Habitat - Le gouvernement veut taxer les chambres de bonnes
"Chambre à louer, 6e étage sans ascenseur, 900 euros par mois." "Certains propriétaires demandent plus de 90 euros par mètre carré. C'est totalement abusif", estime Benoist Apparu. Pour contrer ce type de comportements, le secrétaire d'Etat au Logement envisage de taxer plus fortement les revenus tirés de ces loyers exorbitants. Un taux d'imposition plus élevé sur les revenus du patrimoine serait appliqué lorsque le loyer dépasse les 40 euros au mètre carré pour des logements de moins de 13 mètres carrés, soit 400 euros pour une chambre de 10 mètres carrés. Le gouvernement prévoit d'inscrire une disposition en ce sens dans le prochain projet de loi de finances. "Grosso modo, au lieu de payer 40 euros de taxes et impôts divers pour 100 euros de loyer, les propriétaires trop gourmands paieraient entre 60 et 70 euros de taxes, cela ne deviendrait ainsi plus très intéressant pour eux de réclamer de tels loyers", explique Benoist Apparu.
Mais, selon l'économiste Michel Mouillart, spécialiste de l'immobilier, le "micro-logement représente moins de 0,4% du marché locatif annuel en France". Sur ce nombre, environ 400 logements sont loués à des prix supérieurs à 40 euros du mètre carré, dont 100 à Paris intra-muros, a-t-il indiqué à l'AFP. Estimant que c'est un "micro-marché", l'économiste doute de l'efficacité d'une mesure légale pour en contrer les excès.
Pour Jean Perrin, président de l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), le choix de la surtaxe "sanction" n'est pas le meilleur. "Il aurait mieux valu opter en faveur d'incitations fiscales, et de toute façon, cela ne règle pas le problème de fond, soit la pénurie de logements", estime-t-il. "On a construit trop de bureaux en Ile-de-France", pointe-t-il du doigt. "Les étudiants préfèrent vivre à Paris intra-muros, car les transports vers la banlieue ne sont plus sûrs après 22h. La vraie solution c'est de construire davantage de petits logements et de sécuriser les moyens de transport", ajoute l'UNPI.
Les mesures annoncées par Benoist Apparu suscitent aussi les critiques de la gauche. Pour le député socialiste Jean-Yves Le Bouillonnec, le seuil de 40 euros/m2 "est énorme pour le public fragile". Selon le député, il vaudrait mieux "encadrer les loyers à la relocation, et définir un prix au mètre carré de référence, seul susceptible d'ouvrir une réelle accessibilité à ces micro-surfaces".