La ville verte idéale des décideurs locaux : plus de continuités écologiques et d'espaces verts
En amont du premier Salon de la biodiversité et du génie écologique, organisé au sein du Salon des maires et des collectivités locales, du 19 au 21 novembre, l’Observatoire des villes vertes a mené une enquête auprès des décideurs locaux pour recueillir leur vision de l’avenir de la végétalisation urbaine. La création de continuités écologiques est érigée en priorité, devant l’augmentation du nombre d'espaces verts publics. Si ces derniers sont plébiscités comme contribuant à la qualité de vie et au bien-être, les obstacles à franchir pour aller vers davantage de végétalisation restent pourtant encore nombreux selon les personnes interrogées.
A l'occasion du premier Salon de la biodiversité et du génie écologique, organisé au sein du Salon des maires et des collectivités locales, du 19 au 21 novembre, l’Observatoire des villes vertes créé par l’Unep - Les Entreprises du Paysage – et Hortis, organisation rassemblant les responsables d’espaces nature en ville, a sondé les décideurs locaux pour recueillir leur vision de la végétalisation urbaine, à l'horizon 2035, soit à l'échéance des grandes trajectoires climat et biodiversité actuelle.
"Structurer un réseau vert cohérent"
Selon cette 16e vague de l'enquête menée par l'Observatoire*, la priorité de la prochaine décennie est de créer des corridors écologiques. Près de la moitié des répondants de l’enquête (45%) l'ont placée en tête - c'est le cas par exemple à Angers, Brest, Limoges ou encore Sens. "La création de continuités écologiques traduit une volonté de structurer un réseau vert cohérent qui relie les différents quartiers, encourageant une mise en réseau des espaces de nature dans la ville, analyse Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire des villes vertes. Le défi réside dans l’articulation de ces continuités avec les infrastructures existantes, souvent contraintes par le manque de foncier. Les villes et l'ensemble des acteurs du vivant devront aussi convaincre les propriétaires privés, copropriétés, logements sociaux et entreprises, à participer à cette démarche : la ville verte de demain implique ainsi une collaboration à grande échelle de tous les acteurs de la ville, publics, particuliers, et privés. La dimension écologique est également prégnante : il s’agit de concilier les services écosystémiques et de renforcer les trames vertes et bleues."
Pour près d’un tiers des villes (31%) comme Paris, Metz ou Saint-Brieuc, l’augmentation du nombre d'espaces verts publics (parcs, jardins) reste la priorité. A contrario, dans les 10 ans à venir, les villes ne pensent pas que la priorité soit de favoriser la végétalisation du bâti - le fait d’intégrer du végétal aux infrastructures dites "grises" - (6,9%) ou de promouvoir l'agriculture urbaine (6,9%).
Difficulté à investir dans des projets de végétalisation à grande échelle
"Certains freins persistent toutefois, et sont identifiés par les collectivités répondantes comme des obstacles à franchir sur le chemin vers la ville verte idéale", notent les promoteurs de l'Observatoire. Ainsi, les contraintes budgétaires et la concurrence avec d’autres priorités urbaines représentent des freins majeurs pour 58,6% des répondants. "Ces enjeux limitent la capacité des villes à investir dans des projets de végétalisation à grande échelle, alors même que leur contribution au bien-être, à la résilience climatique et à l’attractivité de la ville est indéniable, et semble comprise de tous", commentent les commanditaires du sondage.
"L’enquête nous montre que les bénéfices du vert en ville sur la santé, la qualité de vie et la résilience écologique sont aujourd’hui bien compris, commente Anne Marchand, co-présidente de l’Observatoire des villes vertes. Les villes sont très minoritaires à déclarer que les freins à leur végétalisation sont liés à un manque de connaissance des bénéfices de cette dernière. Cela traduit une avancée significative dans la perception de la végétalisation urbaine. Désormais, l'enjeu n'est plus pédagogique, mais pragmatique : passer de la compréhension à l’action publique et le déploiement de stratégies pour aller plus loin dans la transformation de la ville et dans sa végétalisation utile."
Les résultats de cette nouvelle vague de l'enquête de l'Observatoire montrent à l'évidence que plusieurs défis sociétaux devront être surmontés pour réussir la transformation des villes en espaces plus verts, reconnaissent ses promoteurs. Parmi ces défis, les villes répondantes citent en premier lieu la réconciliation entre urbanisation croissante et préservation des écosystèmes (65,5%), suivie de l'adaptation au changement climatique et à ses impacts sur l'environnement urbain (55,2%), et la création de plus d’harmonie entre développement économique et respect de l’environnement (51,7%).
Rôle central des espaces verts, aujourd'hui comme demain
Une chose est sûre, les espaces verts gardent un rôle central dans la ville : pour près d'une ville répondante sur deux (48,3%) - c'est le cas de Courbevoie, Paris ou Brest - ils seront surtout un facteur d'amélioration de la qualité de vie et de bien-être dans la ville de demain. Dans un contexte de dérèglement climatique où les villes sont confrontées à des épisodes de chaleurs, sécheresse ou encore de pluie intense, un tiers des répondants (34,5%) déclare également que les espaces verts seront un levier concret pour lutter contre le réchauffement climatique, notamment pour les villes du Sud où les îlots de chaleur sont préoccupants à l’image de Nîmes, Marseille, Valence et Perpignan.
17% des villes interrogées imaginent que les espaces verts seront des lieux de plus en plus multifonctionnels, ouverts à tous, avec des fonctions ludiques, éducatives et écologiques. Pour une majorité des villes (65,5%), les espaces verts seront surtout des parcs et jardins organisés en réseau vert, reliant différents quartiers par les continuités écologiques, sortant de la logique d’espaces verts satellites isolés dans la ville.
Enfin, quand on leur demande de définir la ville verte idéale, les répondants s’accordent sur une ville verte qui sera résiliente, apaisée et vivante. Ils la voient comme écologique et durable, inclusive et accessible pour que chacun puisse avoir accès aux espaces verts, comme un refuge contre le stress de la ville – tout en restant fonctionnelle pour répondre aux besoins des habitants.
*Réponses récoltées auprès d’un panel de villes sollicitées entre le 30 septembre et le 4 novembre 2024. Sur cette période, 29 villes ont répondu à l’enquête de l’Observatoire des villes vertes.