La stratégie gouvernementale d'inclusion numérique entrée en phase opérationnelle
A l'occasion de la remise le 25 juillet de l’avis du Conseil national des villes (CNV) sur l’inclusion numérique, le secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi, a précisé "la mécanique du plan gouvernemental" qui se met en place sur le terrain.
Progressivement, la politique gouvernementale en matière d’inclusion numérique prend forme. Après le lancement du site inclusion.societenumerique.gouv.fr initiant la démarche et le rapport de France Stratégie démontrant les bénéfices économiques à attendre de cette politique, le secrétaire d’État au numérique a reçu mercredi 25 juillet les 30 propositions opérationnelles du Conseil national des villes.
Garantir le droit à l’accès numérique
L’avis rendu par le CNV constate que les personnes vivant dans les quartiers prioritaires sont aujourd’hui, avec celles vivant en milieu très rural, les principales victimes de la fracture numérique. Le CNV relève "qu’il ne peut être ignoré qu’internet a amplifié les fractures territoriales et sociétales. Compte tenu de l’évolution des nouvelles technologies et notamment de l’intelligence artificielle, ce mouvement éloignera des populations qui aujourd’hui se sentent à l’aise avec les usages du numérique". Le CNV estime en outre que "les guichets, les bornes ou accueils personnalisés ont conduit à une déshumanisation des relations et souvent à une dégradation du service rendu".
Pour le CNV, l’État doit avant tout garantir le droit à l’accès numérique pour tous, ce droit conditionnant désormais l’effectivité de la plupart des autres droits : logement, éducation, allocations familiales, emploi… Il estime ensuite nécessaire de développer une approche globale pour que "les enjeux d’inclusion numérique et d’inclusion sociale soient pensés et traités conjointement". Au passage, le CNV déplore que les contrats de ville actuels n’intègrent pas de volet numérique.
Insistant sur la nécessité d’une médiation humaine, il invite à former l’ensemble des travailleurs sociaux et personnels intervenant dans les relations avec les usagers du service public aux enjeux numériques. Il s’agit également de renforcer la confiance des usagers, par des dispositifs techniques (coffre-fort électronique, identité numérique) mais aussi en certifiant les personnes chargées de l’accompagnement des personnes.
Un appel à projets à la rentrée
Relevant la convergence de beaucoup de propositions du CNV avec les conclusions de la concertation menée ces derniers mois, Mounir Mahjoubi a précisé que la stratégie gouvernementale était désormais "entrée en phase opérationnelle". La priorité du gouvernement est de qualifier les besoins d’accompagnement en s’appuyant sur l’ensemble des "guichets existants" (administrations, CAF, banques…) en contact direct avec les usagers. "Car si certains ont besoin d’être formés aux outils numériques, d’autres maîtrisent parfaitement le numérique mais sont perdus dans les formalités administratives", a-t-il souligné.
Le second volet du plan porte sur la structuration du réseau de médiation pour coordonner les actions et couvrir l’ensemble du territoire. L’État aidera à la structuration du réseau, les collectivités territoriales et les entreprises apportant un complément dans la mise à disposition d’infrastructures d’accueil ou le financement des formations. Concrètement, un appel à projets doté de 5 millions d’euros devrait être lancé à la rentrée. Ouvert aux collectivités, il visera à faire émerger une dizaine de structures à l’échelle nationale chargées de la coordination des acteurs publics et privés de l’inclusion numérique. Les bénéficiaires des formations disposeront pour leur part d’un "pass numérique", semblable dans son principe au pass culture, qui leur donnera droit à se former dans les structures labellisées. Ce dispositif est actuellement testé dans trois régions : Aquitaine, Hauts-de-France et Centre-Val de Loire. Le secrétaire d’État au numérique espère que ces expériences auront rapidement "un effet multiplicateur" permettant son extension nationale.