Lancement de la campagne de vaccination des collégiens contre les papillomavirus
La campagne de vaccination contre les papillomavirus dans les collèges publics et les collèges privés sous contrat volontaires de quelques régions a été lancée début octobre 2023. Les vaccinations seront réalisées durant le temps scolaire par les équipes des centres de vaccination, qu’ils soient habilités par les ARS ou sous compétence des collectivités territoriales. La généralisation de cette campagne pose la question des moyens, notamment ceux de la médecine scolaire, et n'est pas sans créer quelques réticences.
Début octobre 2023 a été lancée la campagne de vaccination généralisée, entièrement prise en charge par la Sécurité sociale, dans les collèges publics et les collèges privés sous contrat volontaires de quelques régions, telles que la Nouvelle-Aquitaine ou la Normandie, avant d'être étendue à tout le territoire.
Le gouvernement a prévu que les injections soient effectuées par des équipes mobiles de soignants extérieurs à l'établissement sur le temps scolaire. Les élèves recevront une première dose cet automne ou cet hiver, et une seconde six mois plus tard, dans leur collège. Rappelons que la vaccination est soumise au consentement des deux parents. En France, la vaccination est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans depuis 2007, et chez les garçons depuis 2021.
Multiples freins
Reste que de multiples freins pèsent sur cette vaccination, entre questionnements liés à l'organisation de la vaccination, craintes liées au vaccin et inégalités d'accès socio-économiques. Dans une instruction sur l'organisation de cette campagne de vaccination signée en juin 2023 par les ministres de l'Éducation nationale et de la Santé, il est précisé que la campagne de vaccination sera pilotée par les agences régionales de santé (ARS). "Les vaccinations seront réalisées durant le temps scolaire en première intention par les équipes des centres de vaccination, qu’ils soient habilités ARS ou sous compétence des collectivités territoriales dans le cadre d'une convention conclue avec l'État, identifiés par les ARS sur leur territoire", détaille l'instruction. Il est prévu que ces équipes composées dans la mesure du possible d'au moins un médecin, se déplacent dans la totalité des collèges publics et dans les collèges privés sous contrat volontaires accueillant la campagne de vaccination.
Seuls les établissements privés volontaires concernés
L'instruction précise également que seuls les établissements privés volontaires seront concernés. Or certains principaux de collèges privés, notamment du Sud-Ouest, ont fait part début octobre de leur refus de lancer la vaccination. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a reconnu mardi 3 octobre qu'avoir exempté les collèges privés de l'obligation de vaccination constituait un "petit angle mort", mais s'est montré confiant sur le fait que "le taux d'adhésion augmente avec le temps".
Le secrétaire général de l'Enseignement catholique, Philippe Delorme, a quant à lui fait part en septembre, en marge de sa conférence de presse de rentrée, de "la lassitude des chefs d'établissement de se voir sans cesse investis de missions supplémentaires", selon des propos rapportés par son service de presse. "Les établissements qui le pourront organiseront la vaccination mais il n'y aura bien sûr aucune injonction nationale de notre part", a-t-il ajouté. L'Enseignement catholique n'a pas "d'opposition de principe" sur cette vaccination, selon Philippe Delorme, qui a confirmé que "peut-être", "à la marge", certains établissements ne la proposeront pas.
Ratio d'un médecin pour 13.300 élèves
"Si l’intention est louable, de nombreuses interrogations demeurent, au nombre desquelles les moyens humains mobilisables en vue de la généralisation de cette vaccination", s'était ému Départements de France dans un communiqué du mois de mars 2023 (voir notre article du 1er mars 2023). L'association avait rappelé sa "préoccupation constante" pour "l’extrême fragilité" de la médecine scolaire et avait souligné qu'avec "un ratio d'un médecin pour 13.300 élèves, il est peu envisageable de s'appuyer sur cette médecine scolaire".
Rappelons que les départements sont en charge de la santé des enfants de 0 à 6 ans. "Une fois atteint l’âge de l’obligation scolaire, c'est le grand vide compte tenu de l'état dans lequel se trouve la médecine scolaire", déplorait Départements de France. Cette campagne pose "la question des moyens humains mobilisables", avait indiqué son président François Sauvadet.
La France a le taux de vaccination le plus faible d'Europe
Le fait est que moins de la moitié des adolescents sont vaccinés en France, l'un des taux les plus faibles d'Europe. Vacciner contre les HPV en milieu scolaire pourrait permettre d'augmenter les couvertures vaccinales, comme dans d'autres pays, tels que l'Australie, le Canada, des pays nordiques ou l'Écosse, selon les autorités sanitaires. Le gouvernement vise 80% de vaccination de cette classe d'âge d'ici à 2030.
Car chaque année en France, les HPV - acronyme anglais pour "papillomavirus humains" - sont responsables de plus de 6.000 nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l'utérus, qui provoquent 1.100 décès par an, de la vulve ou du vagin, mais aussi de la sphère ORL, de l'anus ou encore du pénis.
Lancé sur le marché dans les années 2000, le gouvernement et les autorités sanitaires affirment que le vaccin contre le HPV a depuis fait ses preuves contre l'infection par ces virus et, de manière de mieux en mieux avérée, contre le risque de déclarer un jour un cancer du col de l'utérus. Selon les experts, il est d'autant plus efficace qu'il est administré avant la rencontre avec le virus à l'origine de l'infection.