L'ANFR va lancer un simulateur d'exposition aux ondes
Après l'Arcep, c'était au tour de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) de prononcer ses vœux en cette fin janvier 2025. On retiendra pour les élus le lancement en 2025 d'un simulateur national d'exposition aux ondes et les questions "d'urbanisation du spectre" face à la multiplication des usages, comme les drones ou les satellites en orbite basse.

© Adobe stock
L'Agence nationale des fréquences (ANFR) aura connu une année 2024 particulièrement chargée avec les Jeux olympiques où elle a dû coordonner pas moins de 20 agences nationales pour faire en sorte que "ça capte". Autrement dit, qu'il n'y ait pas de perturbations – interférences entre les systèmes ou brouillage intentionnel - sur les nombreux réseaux hertziens mobilisés (secours, police, mobiles, TV…). Dans les faits marquants de 2024, il y a aussi l'intervention de l'ANFR à Mayotte à la suite du cyclone tropical intense Chido. L'agence a été mobilisée pour pallier la destruction des réseaux fixes et dégager des capacités sur le spectre pour assurer la continuité des communications électroniques.
Visualiser les niveaux d'exposition
Les collectivités, et notamment les communes, connaissent l'ANFR essentiellement sur le sujet de l'exposition aux ondes, l'agence ayant la charge son contrôle depuis la loi Abeille de 2015. Le "comité de dialogue" instauré par le texte est du reste présidé par un élu de l'AMF, Michel Sauvade, maire de Marsac-en-Livradois. 2025 va marquer un tournant dans ce domaine avec l'annonce du lancement, courant 2025, d'un "simulateur national sur l’exposition aux ondes" prévu par le plan national santé environnement (PNSE 4).
En clair, aujourd'hui, l'exposition aux ondes électromagnétiques est connue via les campagnes de mesures de l'ANFR ou les demandes de mesures qui transitent, notamment, par les mairies. Ce simulateur utilisera un algorithme, sur le même mode que pour la couverture mobile sur le site de l'Arcep. "Il permettra de visualiser les zones d'exposition aux ondes et de mieux comprendre leur répartition. Il sera accessible au public et contribuera à une meilleure transparence sur ce sujet sensible", a expliqué Gilles Brégant, directeur général de l'agence. Si l'objectif est de "rassurer le public", l'agence s'attend aussi à un afflux de demandes de vérification dans les zones présentant des niveaux d'exposition (présumés) élevés.
Cyber-résilience des appareils sans fil
Le rôle de l'agence ne s'arrête cependant pas au contrôle des ondes et à la gestion des brouillages (voir notre article du 23 novembre 2021). Elle est de plus en plus sollicitée sur les sujets de terminaux et de logiciels. Elle intervient sur la vérification du débit d'absorption spécifique (DAS) des téléphones mobiles, mais aussi sur la mise en place d'un système de contrôle parental par défaut et désormais sur les obligations des équipementiers en matière de chargeur universel…
En 2025 s'y ajoute une nouvelle mission à connaître des collectivités : le contrôle de la cyber-résilience des équipements radios tels que ceux qui peuvent être mobilisés (capteurs, routeurs sans fil…) dans le cadre des territoires connectés. Cette multiplication des missions, bien au-delà du périmètre historique du contrôle du spectre, n'est du reste pas sans inquiéter l'agence "dans un contexte où les dispositifs électroniques sont de plus en plus nombreux et complexes". En d'autres termes, il faudra que les moyens affectés par l'État suivent pour y faire face.
Satellites en orbite basse
Dans les dossiers à venir en 2025, il y a aussi les négociations internationales pour faire une place aux constellations satellitaires en orbite basse. Ces constellations, à l'image de Starlink pilotée par Elon Musk, ou encore d'Iris initiée par l'Union européenne, peuvent pallier les déficiences des réseaux fixes et mobiles, notamment en cas d'évènement climatique. Du reste début janvier, le Premier ministre, François Bayrou, avait suscité des interrogations en annonçant la mobilisation de kits Starlink pour venir en aide aux Mahorais. Il est vrai qu'Iris, lancée au nom de la résilience des télécoms, en réponse au conflit ukrainien et à la multiplication des crises climatiques, ne sera pas opérationnelle avant 2030.
Urbanisation du spectre
Toutes ces constellations demandent cependant de la place, à la fois en termes de fréquences et dans l'espace. Sur ce second sujet, l'Arcep s'est d'ores et déjà alarmée de l'impact écologique de la multiplication des débris d'engins spatiaux, ceux-ci finissant toujours par retomber sur terre. À court terme, il s'agit pour l'ANFR de participer aux négociations internationales pour convenir de la répartition des fréquences entre pays. En outre, l'arrivée de ces constellations, qui s'ajoutent aux objets connectés, drones et autres services sans fil, soulève la question de "l'urbanisation du spectre" pour garantir que chaque service fonctionne sans interférer avec les autres, partout sur le territoire.