Le "contrat d’engagement jeune" va se substituer à la garantie jeunes en 2022
Le premier ministre Jean Castex a détaillé ce 2 novembre les contours du "contrat d’engagement jeune", revu à la baisse par rapport aux ambitions initiales. Une formule qui, se voulant plus intensive que la garantie jeunes à laquelle elle se substitue, devrait bénéficier à 400.000 jeunes.
Après deux changements de nom – garantie jeunes universelle puis revenu d’engagement – ainsi qu’une série de reports, le "contrat d’engagement jeune" voit enfin le jour. Ce mardi 2 novembre, le Premier ministre Jean Castex a détaillé depuis la mission locale de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) les contours de ce nouvel accompagnement, qui concernera 400.000 jeunes dès 2022, en soulignant que "20% des jeunes actifs, en dépit des résultats très significatifs du plan '1 jeune, 1 solution', sont encore au chômage".
Plusieurs opérateurs
Ce contrat a vocation à remplacer, en l’intensifiant, la formule de la garantie jeunes dès mars 2022 (avec une préfiguration à partir de janvier). Ce qui réduit à 200.000 le nombre d’entrées supplémentaires nettes, si l’on tient compte de l’objectif annuel de 200.000 entrées en garantie jeunes attendu cette année, reconnaît Matignon. Le gouvernement fait le choix de cibler son intervention sur les publics les plus éloignés de l’emploi, alors qu’était évoquée, un temps, la piste de soutenir les jeunes en emploi précaire.
Les missions locales, ainsi que les agences Pôle emploi, pourront proposer ce contrat "dans les mêmes conditions, avec des règles communes et avec des moyens que nous allons accroître", a déclaré Jean Castex. S’y ajouteront aussi "des acteurs publics, privés et du monde associatif" proposant "des services d’insertion et d’accompagnement". Ils pourront mettre en œuvre ce contrat dans le cadre de marchés publics ou d’appels à projets, précise le dossier de presse. "Chaque jeune se verra proposer les mêmes solutions", insiste Matignon.
Pour arriver à repérer et prendre en charge les jeunes les plus éloignés des institutions, les moyens des collectivités et des associations de lutte contre la pauvreté "seront significativement renforcés", précise le dossier de presse. Le gouvernement compte en l’occurrence sur les acteurs de proximité comme les clubs sportifs, les associations de quartier, les bailleurs sociaux ou encore les centres communaux d’action sociale (CCAS).
"Faire plus et mieux"
Avec le contrat d’engagement jeune, Jean Castex espère faire "plus et mieux" que la garantie jeunes, dont l’accompagnement, intensif sur les premières semaines, tend à décroître par la suite. "35% des jeunes suivis en mission locale restent encore sans solution au bout de six mois", a rappelé Jean Castex, tandis que du côté de Pôle emploi, "jusqu’à 120 jeunes sont suivis en même temps".
Concrètement, le contrat d’engagement jeune prévoit "un programme intensif d’accompagnement de 15 à 20 heures par semaine minimum, avec une mise en activité systématique et régulière du jeune du premier au dernier jour, pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 mois (et jusqu’à 18 mois sous conditions). Un "référent unique" verra le jeune "au moins une fois par quinzaine et si possible par semaine", a précisé Jean Castex. Une application commune à tous les opérateurs permettra de maintenir le lien avec les jeunes sous contrat et d’informer ces derniers sur les aides et opportunités.
Prenant le modèle des Epide (établissement pour l’insertion dans l’emploi), le gouvernement souhaite que le jeune s’engage à mobiliser toute la palette de solutions rapprochant de l’emploi : prépa apprentissage/compétence, formation qualifiante, service civique, emplois aidés, immersions, contrats d’alternance… "On sait qu’il y avait assez peu de formations prescrites en missions locales", souligne Matignon.
Conformément à la logique de contrat, le défaut d’assiduité "ou le refus injustifié de prendre un emploi entraîneront la rupture du contrat et donc du versement de l’allocation". Celle-ci atteindra 500 euros par mois pour les jeunes détachés fiscalement ou rattachés à un foyer non imposable, et 300 euros pour les jeunes rattachés à un foyer imposable de tranche I. Elle pourra être réduite, voire nulle, en cas d’autres sources de revenus (allocation chômage, stagiaire de la formation professionnelle), auquel cas le cumul maximal atteindra 500 euros.
Pour financer le contrat d’engagement jeune, le gouvernement prévoit 550 millions d’euros supplémentaires qui feront l’objet d’un amendement au PLF 2022 en cours d'examen parlementaire. Une enveloppe de 300 millions d’euros sera consacrée aux solutions de formation et d’activités supplémentaires. 100 millions d’euros seront versés aux opérateurs, a précisé Matignon. Ce qui fait un reste de 150 millions d’euros pour couvrir le coût de l’allocation versée au jeune. |