Le gouvernement enclenche l’acte 2 de la lutte contre l’illectronisme

Le gouvernement lancera début 2023 une nouvelle stratégie d’inclusion numérique a annoncé à Lens Jean-Noël Barrot ministre délégué chargé de la transition numérique. Ce plan sera précédé d’une consultation publique et devra s’attaquer à la "pérennisation des politiques d’inclusion". En attendant, la stratégie d’outillage des structures et aidants numériques poursuit son cours comme nous l’avons constaté pour cette édition de NEC 2022.

Initiée en 2018, la stratégie nationale pour un numérique inclusif a abouti à la mise en place de huit hubs territoriaux, au financement de 4.000 conseillers numérique France services (CNFS) et à la construction de ressources partagées sur l’inclusion numérique. Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la transition numérique, a annoncé à Lens à l'occasion de l'événement Numérique en communs qui se tenait du 27 au 29 septembre 2022 sa "réactualisation", la Mednum étant chargée de "la coconstruire" en animant une concertation cet automne.

Nouveau modèle économique

Le ministre a dessiné le contour de cette stratégie couvrant 2023 à 2027. Elle devra "donner de la visibilité aux acteurs", contribuer à "la pérennisation de la politique d’inclusion" et repenser "la gouvernance locale et nationale" des politiques d’inclusion. Les territoires sont sollicités pour "réfléchir au portage salarial des contrats [des aidants] à un niveau qui ne pénalise pas les schémas d’emplois des collectivités". En clair, au-delà des CNFS financés par l’Etat, les territoires sont invités à "prendre leur part" en "mutualisant". Car l’Etat n’a pas l’intention de mettre la main à la poche pour financer la totalité des 20.000 "aidants" promis par son collègue de la fonction publique Stanislas Guerini (notre article du 28 septembre 2022). Jean-Noël Barrot a appelé à l’émergence "d’un nouveau modèle économique" et tendu la main au secteur privé. Un message qui aura sans doute du mal à être entendu dans le contexte économique actuel.

5.000 comptes Aidants Connect

En attendant, l’outillage des aidants et structures de médiation enclenché voici cinq ans suit son cours comme l’a mis en scène l’édition 2022 de Numérique en communs (NEC). C’est par exemple le cas d’Aidant Connect, destiné à faciliter l’aide aux usagers perdus dans les méandres de la dématérialisation. Quelque 5.000 CCAS, mairies, maisons France services et associations ont ainsi créé un compte sur la plateforme gérée par l’ANCT. Elle permet à une structure de donner mandat à un agent pour réaliser des formalités pour le compte d’un usager, ce dernier restant pleinement responsable des données renseignées dans le formulaire administratif. "Le connecteur utilisé est un connecteur France Connect spécifique, avec une authentification à double facteur", nous précise l’ANCT. Un message destiné à rassurer les collectivités s’inquiétant de la sécurité de France Connect, au cœur d’une récente affaire d’hameçonnage (notre article du 6 septembre 2022).

Une offre de test PIX enrichie

Chaque agent amené à utiliser le connecteur Aidant Connect doit par ailleurs passer un test de compétence numérique via la plateforme PIX. Celle-ci propose un parcours de 45 minutes ciblé sur l’accompagnement à la réalisation de formalités administratives en ligne. Un parcours PIX personnalisé qui vient s’ajouter à l’offre (gratuite) du GIP en direction des structures de médiation numérique. Celles-ci peuvent en effet évaluer en 5 minutes les besoins numériques des usagers par un test sur les compétences numériques fondamentales. Parallèlement, une trentaine de collectivités de toutes tailles ont commencé à déployer "PIX territoire". Lancée en juin 2022, cette offre propose 15 parcours pour évaluer les capacités numériques des agents de collectivité. "L’adaptation des questions aux métiers des collectivités et les synergies créées avec les formations numériques du CNFPT est perçu comme un vrai plus par les collectivités", se félicite-t-on chez PIX.

Indice de succès des politiques d’inclusion

Autre sujet dans les tuyaux : la remise à plat de l’indice de fragilité numérique. Cet indice, créé par la Mednum avec l’appui de collectivités, vise à évaluer le risque de décrochage numérique d’un territoire et à l’aider à mieux positionner son offre de médiation. L’indice est le résultat d’une formule croisant des données sociales de connectivité et des indicateurs d’usages du numérique issus de l’Arcep, de la Cnaf, de l’Insee et du Crédoc. Lancé maladroitement au moment des dernières cantonales, il a fait l’objet de critiques d’élus qui ne se retrouvaient pas dans le résultat obtenu. La Mednum planche sur une refonte de cet indice et de la plateforme de visualisation des données de l’indice de fragilité. Promise pour "la fin d’année", elle intégrera de nouvelles données – notamment la couverture mobile 3G/4G et la géolocalisation des lieux de médiation – et facilitera les comparaisons entre territoires. Elle permettra aussi d’exporter des cartes et des données brutes, à une échelle allant jusqu’à l’IRIS (plus petite unité statistique de l’Insee) dans les grandes agglomérations. Une fonction particulièrement utile aux collectivités souhaitant adapter l’indice pour l’enrichir de données locales. Des avancés bien accueillies par les participants à l’atelier dédié, même si certains aimeraient aussi des indicateurs annuels de succès des politiques d’inclusion… Un chantier pour les cinq ans à venir ?