Le fonds souverain de la région Auvergne-Rhône-Alpes est lancé
La région Auvergne-Rhône-Alpes a lancé le 22 mars 2021 son fonds souverain pour aider les entreprises régionales en difficulté face à la crise sanitaire et leur permettre de grandir par la suite. Doté aujourd'hui de 70 millions d'euros, le fonds devrait atteindre 100 millions d’euros. A terme, l’objectif est de le rendre accessible aux habitants de la région pour leur permettre d’investir leur épargne dans des entreprises locales.
Comme il l’avait annoncé il y a quelques mois, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a lancé le 22 mars 2021 son fonds souverain régional, une première en France. Doté dans un premier temps de 70 millions d’euros, pour monter par la suite jusqu’à 100 millions, ce fonds est destiné aux entreprises du territoire fragilisées par la crise Covid-19.
"Nous travaillons dessus depuis six mois, a signalé Laurent Wauquiez, ce fonds est né d’une conviction : l’importance de garder et de défendre notre tissu économique." Cette prise de conscience a été renforcée durant la crise sanitaire actuelle, qui a révélé la forte dépendance de la France vis-à-vis des entreprises chinoises et américaines notamment. Le fonds vise donc dans un premier temps à protéger les entreprises de la région d’éventuels rachats par des prédateurs étrangers, et, dans un deuxième temps, de leur permettre de se développer. Les huit filières d’excellence de la région sont particulièrement visées, comme l’industrie du futur, la santé, l’agroalimentaire, l’aéronautique et l’énergie.
Le fonds souverain est financé par la région, mais aussi par la Banque publique d’investissement et des banques locales (Caisse d’Epargne, Crédit agricole, Banque populaire…). Il doit permettre un effet de levier important, portant à terme à 400 millions d’euros les montants investis dans l’économie régionale.
Son intervention s’élèvera entre 3 et 7 millions d’euros pour les PME et ETI ayant un chiffre d’affaires de 5 à 200 millions d’euros, avec au moins un résultat bénéficiaire au cours des trois derniers exercices et menant des actions de transformation, d’investissements industriels et de consolidations des fonds propres. Pour les petites PME ayant un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros et avec moins de 50 salariés, le fonds pourra intervenir à hauteur de 100.000 à 500.000 euros pour des actions de rebond ou de développement.
Ouvrir le fonds aux habitants de la région
D’autres régions se sont lancées dans les fonds régionaux d’investissement, pour lesquels l’Etat réserve 250 millions dans le cadre du plan de relance, mais la force de frappe pour le fonds de la région Auvergne-Rhône-Alpes est, selon les dires de son président, bien plus importante.
"Le Fonds régional d’investissement était une première étape, mais c’est un produit standardisé, a insisté Laurent Wauquiez, là c’est la région qui fait son propre fonds souverain avec les acteurs économiques de la région". L’étape suivante consistera à ouvrir le fonds aux habitants de la région pour leur permettre d’investir leur épargne dans des entreprises locales et leur proposer ainsi une traçabilité de leur épargne. "La prochaine étape secoue les mentalités, il s’agit à travers ce fonds de pouvoir s’adresser aux épargnants, a souligné Laurent Wauquiez, mais cela suppose d’avoir des accréditations auprès des marchés financiers". La demande est en cours auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce type de dispositif existait pourtant il y a plusieurs décennies, dans le cadre des sociétés de développement régional (SDR) que certains économistes, comme Patrick Artus et Olivier Pastré ont proposé de faire renaître. Ces sociétés créées en 1955 avaient pour objectif essentiel la prise de participation dans des sociétés en création ou en extension dans une région déterminée. Elles faisaient essentiellement appel à l’initiative privée.
Le nouveau fonds, qui s’inspire des expériences de nos voisins européens, comme la Catalogne ou le Land de Basse-Saxe, devenu actionnaire de Volkswagen, intervient à quelques mois des élections régionales, si elles sont bien maintenues en juin. Une manière pour Laurent Wauquiez d’afficher sa stratégie protectionniste.