L'Apur cherche les moyens de concilier tourisme et espaces publics à Paris
Touristes, je t'aime moi non plus. Une étude de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) fournit moult cartes et données pour tenter d'appréhender les contraintes engendrées par le surtourisme, notamment dans le partage de l'espace public. Contraintes qui valent aussi pour d'autres grandes villes touristiques.
"Avec 45 millions de touristes attendus en 2030, 54 millions en 2040, pour 36 millions aujourd'hui, Paris est l'une des premières, voire la première destination mondiale". Dès lors, "comment avec un tel succès éviter les contraintes du surtourisme et répondre à ce double défi 'plus de touristes, moins de conflits' ?", interroge l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme) dans une étude originale intitulée "Les touristes et l'espace public à Paris, quelles relations ?".
Une cohabitation parfois problématique
En une vingtaine de pages, l'étude a le mérite d'aborder le sujet dans une approche très globale et transversale, s'intéressant aux différents usages possibles de l'espace public - environ 2.770 hectares, soit 28% de la surface de la ville, auxquels s'ajoutent environ 2.500 hectares d'espaces verts (dont les bois de Boulogne et de Vincennes) - et à son utilisation partagée par les habitants et les touristes. Après un rappel des enjeux quantitatifs et un rapide survol du contenu de la "Stratégie tourisme 2022", adoptée par la ville en 2017, l'étude souligne "une exception parisienne" : le fait que "les grands sites de visites parisiens présentent cette qualité unique d'être adossés à un espace ouvert, minéral ou végétal, qui facilite l'attente et la déambulation, qui permet la découverte du visite sans toujours pouvoir ou devoir y accéder". Mais les pratiques touristiques se diffusent aussi de plus en plus vers des quartiers densément habités. La carte des 34.000 déclarations de locations touristiques (du type Airbnb) montre bien la diffusion généralisée du phénomène.
L'étude s'intéresse aussi aux "polarités nocturnes", réduites un peu vite aux "lieux où se concentrent les 8.800 débits de boissons avec une licence IV à Paris, les lieux où se retrouvent parisiens et touristes dans l'espace public au moment de la période estivale". Des lieux et une période qui peuvent également se révéler sources de tensions avec les habitants. D'autres cartes tout aussi intéressantes mettent aussi en évidence la "densité des rythmes festifs à Paris (22h-0h30)", la "sollicitation de l'espace public par les piétons", les "trottoirs inadaptés à la sollicitation piétonne" ou encore la "densité des événements autorisés".
Quand la Data prend le dessus
Là réside précisément le point faible de l'étude de l'Apur. Celle-ci s'apparente en effet à une juxtaposition de données et de cartes – souvent très éclairantes – mais sans que s'en dégagent véritablement des axes directeurs, ni qu'il soit répondu à la question posée dans le titre du document. La seconde partie de l'étude cherche à dégager des "évolutions récentes", à l'image de "la promenade comme nouvelle offre touristique" avec une carte de la Transhumance du Grand Paris (25 moutons en balade dans le Grand Paris sur 140 km du 6 au 17 juillet 2019) ou une carte des promenades à Paris et en petite couronne.
L'étude superpose aussi la carte du Grand Paris Express et celle des lieux culturels – sans qu'il en ressorte d'ailleurs une synergie évidente – ou dresse la carte des boucles cyclables 2024 à Paris et en Seine-Saint-Denis (dans la perspective des JO).