducatives effectuées pendant et hors du temps scolaire". Une stratégie qui sera complétée par des financements expérimentaux ciblant "les élèves ne disposant pas d'un équipement mobile utilisable en classe".
Par ailleurs, les écoles des communes de moins de 2.000 habitants sont invitées à participer à l’appel à projets "Écoles numériques innovantes et ruralité", qui associe une aide à l’équipement à la mise en œuvre d’un projet numérique éducatif. Les collectivités intéressées ont jusqu’au 30 novembre 2018 pour y répondre.
En matière de simplification administrative, sujet qui peut également impliquer les collectivités territoriales, on relèvera l’extension du dispositif "dites-le nous une fois" à la sphère éducative. Le ministère annonce ainsi la généralisation de la dématérialisation des procédures (inscription scolaire, bourses, livret scolaire unique…) à l’ensemble des niveaux d’enseignement et du dispositif d’authentification "France connect éducation", en capacité de gérer le lien entre responsables légaux et élèves mineurs.

Mangrove, observatoire du numérique à l’école
Pour suivre l’avancement de la transition numérique des établissements, le ministère utilisera le service "Mangrove" initié par la Banque des Territoires. Lancé fin 2018, cet observatoire fournira des "informations exhaustives et dynamiques sur le numérique dans les établissements scolaires et les territoires". Mangrove sera utilisé par les pouvoirs publics pour "éclairer le déploiement des politiques éducatives et les choix d'investissements à venir", "accompagner le développement des usages, des services et des infrastructures du numérique éducatif" et contribuer ainsi "à réduire la fracture numérique territoriale".
 

 

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