Le maire d'Epernay Franck Leroy succède à Jean Rottner à la tête du Grand Est

Le maire centriste d’Epernay (Marne) Franck Leroy a été élu nouveau président du conseil régional du Grand Est, vendredi 13 janvier, avec 96 voix contre 34 pour son concurrent, le RN Laurent Jacobelli, et 39 votes blancs et nuls. Il a aussitôt annoncé qu’il quittait son poste de maire. "Quand on est maire de sa commune, quand on sait la particularité du lien qui se crée avec nos administrés, on ne quitte pas cette fonction sans émotion", a-t-il déclaré. A 60 ans, Franck Leroy succède à Jean Rottner qui avait annoncé sa démission le 20 décembre, officiellement pour des "impératifs familiaux". Ce dernier avait passé le flambeau à son successeur, déclarant à cette occasion : "Quitter un mandat n’est pas un acte anodin. Franck Leroy, homme de valeur, premier vice-président de la région, saura assurer mon intérim. Il a depuis très longtemps toute ma confiance."

"Le changement qui intervient aujourd’hui s’inscrit dans une forme de continuité", a d’ailleurs assuré Franck Leroy, lors de son élection. Le mandat issu des élections régionales de 2021 sera "respecté", a-t-il dit.

Né à Boulogne-sur-Mer en 1963, Franck Leroy avait rejoint la Champagne dans les années 1980. Avocat de formation, classé au centre-droit, il a été directeur de cabinet de Bernard Stasi (entre 1990 et 1996) auquel il a succédé à la mairie d’Epernay pour son premier mandat en 2000, puis de François Baroin, maire de Troyes (1996-2000). Il gardera pendant cette période troyenne un pied à Epernay en tant qu’adjoint à l’urbanisme et aux finances (1995-2000), tremplin pour sa future élection. Il sera d’ailleurs réélu à quatre reprises. Il deviendra à partir de 2014, président de la Communauté de communes Épernay Pays de Champagne (CCEPC), devenue depuis Épernay Agglo Champagne.

Risques de conflits d'intérêts

Il rejoint le conseil régional en 2016, d’abord comme vice-président chargé de la Solidarité territoriale, de la Qualité de vie et de la Transition énergétique puis chargé de la Cohésion territoriale, de la Contractualisation et de l’Équilibre des territoires. Lors des régionales de 2021, il est désigné 1er vice-président chargé de l'Environnement, de la Transition écologique et du Sraddet. Depuis le 2 décembre 2017, Franck Leroy était également président de l'Association des maires de la Marne. Soutien d’Emmanuel Macron, Franck Leroy avait rejoint le parti Horizons d’Edouard Philippe en 2022 mais n’a pas renouvelé son adhésion pour se mettre en conformité avec la majorité régionale LR.

Jean Rottner a pour sa part rejoint le groupe de promotion immobilière Réalités, en tant que directeur régional Grand Est. Décision longuement murie puisque en juillet 2022, il avait saisi la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, "afin qu’elle se prononce sur son projet de reconversion professionnelle". Le 6 septembre, celle-ci lui avait rendu un avis "compatible avec réserves", estimant qu’en l’état de ses connaissances, il n’y avait pas de raison de "douter du respect, par l’intéressé, de l’exigence de prévention des conflits d’intérêts". Mais celle-ci d'ajouter, Jean Rottner "devra s’abstenir, dans le cadre de son activité privée, d’accomplir toute démarche, y compris de représentation d’intérêts, auprès des élus et des agents de la région Grand Est et des établissements publics qui en relèvent". Ce qui semble délicat au regard de son profil de poste. La polémique enfle depuis que la presse régionale a révélé que Jean Rottner, via son entreprise CGSF Conseil, a touché 150.000 euros entre décembre 2019 et mars 2022 pour une activité de consultant auprès du cabinet de conseil parisien Adhoc, laissant planer un doute sur de possibles conflits d’intérêts. Laurent Jacobelli, également député de la Moselle, vient d'alerter la HATVP sur ce "mélange des genres". Lors de son élection, Franck Leroy a désigné son adversaire. "Je combattrai avec force toutes les formes d’extrémisme et toutes les dérives populistes qui ne conduisent qu'à attiser la peur, la haine et la violence", a-t-il affirmé. Il a ensuite déroulé les dossiers urgents qui attendent la région avec l'annonce d'une enveloppe de 20 millions d'euros pour venir en aide aux boulangers, artisans, commerçants et restaurateurs qui croulent sous les facteurs de gaz et d'électricité. Une enveloppe de 10 millions d'euros sera dédiée à la lutte contre la précarité énergétique (objectif : 5.000 logements et 500 maisons individuelles).

La présidente de Régions de France Carole Delga s'est réjouie, dans un communiqué, de compter au sein de l'association "un nouveau président très engagé en faveur de l’environnement, des transitions écologiques et de l’aménagement du territoire".