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Risques - Le doute persiste sur les effets des lignes à haute tension

Le 29 janvier, une audition publique de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), saisie par la commission des affaires économiques du Sénat et organisée par Daniel Raoul, sénateur PS du Maine-et-Loire, a fait le point sur les impacts des lignes à haute et très haute tension (THT) sur la santé et l'environnement. L'inquiétude monte en effet chez les riverains et leurs élus. Dans le département de la Manche, une centaine d'entre eux se sont opposés dernièrement au projet de ligne THT devant relier le Cotentin au Maine. Publiée le 24 janvier, l'"enquête citoyenne" réalisée dans cette zone par le Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) a mis de l'huile sur le feu, en avançant que des cas de malaises et de nausées étaient recensés parmi les riverains vivant jusqu'à 300 mètres des lignes. "On n'en connaît pas exactement la cause, mais il est clair que le transport d'électricité ne doit pas se faire à l'encontre de la santé des riverains", a insisté Jean-Claude Bossard, maire de Le Chefresne (Manche).
Cette journée de débat portant plus précisément sur les très basses fréquences générées par les lignes de 400.000 volts a été marquée du sceau de l'incertitude. "Nous baignons dans un environnement saturé de champs magnétiques sans savoir comment faire la part des choses, ni quels sont les impacts exacts sur les populations concernées", a souligné Daniel Raoul. Dans la foulée, le cortège des experts invités n'ont pas vraiment su rassurer la centaine de participants réunis. "On manque de données pour évaluer les risques et l'association faite entre l'exposition aux très basses fréquences et les cas de leucémies infantiles est souvent avancée, mais sans être validée ni expliquée scientifiquement", a indiqué le docteur Laurent Bontoux, du Comité scientifique sur les risques émergents et nouvellement identifiés pour la santé de la Commission européenne (Scenhir). "Dès lors, le flou et l'incertitude régnant, le principe de précaution devrait systématiquement s'appliquer", a rétorqué Pierre Le Ruz, président du Criirem. Mais rien n'est simple, d'autant que les études s'accumulent et se contredisent : celle menée l'an dernier par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), au sujet des pollutions électromagnétiques subies par la population de Champlan (Essonne), a ainsi conclu à des valeurs augmentant certes à proximité des lignes, mais restant au final inférieures aux limites légales, fixées à 100 microTesla.
A ce jour, il manque donc en France une étude épidémiologique scientifiquement fiable et de grande ampleur sur le sujet. "Il faut aussi développer et fiabiliser l'information, s'appuyer sur des laboratoires certifiés et envisager de créer une instance permanente traitant spécifiquement du sujet", a ajouté Stéphane Le Bouler, rapporteur du comité opérationnel n°19 du Grenelle (comop "veille sanitaire et risques émergents"). Du côté du Parlement européen, un rapport d'initiatives est attendu pour le printemps 2009. "A partir de là, il est difficile de construire une réflexion sur un tissu d'incertitudes et le risque est que l'incertitude s'applique aussi in fine aux décisions prises par les élus", a conclu Jean-Claude Etienne, premier vice-président de l'Opecst.  

 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions

 

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