Le moustique tigre, un nouveau front sanitaire pour les collectivités
La carte 2020 de la présence des moustiques tigre en France a été publiée. Elle affiche six nouveaux départements où leur présence est avérée et qui passent donc en alerte rouge, ce qui porte le total à 57. Avec le printemps chaud, le moustique tigre apparaît nettement plus tôt cette année. Les collectivités sont directement concernées via la lutte anti-vectorielle.
Le site Vigilance moustique publie sa carte actualisée 2020 de la présence du moustique tigre (Aedes albopictus) en France. Bien que financé pour l'essentiel par un laboratoire produisant des moyens de lutte anti-vectorielle, ce site est considéré comme fiable et ses indications se retrouvent quelques semaines plus tard dans l'arrêté ministériel qui met à jour la liste des départements "où les moustiques constituent une menace pour la santé de la population". Le site s'appuie d'ailleurs sur des données officielles, dont il assure l'exploitation. Précision importante : pour que le signalement de la présence d'un moustique tigre aux autorités sanitaires – sur le site dédié de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) – soit accepté, il faut disposer d'une photo du moustique ou "d'un moustique dans un état permettant son identification".
67 départements colonisés ou en passe de l'être
Cette version 2020 de la carte ajoute six nouveaux départements à la liste des territoires colonisés par le moustique tigre : la Charente, le Cher, la Loire Atlantique, les Yvelines, les Deux-Sèvres et la Vienne. Ces ajouts portent à 57 le nombre de départements dans lesquels le moustique tigre était déjà implanté et actif en 2019. A l'exception de l'Ile-de-France (hors Val d'Oise) et de l'Alsace, tous ces départements se situent au sud d'une ligne Vannes-Belfort.
A ces 57 départements classés en vigilance rouge s'ajoutent 10 départements classés en vigilance orange, correspondant à des territoires où le moustique a été intercepté ponctuellement au cours des cinq dernières années (Allier, Doubs, Indre-et-Loire, Jura, Loir-et-Cher, Haute-Loire, Oise, Haute-Savoie, Yonne et Val-d'Oise). Il reste donc 29 départements en vigilance jaune, autrement dit des territoires qui font l'objet d'une veille entomologique spécialement dédiée à la surveillance du moustique tigre, mais sans qu'aucun spécimen n'y ait été intercepté
Sachant que les départements en vigilance jaune finissent toujours par passer, à plus ou moins brève échéance, en vigilance rouge, ce sont ainsi 67 départements – les deux tiers de la métropole – qui sont colonisés par le moustique tigre, ou en passe de l'être.
Un rôle essentiel pour les collectivités
Alors qu'elles sont déjà aux prises avec la pandémie de covid-19, les collectivités – et en particulier les communes et les départements – ont un rôle important à jouer dans la lutte anti-vectorielle. Cette mission s'inscrit dans le cadre de leurs responsabilités en matière de maintien de l'hygiène et de la salubrité. Or celui-ci constitue précisément le principal moyen de lutte préventive contre les moustiques sur le domaine public, comme dans le domaine privé. L'objectif est en effet de lutter contre la prolifération du vecteur en supprimant les micro-zones humides – généralement à proximité des habitations –, dans lesquelles le moustique se reproduit : eaux stagnantes dans les arrosoirs ou sous les pots de fleurs, gouttières, pneus abandonnés... A ce titre, outre leurs intervention sur les espaces publics, les collectivités ont également un rôle important à jouer dans la sensibilisation de la population aux gestes préventifs qui peuvent enrayer ou au moins freiner la progression du moustique tigre.
L'enjeu est de taille, puisque ce dernier est susceptible de transmettre à l'homme différents virus de maladies sévissant principalement en zone tropicale, comme ceux de la dengue, du chikungunya ou du zika. Depuis quelques années, les cas autochtones de ces maladies (contractés sans voyage Outre-mer ou à l'étranger) ont tendance à se multiplier, alors que ces maladies étaient jusqu'alors totalement absentes de la métropole.