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Social - L'aide européenne aux plus démunis prolongée de deux ans

C'est un "ouf" de soulagement pour les associations caritatives européennes. Après une longue bataille, le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) devrait pouvoir finalement être maintenu pendant deux ans. L'Allemagne a accepté un compromis pour permettre de prolonger momentanément cette aide aux banques alimentaires et soupes populaires européennes. "Nous serions prêts à une solution de transition pour les deux prochaines années, par égard pour les organisations caritatives", a annoncé la ministre allemande de l'Agriculture, Ilse Aigner, lundi 14 novembre, en marge d'un Conseil des ministres européens de l'Agriculture, à Bruxelles. Ce revirement était crucial pour débloquer la situation : l'Allemagne et cinq autres Etats (Suède, Royaume-Uni, Danemark, République tchèque et Pays-Bas) considèrent que les fonds alloués au PEAD tirés du budget de la politique agricole commune ne doivent pas servir à financer des politiques sociales qui, selon eux, relèvent des Etats.
Créé en 1987, le PEAD était à l'origine alimenté par des excédents agricoles. Ces derniers ayant été fortement réduits ces dernières années, ils ont progressivement été remplacés par des crédits de la PAC utilisés pour acheter directement des denrées sur les marchés. Ce que la Cour européenne de justice a jugé illégal dans un arrêt du 13 avril 2011. Doté chaque année de 480 millions d'euros, le PEAD permet pourtant de financer l'aide alimentaire de 18 millions d'Européens pauvres. Il est même vital pour les associations caritatives telles que les banques alimentaires, les Restos du coeur, le Secours populaire et la Croix rouge française en France, qui en tirent jusqu'à la moitié de leurs ressources.
Pour se conformer à l'arrêt de la Cour de justice, la Commission européenne avait été contrainte de réduire fortement les crédits du PEAD en 2012 en les limitant aux excédents disponibles, soit l'équivalent de 113,5 millions d'euros. Mais le 3 octobre 2011, elle s'est ravisée en adoptant par procédure d'urgence une nouvelle solution de transition pour les deux ans à venir, avant de mettre en oeuvre un nouveau mécanisme de financement après 2014. Il aurait été question d'en faire une composante de la politique sociale de l'Union européenne dotée de 2,5 milliards d'euros pour la période de sept ans. Or l'Allemagne a été claire : "Ce qui est en jeu c'est le principe qu'à l'avenir l'Union européenne ne finance pas de politique sociale", a affirmé, la ministre allemande.
Le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos, s'est en tout cas dit "profondément heureux" de ce compromis. "J'ai d'ores et déjà demandé à mes services de se mobiliser pour que tout soit prêt afin d'assurer la continuité du programme cet hiver", a-t-il déclaré, dans un communiqué.
Même satisfaction du côté des associations. "Si elle se confirme, c'est une très bonne nouvelle pour l'Europe, et un soulagement pour les plus démunis", a salué le président des Restos du coeur, Olivier Berthe.
Le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, s'était fortement mobilisé sur ce dossier qu'il avait qualifié de "non-négociable". A présent, la France et de l'Allemagne doivent traduire ce compromis dans une déclaration commune dans laquelle les deux pays s'engageront à faire en sorte qu'à partir de 2014, le PEAD ne soit plus financé par l'UE.

 

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