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Le logiciel libre et l'ouverture des codes sources avancent à petits pas dans l'administration

A l'occasion de l'Open Source Summit de Paris, les 6 et 7 décembre, l'Adullact (Association des développeurs et utilisateurs des logiciels libres en collectivités territoriales) a rendu public son palmarès 2017 du label Territoires numériques libres, qui distingue les collectivités s'engageant dans une politique volontariste d'adoption du logiciel libre. Du côté de l'Etat, l'Etalab a lancé le 6 décembre un "appel à commentaires sur la politique de contribution aux logiciels libres de l’Etat" qui vise à "synthétiser les préconisations et les meilleures pratiques dans le domaine".

Le développement des logiciels libres en collectivités n'est pas un sujet nouveau. L'Adullact, qui rassemble les structures les plus actives sur ce front, a été fondée en 2002. On pense par exemple à la suite Linux PingOO, active de 1997 à 2012 et développée par le centre de ressources informatiques de Haute-Savoie. Et pourtant, la route est encore longue. On peut cependant tabler sur le fait que les contraintes budgétaires successives, de plus en plus intenses, vont attirer une attention croissante des collectivités sur ces outils. Ainsi, la ville de Rennes a annoncé, à la rentrée 2017, délaisser la messagerie Outlook de Microsoft pour le logiciel libre Zimbra. Ce sont 500.000 euros d'économies qui ont été réalisées ; alors que la messagerie coûtait 700.000 euros à la ville et à sa métropole, seulement 200.000 euros sont nécessaires pour le logiciel libre, en vue de former les équipes à son utilisation. Du côté du Puy-en-Velay, également récompensé comme territoire numérique libre exemplaire, on semble atteindre le million d'euros d'économies. La DSI mutualisée ville-agglo a en effet fait appel aux services de nombreuses solutions libres, telles que Libre Office, Zimbra, OwnCloud, Geoserver... dans une stratégie de "libriciel" intégrée.
Lors de l'Open Source Summit de Paris, les 6 et 7 décembre 2017, l'Adullact a organisé un parcours spécial pour les collectivités associant la ville de Marseille, le département du Rhône ou encore la région Bretagne. Au programme général de la manifestation, les grandes villes étaient également à l'honneur, avec les témoignages de Paris, Munich et Amsterdam. La métropole néerlandaise adopte les logiciels libres depuis 2006. De leur côté, les développeurs tentent de plus en plus de répondre aux besoins techniques de cette catégorie d'utilisateurs.

L'administration contribue elle-même à l'open source

La loi pour une République numérique, qui a posé des jalons importants en termes de transparence et d'ouverture des données, s'était révélée assez timide sur le logiciel libre ; l'article 16 déclare que les administrations "encouragent" leur utilisation, sans qu'il soit donné plus de précisions. A l'Open Source Summit, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, a fait l'éloge des logiciels libres pour leur "sécurité" et leur "agilité". Son objectif : ne pas seulement permettre que les administrations les utilisent de plus en plus, mais également rendre celles-ci plus actives dans la création et l'amélioration de nouvelles applications. La direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'Etat (Dinsic) possède déjà un entrepôt de codes disponibles, avec des API utilisées notamment par les collectivités. L'open source est ainsi une brique essentielle de "l'Etat plateforme" que le gouvernement appelle de ses vœux, où le niveau national pourrait être producteur d'outils réutilisables au sein de tous les territoires. Désormais, l'Etalab, émanation de la Dinsic, tient jusqu'au 6 janvier 2018 une consultation sur l'ouverture des codes sources, pour déterminer les modalités de leur ouverture ; un mouvement initié là aussi par la loi pour une République numérique. L'intention d'Etalab est ainsi de fixer des standards de publication du code produit par des administrations, sur le modèle de ce qui s'élabore pour des référentiels communs d'ouverture des données. La problématique de l'ouverture des codes sources avait été portée aux regards du public quand, fin 2016, le fonctionnement du portail Admission Post-Bac, désormais abandonné, avait été révélé.