La vétusté des casernes de gendarmerie : un des points saillants du budget "sécurité" pour 2025
Les crédits "immobiliers" du ministère de l'Intérieur sont en augmentation de 515 millions d'euros en 2025, dont 125 millions d'euros pour la seule gendarmerie dont une bonne partie du parc est dans un état de vétusté avancé. Une "revue de projets" sera conduite "dans les prochaines semaines" pour définir les priorités d'investissement. "Il y aura forcément des choix à faire", prévient le ministère.
Après l'affaire des loyers impayés de la gendarmerie, le ministère de l'Intérieur, qui affiche de grandes ambitions, se doit de rassurer. Dans une période de "disette budgétaire", il s'en sort plutôt bien. Quelque 24,112 milliards d'euros seront affectés à son périmètre dans le projet de loi de finances pour 2025, présenté le 10 octobre, contre 23,355 milliards d'euros l'an dernier. "On est bien dans le respect de l'engagement budgétaire de la Lopmi" (loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur), assure l'entourage du ministre Bruno Retailleau. Pour rappel, l'objectif de cette loi voulue par Emmanuel Macron était de passer de 20 à plus de 25 milliards d'euros entre 2023 et 2027 (voir notre article du 25 janvier 2023). Des moyens "consolidés" donc, "pour faire face à toutes les menaces et aux besoins importants en matière de sécurité", comme le souligne le dossier de presse de Bercy.
Dans le lot, les seuls crédits de la mission "Sécurités" (qui regroupe la police nationale, la gendarmerie, la sécurité civile et la sécurité routière) vont augmenter de 587 millions d'euros en 2025. Ils vont ainsi passer de 16,7 milliards en 2024 à 17,3 milliards d’euros en 2025, soit +3,5%.
"ll y aura forcément des choix à faire"
Les mesures statutaires et indemnitaires prises en 2022 seront respectées. Et le déploiement des forces de sécurité sur le terrain va se poursuivre alors que "80% des recrutements prévus dans la Lopmi sont réalisés" et que les sept escadrons de gendarmerie mobile prévus dans la même loi ont vu le jour, affirme le cabinet. Et de préciser que les recrutements sont supérieurs aux départs en retraite. Par ailleurs, le projet de budget porte un effort sur l'équipement numérique avec une enveloppe de 162 millions d'euros supplémentaires.
"Les efforts déployés en matière d’investissement immobilier sont poursuivis notamment par la réhabilitation des commissariats, des casernes de gendarmerie ou des bases de la sécurité civile, ainsi que par la création de nouvelles brigades de gendarmerie", assure Bercy, alors que le programme de 238 nouvelles gendarmeries promises par Emmanuel Macron est en cours. Il s'agira aussi de "poursuivre certaines grosses opérations indispensables", comme l'hôtel de police de Nice ou le commissariat de Valenciennes, précise le cabinet du ministre. Pour ce qui est des autres programmes immobiliers concernant la gendarmerie ou la police, "les coups partis seront poursuivis", ajoute la même source. Mais pour l'avenir, "il y aura forcément des choix à faire". En 2023, un rapport sénatorial alertait sur l'existence d'une "dette grise" de 2,2 milliards d'euros dans le financement des casernes (voir notre article du 30 juillet 2024). Le sujet est bien dans le viseur de la place Beauvau qui évoque une augmentation de 515 millions d'euros des crédits immobiliers du ministère dont 125 millions d'euros pour la seule gendarmerie. "On va faire une revue de projets à partir des propositions de la DGGN (Direction générale de la gendarmerie nationale), on va trancher tout cela dans les prochaines semaines pour mener à bien les projets inévitables compte tenu de leur état de vétusté", explique le cabinet, évoquant aussi deux grosses opérations en cours : à Satory (Yvelines) où 1.000 logements sont attendus et à Dijon (Côte-d'Or) dont la caserne doit être rénovée en même temps que la construction d'une école de gendarmerie.
Vétusté de la flotte aérienne de la sécurité civile
Pour ce qui est des loyers impayés de septembre, octobre et novembre – dus à des problèmes de trésorerie créés par la mobilisation des gendarmes pendant les Jeux olympiques et aux coûts liés à l'envoi d'un escadron en Nouvelle-Calédonie – ils seront réglés "en décembre", par le biais d'une loi de finances rectificative (sur le sujet, voir aussi notre article du 10 octobre). Mais pour 2025, le projet de budget visera à s'assurer que "pareille mésaventure ne se reproduise pas".
Ce budget 2025 devra aussi poursuivre le pacte capacitaire de la sécurité civile, c'est-à-dire les aides de l'Etat aux collectivités pour l'achat de matériel des sapeurs-pompiers. La sécurité civile doit faire face à la vétusté de sa flotte aérienne. L'an dernier l'Etat a passé commande pour l'achat de deux canadairs. Mais "les délais de construction sont très longs, ce qui nous interpelle. Le sujet est aussi d'être prêt à temps dans un contexte de réchauffement climatique", insiste-t-on au ministère. D'où le recours à des locations d'aéronefs. Devant le congrès des pompiers, le Premier ministre Michel Barnier a aussi appelé à solliciter des aides de l'Union européenne (voir notre article du 30 septembre).