Le CSTB dévoile sa vision haute définition du patrimoine bâti
La rénovation thermique des bâtiments passe par une connaissance approfondie du parc existant. La nouvelle base de données nationale des bâtiments du CSTB répond à cet objectif. Elle s’accompagne de la création d’outils de visualisation pour mettre ces données à la portée du plus grand nombre.
Les bâtiments sont responsables chaque année de l’émission de quelque 150 millions de tonnes de CO2, soit plus d’un tiers de l’empreinte carbone de la France. En 2030, ce chiffre doit passer à 100 millions de tonnes, ce qui impose une accélération considérable de l’effort de rénovation thermique. Une ambition qui passe par un état des lieux précis du patrimoine bâti, inventaire que vient de finaliser le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). L’établissement public a en effet dévoilé le 14 février le dernier millésime de sa base de données nationale des bâtiments (BDNB). Une base créée pour les besoins du projet Go-Rénove, l’un des neuf projets du programme Profeel, porté par les organisations professionnelles du bâtiment et financé par les certificats d’économie d’énergie, en soutien à la rénovation énergétique des bâtiments existants.
DPE prédit par un algorithme
La BDNB répertorie pas moins de 38 millions de logements et près de 1 milliard de mètres carrés de locaux tertiaires. Pour chaque édifice, elle renseigne jusqu’à 250 critères parmi lesquels son histoire administrative, sa morphologie, son adresse postale, les matériaux utilisés pour sa construction, ses équipements techniques, son mode de chauffage ou encore son étiquette de diagnostic de performance énergétique (DPE). Elle fournit également les consommations énergétiques du bâtiment et une évaluation de ses émissions de gaz à effets de serre. La BDNB repose sur des données ouvertes ou semi ouvertes issues d’une trentaine de producteurs publics et privés. Elle utilise aussi l’intelligence artificielle pour prédire certaines valeurs manquantes. Un algorithme a par exemple permis de simuler des étiquettes DPE en fonction de la nouvelle règlementation thermique de 2021. Sur le même principe est calculé un indicateur de risque canicule pour chaque bâtiment.
Trois niveaux d’accès
Pour ses promoteurs, la BDNB a vocation à permettre de massifier la rénovation, de prioriser les bâtiments à traiter et d’outiller les acteurs de la transition. Si elle cible autant le grand public que les professionnels, elle propose plusieurs modalités d’accès. Toutes les données non nominatives sont en open data sur le portail national data.gouv.fr, à la disposition des développeurs et spécialistes de l’information géographique. Parallèlement, la BDNB existe sous une version intégrale, réservée aux ayants-droit, habilités à accéder à des informations confidentielles. Enfin, le CSTB prévoit de donner ponctuellement un accès complet aux données de la BDNB à des chercheurs placés sous la responsabilité de l’établissement public.
Plateformes de visualisation des données
Parallèlement aux données brutes, le CSTB conçoit des outils de visualisation pour faciliter l’exploitation des données et la prise de décision. La plateforme Go-Renove offre ainsi aux particuliers la possibilité de visualiser les données DPE de leur habitation, d’identifier des gisements de progrès et de simuler l’application de la réglementation thermique de 2021. Ce service a été décliné pour les bailleurs sociaux et le sera prochainement pour les collectivités territoriales. Au-delà du suivi de la politique de rénovation énergétique, l’ambition du CSTB est de contribuer à la création d’un jumeau numérique du territoire pour simuler et piloter les politiques publiques. La BDNB devrait à ce titre prochainement intégrer les données Lidar (nuage de points incluant la couverture végétale) actuellement collectées par l’IGN. Mais si ce "géocommun" au service de la gestion de l’anthropocène fait consensus du côté du CSTB, de l’IGN et du Cerema, il lui manque encore un financement.
La BDNB est aussi un terreau pour de nouveaux services de géovisualisation "sans code", portés par des acteurs privés. On citera par exemple l’Observatoire national des bâtiments utilisé par plusieurs dizaines de collectivités pour le suivi et la mise en œuvre de politiques de l'habitat (vacance, insalubrité, précarité, adaptabilité, …). Cette plateforme permet de croiser les données de la BDNB avec d’autres sources telles que les valeurs foncières, les données socio-économiques de l’Insee ou encore les aides au logement et les programmes de l’Anah. |