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Education - L'Assemblée dit non au portable dans les écoles et collèges

Le 7 juin, les députés ont voté une proposition de loi LaREM qui vise une "interdiction effective" du portable dans les écoles et collèges à la prochaine rentrée scolaire, concrétisant un engagement de campagne du président de la République.  Objectif du texte : lutter contre l’addiction des enfants aux écrans et sanctuariser le temps de l’école.

Affirmer un droit à la déconnexion...

L'exposition massive aux écrans, qui atteint souvent 10 heures par jour, et au portable, qui touche 92% des jeunes de 12 à 17 ans équipés d'un mobile dont 76% d'un smartphone, engendre des méfaits sur les adolescents rappelés par la  députée Cathy Racon-Bouzon, rapporteure du texte au nom de la commission des affaires culturelles : perte de concentration, difficultés de mémorisation, cyberharcèlement, diffusion de la pornographie, moindre interaction sociale dans les cours de récréation. 
Si la loi du 12 juillet 2010 visait surtout à réduire l’exposition des enfants aux ondes électromagnétiques des téléphones mobiles, la nouvelle rédaction cherche davantage à encadrer l'usage du téléphone mobile et à affirmer un droit à la déconnexion des enfants pour renforcer leurs capacités d'apprentissage. Constituée d’un article unique, la loi étend l’interdiction à d’autres terminaux, tels que les tablettes et les montres connectées. Elle s’applique également pendant les activités liées à l’enseignement qui se déroulent hors de l’enceinte des établissements. Cependant, elle énonce une exception pédagogique ouvrant la porte à un usage maîtrisé des terminaux mobiles dans le cadre d'activités d’enseignement.

... en restant joignable

Il reviendra aux établissements scolaires de définir dans leur règlement intérieur les lieux et contextes où l’usage du portable sera autorisé. Une inversion de logique (avant ils devaient lister les lieux d’interdiction) qui devrait conduire, selon le gouvernement, à une meilleure application de la loi. Selon le ministère de l’Education nationale la loi actuelle n’est en effet appliquée que dans la moitié des établissements scolaires. La publication de la loi sera accompagnée d’un vade-mecum de mise en œuvre. L’association des parents d’élève apparaît d’ores et déjà comme un facteur clé de son application, car comme l'ont révélées les auditions préparatoires, les parents sont très attachés à pouvoir joindre leurs enfants partout et tout le temps.

Une tartufferie pour l'opposition

Adoptée par les élus LRM, MoDem et UDI-Agir, la proposition de loi a été dénoncée comme une proposition "inutile" et une "opération de communication" par les autres groupes politiques, voire "une tartufferie", rappelant que le code de l'éducation interdit déjà, depuis la loi du 12 juillet 2010, les portables "durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur". Le ministre de l'Education a défendu la proposition justifiant le besoin d’"une base juridique beaucoup plus solide".
Par ailleurs, les élus du groupe majoritaire, qui avaient envisagé d’étendre l’interdiction du portable aux personnels et enseignants, ont fait machine arrière. Le ministre a jugé que ce ne serait "pas opportun", notamment pour éviter des "effets pervers" en termes de sécurité.
Le gouvernement souhaite mettre la proposition en œuvre à compter de la rentrée scolaire 2018-2019 mais il faudra au préalable que le texte passe sans encombre le cap du Sénat. Ce qui n’est pas gagné.

 

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