Social - La solitude progresse rapidement et touche surtout les personnes âgées
La Fondation de France a présenté, le 7 juillet, son rapport 2014 sur "Les solitudes en France". Celui-ci est centré sur l'exploitation d'une vaste enquête réalisée par l'institut TMO Régions, pour le compte de l'observatoire de la Fondation, auprès de 4.007 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus. Les questionnaires ont été administrés par téléphone entre le 8 janvier et le 4 février 2014.
Un Français sur huit n'a pas de relations sociales
Cette étude dresse un portrait très sombre de l'état de la société, que l'on retrouverait sans doute dans la plupart des pays développés. Dans une société supposée connectée, la solitude ne cesse en effet de gagner du terrain. En 2014, cinq millions de Français n'ont pas de relations sociales, soit un million de plus qu'en 2010 (+25%). La solitude touche ainsi un Français sur huit.
Plus précisément, quatre Français sur dix n'ont pas de contact avec leur famille au-delà de quelques rencontres annuelles (39% en 2014 contre 33% en 2010). Un sur quatre n'a pas de relations amicales soutenues (25% en 2014 contre 21% en 2010) et près de quatre Français sur dix n'ont pas ou peu de contacts avec leurs voisins (36% en 2014 contre 31% en 2010). Enfin, une personne en emploi sur cinq n'est pas en mesure de construire des relations sociales dans le cadre de son travail et 60% des Français n'ont pas d'activité sociale au sein d'associations (culturelle, sportive, de loisirs, caritative...). Les réseaux virtuels sont très loin de remplacer les contacts réels, puisque 80% des personnes isolées ne sont pas présentes sur les réseaux sociaux.
L'isolement des 75 ans et plus en hausse de 70% en quatre ans
L'isolement progresse plus rapidement dans les villes (13% de personnes isolées en 2014, contre 8% en 2010) que dans les zones rurales (11% contre 9%). Les plus exposés sont les hommes résidant dans le parc social (18%) alors que les femmes paraissent mieux protégées (13%). Cette différence entre les sexes s'explique par la présence d'enfants au domicile (c'est le cas pour 51% des femmes contre 42% des hommes). L'étude met également en évidence le lien très fort entre l'isolement et l'absence d'emploi et/ou la pauvreté. Par exemple, 29% des demandeurs d'emploi de plus de 50 ans sont seuls.
Mais les principales victimes de l'isolement sont sans aucun doute les personnes de 75 ans et plus. Le taux d'isolement dans cette tranche d'âge est passé de 16% en 2010 à 27% en 2014, soit une progression - qui semble difficile à croire - de près de 70% en quatre ans... Cette proportion monte à 33% chez les personnes âgées habitant dans les villes de plus de 100.000 habitants, contre 21% dans les communes rurales. Chez les personnes de 75 ans et plus, tous les réseaux de sociabilité se délitent rapidement : 55% n'ont plus véritablement de réseau amical actif (contre 42% en 2010), 79% n'ont pas ou peu de contacts avec leurs frères et sœurs (76%), 41% n'ont pas ou peu de contacts avec leurs enfants (38%), 52% n'ont pas de relations avec leurs voisins (38%), 64% n'ont pas d'activité dans un club ou une association (59%)...
Des réponses qui peinent à contrer le phénomène
Face à ce constat très sombre, la Fondation de France rappelle qu'elle s'est "engagée dans un grand projet de restauration du lien social" et qu'elle "détecte, finance et accompagne chaque année près de 1.000 initiatives pour 15 millions d'euros".
Ce constat légitime aussi la mise en place du dispositif Monalisa (mobilisation nationale contre l'isolement des personnes âgées), qui se déploie progressivement mais semble encore très loin de pouvoir répondre à l'ampleur du phénomène (voir notre article ci-contre du 25 juin 2014).