Energie - Le gouvernement veut donner un nouveau souffle à l'éolien en mer
En plein débat sur l'énergie éolienne dans le cadre de l'examen du projet de loi Grenelle 2 à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a présenté le 5 mai en Conseil des ministres une communication sur l'éolien en mer. Selon le plan de développement des énergies renouvelables issu du Grenelle de l'environnement, l'énergie éolienne en mer doit atteindre une puissance totale de 6.000 MW à l'horizon 2020, objectif confirmé par le Grenelle de la mer et repris en janvier dernier dans l'arrêté de programmation pluriannuelle des investissements de production d'électricité. "L'enjeu pour la France est double : il s'agit de respecter les engagements du Grenelle de l'environnement et du paquet "énergie-climat" mais aussi de conquérir une position de leader dans la future industrie des énergies marines et permettre la création de milliers d'emplois pérennes sur le sol national", a souligné le ministre.
Sur la base des travaux de réflexion engagés en 2009, sous l'autorité des préfets, dans les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Haute-Normandie, Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d'Azur, le gouvernement doit annoncer "dans les toutes prochaines semaines", selon un communiqué du ministère, la sélection d'une dizaine de "zones propices" dans lesquelles l'éolien en mer sera développé. Le ministre a assuré que dès l'adoption du projet de loi Grenelle 2, "les procédures applicables à l'éolien en mer seront très nettement simplifiées, et la gestion du raccordement des éoliennes au réseau électrique pourra être optimisée".
Le gouvernement a aussi annoncé qu'il lancera à partir d'octobre prochain une première série d'appels d'offres auprès d'industriels pour l'implantation de 3.000 MW dans les "zones propices" qui auront été retenues. Les projets seront sélectionnés au cours du troisième trimestre 2011 sur la base du prix d'achat de l'électricité proposé et du délai de mise en service des installations.
Anne Lenormand
Ouverture du débat public sur l'installation de 140 éoliennes au large du Tréport
Les annonces du gouvernement sur le développement de l'éolien en mer coïncident avec l'ouverture du débat public sur le projet d'installation de 140 éoliennes de 5 MW chacune au large des côtes des départements de la Somme et de la Seine-Maritime. La commission nationale du débat public (CNDP) a organisé le 4 mai, dans la commune du Tréport (Seine-Maritime) une première réunion publique à propos de ce projet porté par la Compagnie du vent, filiale de GDF-Suez. Ce parc éolien, d'un coût estimé à 1,8 milliard d'euros, pourrait produire chaque année l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 900.000 personnes. La Compagnie du vent, qui promet de créer "1.600 à 1.900 emplois pendant trois ans", pour la construction du parc, puis "150 emplois durant 30 ans" pour sa maintenance, table sur une mise en service en 2015 mais le projet suscite aujourd'hui de nombreuses inquiétudes de la part des habitants et de certains élus locaux qui craignent des retombées négatives sur le tourisme et la pratique de la pêche. La filiale de GDF-Suez a déjà vu un premier dossier échouer fin 2006. La préfecture maritime de Cherbourg avait alors refusé l'implantation de 156 éoliennes en raison de la présence de mines datant de la Deuxième Guerre mondiale dans les fonds marins. Cette fois, l'entreprise veut mettre toutes les chances de son côté en proposant trois scénarios. Tout en affirmant sa préférence pour l'installation de 140 éoliennes à 14 kilomètres de la côte, elle présente deux variantes : l'installation à 5,5 kilomètres de la côte de 60 éoliennes ou l'installation à au moins 25 kilomètres de la côte de 320 éoliennes. Le débat public se poursuivra jusqu'au 10 septembre 2010 : douze réunions devraient permettre de confronter les opinions. Le dossier intégral du maître d'ouvrage est disponible sur le
site internet de la CNDP qui retransmet aussi les débats en direct.
A.L.