Education / Violences - Le 30 20, un numéro vert gratuit pour signaler le harcèlement à l'école
Dorénavant, le jeudi qui suit les vacances de la Toussaint sera la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, a déclaré la ministre de l'Education nationale ce 29 octobre en présentant les nouvelles mesures destinées à prévenir et à lutter contre les violences scolaires.
Entre 700.000 et 1,2 million d'enfants selon les chiffres sont concernés par les brimades à répétition à l'école, les violences morales et physiques qui peuvent parfois conduire au pire. Avec un phénomène relativement nouveau : dès le primaire, 12% des élèves se disent victimes de harcèlement, dont 5% de manière sévère à très sévère. Pour lutter contre ces chiffres que rien ne semble pouvoir amoindrir, trois campagnes de sensibilisation ont été lancées en quatre ans sans que la courbe des violences ne s'inverse, Najat Vallaud-Belkacem a présenté les nouvelles mesures 2015-2016 destinées à renforcer la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement (lequel touche 6% des jeunes scolarisés, via les téléphones portables, courriers électroniques, réseaux sociaux, etc.).
Recueillir la parole
Sensibiliser, prévenir, former et prendre en charge : voici les quatre axes du plan qui doit infléchir la courbe des chiffres du harcèlement scolaire. Parmi les nouvelles mesures, un numéro vert gratuit, le 30 20, est ainsi lancé pour signaler le harcèlement. On peut regretter au passage que personne ne réponde à ce numéro le week-end, puisqu'il n'est ouvert que du lundi au vendredi. Un nouveau site internet est également mis en ligne à l'attention des victimes, des témoins, des parents et des professionnels. Chaque catégorie confrontée au harcèlement de loin comme de près pourra ainsi identifier les démarches à suivre, et ce qu'il ne faut pas faire - "résoudre vous-même la situation". La ministre a en outre souhaité, pour le lancement le 5 novembre de la première journée nationale "Non au harcèlement", qu'un clip de prévention soit réalisé pour sensibiliser les jeunes élèves de 7-11 ans et pour faire connaître le 30 20. Pour recueillir les signalements, 250 référents "harcèlement" sont déjà répartis en département et en académie pour aider à la prise en charge des situations de harcèlement. Mais, comme l'a précisé la ministre, "il faut aussi interpeller les témoins", d'où l'idée de généraliser les formations et outils pour chacun.
"La solution est dans l'école"
Des formations pour les enseignants seront à nouveau mises en place, tout comme d'autres en direction des élèves. Dès cette année scolaire, toutes les académies devront mettre en place des formations d'ambassadeurs lycéens : des lycéens volontaires choisissent d'être formés au harcèlement pour conduire des actions dans leur lycée ou dans les collèges et les écoles de leur territoire. Une façon de rendre les élèves "acteurs de la prévention". Des guides à destination du personnel (que faire dans mon école, dans mon collège...) seront mis à disposition pour prévenir et faire face aux signalements, des protocoles de prise en charge rénovés, des fiches conseils pour tous (destinées aux victimes, témoins, famille, auteurs)... sont également annoncés comme figurant parmi les nouvelles mesures. "La solution au harcèlement est dans l'école", insiste le délégué interministériel à la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire, André Canvel, qui invite les parents à renouer le contact avec les équipes éducatives et pédagogiques : "Il faut avant tout renouer la confiance entre l'école et la société civile."
On notera qu'il est très peu question, parmi ces nouvelles mesures, des sanctions à l'égard des auteurs de harcèlement. Quelques voix se font déjà entendre, comme celles de familles dont un enfant s'est suicidé à la suite de harcèlement et qui regrettent que ces mesures ne soient pas suivies d'effet sur le terrain, faute, justement, de sanctions dissuasives.