Personnes âgées - Le gouvernement veut revaloriser l'image des métiers de l'aide à domicile
Le gouvernement a lancé, le 1er février, une campagne "visant à promouvoir et à valoriser les métiers de l'aide à domicile auprès des personnes âgées". Placée sous l'accroche "Aider les autres, c'est mon métier", la campagne ne brille pas par son originalité créative, le thème iconographique de la main jeune tenant une main plus âgée ayant déjà été utilisé à d'innombrables reprises. Mais elle n'en recouvre pas moins des enjeux importants et s'inscrit dans le prolongement de la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement.
300.000 emplois supplémentaires à l'horizon 2030
Dans sa conférence de presse lors du lancement de la campagne, Pascale Boistard, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie, a rappelé qu'"aujourd'hui, la France compte quinze millions de personnes âgées de plus de soixante ans. Elles seront vingt millions en 2030 et près de 25 millions en 2060". Pour sa part, le nombre des plus de 85 ans passera de 1,4 million aujourd'hui à 5 millions en 2060. Ce boom démographique "nous oblige dès maintenant à mettre en place les moyens adéquats pour qu'il se passe dans les meilleures conditions possibles, en respectant les choix des personnes concernées".
Plus concrètement, Pascale Boistard évalue à 300.000 le nombre de nouveaux emplois à pourvoir d'ici à 2030, sans même parler des centaines de milliers de départs en retraite à remplacer durant cette période. L'Observatoire national de l'économie sociale et solidaire estime ainsi à 287.000 le nombre de départs en retraite de salariés de l'aide à domicile à l'horizon 2025, dont 41.000 dès 2017 (voir notre article ci-contre du 7 décembre 2016).
Aujourd'hui, les services d'aide et d'accompagnement à domicile (Saad) - qui interviennent aussi auprès des personnes handicapées - comptent plus de 500.000 salariés. Ceux-ci sont à 98% des femmes, avec une moyenne d'âge de 45 ans. Près des deux tiers (62%) sont dépourvus de diplôme et 70% travaillent à temps partiel. Côté positif, 80% des postes proposés sont en CDI. Le problème est que "ces métiers, en direction des personnes âgées, ne sont pas suffisamment connus et reconnus du grand public. Or, ce sont de vrais métiers", affirme Pascale Boistard.
Un retour à 2005 ?
Les difficultés de recrutement - mises en avant par les acteurs de l'aide à domicile - tiennent aux conditions de travail de ces métiers - souvent usants physiquement -, au faible niveau de rémunération (à rapprocher toutefois du niveau de recrutement) et, jusqu'à présent, aux faibles perspectives d'évolution de carrière.
Les thématiques et les arguments utilisés par la campagne - secteur porteur, réservoir d'emplois, métiers de contact, activités non délocalisables... – rappellent, trait pour trait, ceux mis en avant lors du plan Borloo en faveur des services à la personne, lancé en février 2005 et concrétisé par la loi du 26 juillet 2005 relative au développement des services à la personne.
Le secteur y apparaissait alors comme un véritable eldorado de l'emploi, susceptible de contribuer fortement à une réduction durable du chômage. Or cet espoir ne s'est pas concrétisé, l'aide a domicile - du moins pour les acteurs publics ou associatifs - se trouvant même confrontée, depuis quelques années, à une véritable crise, qui justifie des aides financières récurrentes des pouvoirs publics.
Seule différence notable avec le contexte de 2005 : la professionnalisation des métiers de l'aide à domicile commence à faire son chemin, avec notamment la mise en place de formations qualifiantes, ouvrant des perspectives d'évolution de carrière. Tout l'enjeu est de savoir si ces améliorations suffiront à rendre ces métiers plus attractifs, surtout si le marché global de l'emploi devait s'améliorer durablement.