Transports - L'agglomération lyonnaise révolutionne son réseau de bus
"1.000 bus, dont 850 en heure de pointe, vont changer d'itinéraire. Nous avons fait le pari de faire passer le réseau, en une nuit, d'un système à l'autre." C'est ainsi que Bernard Rivalta, président du Syndicat des transports du Rhône et de l'agglomération lyonnaise (Sytral) a résumé devant la presse ce 28 juin le projet Atoubus qui sera opérationnel le 29 août prochain. "C'est la première fois qu'un territoire de cette taille (65 communes, 1,3 million d'habitants, 120 lignes de bus) restructure la totalité de son réseau de surface, explique-t-il. Le réseau a été revu et corrigé de A à Z pour répondre aux évolutions du territoire, aux nouveaux besoins et usages en matière de transport en commun." "Depuis plusieurs années, il y avait eu des modifications, des retouches par secteur mais pas ce qu'il fallait pour assurer la cohérence du réseau de bus", a ajouté Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis Lyon, qui gère les transports lyonnais dans le cadre d'une délégation de service public (DSP).
Outre l'introduction progressive de nouveaux modes de transports collectifs (métro, tram), d'importants changements sont intervenus ces dernières années avec la multiplication du nombre de pôles d'activités et l'évolution des habitudes des usagers. Ainsi la part des trajets domicile-travail n'est plus majoritaire, la notion traditionnelle d'heures de pointe est devenue obsolète et tous les usagers des transports en commun ne sont pas concernés par les vacances scolaires. Autant de facteurs que les concepteurs d'Atoubus ont voulu prendre en compte.
Objectif : 14 millions de voyageurs supplémentaires fin 2012
La totalité du réseau de bus va donc être modifié pour accroître l'offre : quelque 3 millions de kilomètres supplémentaires vont être proposés pour atteindre 52 millions par an, 230 nouveaux arrêts vont être créés, sur un total de 3.000, dans les 65 communes membres du Sytral. La réorganisation vise aussi davantage de simplicité et de régularité : 26 lignes majeures dites C quadrillent l'agglomération et 71 lignes complémentaires offrent une desserte plus fine, concçue ne fonction des besoins. Sur les 26 lignes majeures, un bus circulera toutes les 10 minutes, de 5 h à minuit, y compris pendant les vacances scolaires. Le réseau comprend aussi des lignes transversales qui, en raccourcissant les distances entre les quartiers, sans passer par le centre-ville, doivent permettre de gagner du temps. Les liaisons intermodales entre les gares, les zones d'activités, les centres hospitaliers et les campus ont également été favorisées.
L'objectif est d'augmenter le nombre des déplacements en bus de 8 à 10%, soit 14 millions de voyages supplémentaires, d'ici fin 2012. Actuellement, 38% des trajets en transport en commun dans l'agglomération se font en bus. Ce plan a entraîné la création de 250 emplois de conducteurs, dont la plupart ont été attribués à des personnes en réinsertion. Le coût total du projet Atoubus avoisine les 50 millions d'euros, selon ses concepteurs : 12 millions d'euros pour le développement, 20 millions d'euros d'investissements, 4 millions d'euros d'aménagements de voirie et 700.000 euros pour le plan de communication.
Atoubus n'entraînera pas de hausse des tarifs pour les usagers, a assuré Bernard Rivalta, soulignant que le réseau lyonnais était l'un des moins chers de France, et l'un des plus utilisés. "Avec 305 voyages par an, d'une longueur moyenne de 8 km, un Lyonnais emprunte deux fois plus les transports en commun que les habitants d'autres grandes agglomérations." Autres chiffres encourageants pour le président du Sytral : entre 1995 et 2006, la part des transports en commun est passée de 13 à 15%, tandis que la voiture reculait de 52 à 47%.