Archives

Energie - L'autoconsommation d'électricité : une voie d'avenir pour les collectivités ?

Le ministère de l'Ecologie vient de saisir la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour lancer un appel d'offres sur l'autoproduction et l'autoconsommation d'électricité. Pour l'heure, la cible n'est pas directement les collectivités. Sur le sujet, elles préfèrent rester prudentes mais plusieurs villes comme Lorient (Morbihan) ou Rennes et des régions comme le Grand Est ou Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, conscientes que l'autoconsommation pourrait redessiner le paysage énergétique, ont pris les devants.

L'annonce était attendue : le lancement d'un appel d'offres sur l'autoconsommation photovoltaïque a été confirmé le 25 mai lors d'un colloque organisé par des professionnels de cette filière. Ses modalités doivent être précisées d'ici à cet été. La cible est connue, "ce sont les consommateurs des secteurs industriels, tertiaires et agricoles, en particulier les centres commerciaux, soit des acteurs économiques pour lesquels l'autoconsommation peut apporter les bénéfices les plus importants", détaille le ministère de l'Écologie dans un communiqué. Pourquoi ces secteurs ? "Car ces segments de marché sont ceux qui ont la bonne concordance entre la production et la consommation", éclaire la directrice générale de l'énergie Virginie Schwarz. Entre 100 à 500 projets sont visés. Le volume total attribué sera de 50MW, dont 10MW réservés à la Corse et l'Outre-Mer, pour des projets de 100 à 500kW. Le cahier des charges, qui sera publié fin juin après avis de la CRE, est rédigé de façon à accompagner l'autoconsommation sans pour autant inciter à la surconsommation. Les lauréats bénéficieront d'une valorisation financière pour l'électricité autoconsommée.

Deux régions et deux villes pionnières

Depuis longtemps, les professionnels du photovoltaïque demandaient à pouvoir expérimenter l'autoconsommation, laquelle "peut se définir comme le fait de consommer sa propre production d'électricité", indique le ministère. Elle est donc directement associée à la notion d'autoproduction, soit le fait de produire sa propre consommation. Un domaine où les collectivités tâtonnent, conservent de la distance ou font au contraire valoir leur besoin d'expérimenter. En 2013, le conseil régional d'Aquitaine a été le premier à lancer un appel à projets doté de 2 millions d'euros en vue de promouvoir les logiques d'autoconsommation dans les bâtiments. Pour Françoise Coutant, vice-présidente de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, c'est une réussite : en trois ans, une soixantaine de projets ont été soutenus. "Mais ce n'est qu'un début, un nouvel appel à projets va être lancé en juin", annonce-t-elle.
L'Alsace en a aussi lancé un il y a deux ans avec l'Ademe, pour soutenir des projets photovoltaïques en autoconsommation en phases d'étude ou d'investissement. Au total, 36 projets ont été aidés. La ville de Rennes fait aussi figure de pionnière et présente des retours d'expériences concrets. Un bâtiment fraîchement livré, la cité internationale de Rennes, intègre ainsi de l'autoconsommation à hauteur de 15 kilowatts crête. En 2017, la ville envisage de développer 16 autres kilowatts crête en autoconsommation, cette fois dans des bureaux.
Une autre ville bretonne, Lorient,  veut développer le photovoltaïque en autoconsommation sur ses bâtiments municipaux. Dans un contexte budgétaire contraint, elle a d'ailleurs trouvé là une façon originale de faire appel au financement participatif. Avec la baisse des tarifs d'achat, lancer des appels d'offres pour faire installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments n'apparaissait plus possible. Lorient a donc installé 300 m2 de panneaux via une installation photovoltaïque en régie, en propre donc et surtout en autoconsommation. Elle vise les 1.200 m2 pour doubler la puissance installée et atteindre 322 kilowatts crête. Sur une première école, la ville a fait ses comptes et affiche de bons résultats : une première installation solaire a permis de couvrir plus de 20% des besoins de cette école en électricité. Soit une économie de 2.500 euros par an sur sa facture d'énergie. Après une seconde installation en autoconsommation sur une école maternelle, une troisième devrait voir le jour cet été. La centrale a été volontairement surdimensionnée pour vendre le surplus de production.
Ces exemples locaux pourraient vite faire tache d'huile et en inspirer d'autres. Un guide de l'Ademe publié l'an dernier incitait dans ce sens les collectivités à s'approprier l'enjeu. Il évoquait clairement les revenus supplémentaires pouvant être générés grâce à cette revente d'électricité sur le réseau.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis