Transport ferroviaire - La SNCF lance son train Corail Intercités new look
La SNCF a présenté le 10 octobre ses trains interrégionaux Corail Intercités relookés, dont les premières rames vont circuler en Basse-Normandie. A bord des voitures rénovées, les sièges en skaï orange des Corail ont été remplacés par des fauteuils en velours violet ou gris, les sols sont moquettés et des espaces-bagages sont placés au milieu des wagons. Des prises de courant pour les ordinateurs sont également prévues. Cette rénovation n'entraînera pas de hausses de tarifs, a assuré la présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac.
La vingtaine de lignes Intercités en France assurent les liaisons de moyenne distance, d'une à deux heures, par opposition aux Corail "grandes lignes" Téoz.
Pour le moment, les nouvelles rames sont réservées à la Basse-Normandie, puisque cette région est aujourd'hui la seule à avoir accepté de cofinancer la rénovation de ses 150 voitures. La facture, qui s'élève à près de 45 millions d'euros, sera répartie à part égale entre la région et la SNCF.
Les premiers trains seront affectés aux lignes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Deauville-Trouville, fréquentées par 12.000 personnes par jour, sur un total de 71.000 pour l'ensemble de ces lignes en France. Le renouvellement de la totalité du parc de la région doit s'achever fin 2008.
La SNCF ne donne pas de calendrier pour la rénovation des "Intercités" dans les autres régions. Avec un taux de remplissage moitié moindre que pour les TGV, remplis à plus de 70%, les lignes interrégionales "connaissent ou ont connu des difficultés de fréquentation", a reconnu la présidente de la SNCF.
En 2006, la compagnie nationale avait perdu un bras de fer avec les conseils régionaux qui refusaient de payer la rénovation des "Intercités" que la SNCF tentait de leur déléguer. Elle s'était résolue à un modeste plan de relance, avec pour objectif d'augmenter la fréquentation et de réduire de moitié les pertes -100 millions d'euros en 2005 - à l'horizon 2010. Elle prévoyait notamment une rénovation d'un tiers du parc.
La relance des liaisons moyenne distance, grâce à des promotions, semble aujourd'hui porter quelques fruits puisque le nombre de voyageurs est passé de 24 à 26 millions entre 2005 et 2006, a rappelé la présidente de la SNCF. Mais ces lignes sont toujours déficitaires, d'un montant que l'entreprise publique refuse de donner pour 2006.
Anne Lenormand avec AFP
La région Champagne-Ardenne innove avec le train hybride "bibi"
Le groupe canadien Bombardier vient de lancer en France son train hybride baptisé "bibi", conçu pour rouler en mode diesel ou électrique, un concentré d'innovations technologiques destiné à polluer moins et à répondre à la demande croissante de transport régional.
Les rames, qui vont circuler d'abord en Champagne-Ardenne (lignes Paris-Troyes-Culmont et Culmont-Saint-Didier-Vitry), combinent plusieurs particularités : "bi-mode", elles peuvent passer de la propulsion électrique au moteur diesel sans s'arrêter ; "bi-courant", elles peuvent recevoir 1.500 ou 25.000 volts, d'où le surnom de "bibi".
Imperceptible pour le voyageur, le passage de l'électrique au diesel ou d'une tension électrique à une autre évite de changer de train en fonction du type de voies ou d'attendre en gare le changement de mode de propulsion de la motrice. Cela évite aussi de faire rouler un train diesel sur tout le parcours alors qu'une partie du trajet peut se faire à l'électricité seule.
Sur le trajet de Paris à Troyes, il permet d'économiser 20% de CO2 par rapport à un train uniquement diesel et 60% par rapport à une voiture.
Les rames coûtent 5 millions d'euros pièce, soit 10 à 20% de plus que pour les trains classiques. La région Champagne-Ardenne a déboursé 40 millions d'euros pour en acheter huit, un "effort énorme", a souligné son président, Jean-Paul Bachy, mais qui évite d'entretenir deux parcs de locomotives, diesel d'une part et électrique d'autre part.
D'autant que Paris-Troyes est l'une des dernières lignes au départ de Paris à ne pas être électrifiée, malgré les demandes répétées des élus locaux, qui n'ont pas ménagé leurs critiques contre la SNCF et Réseau Ferré de France.
Ce nouveau matériel va aussi permettre de "répondre à la hausse de la fréquentation", a expliqué Pierre Mathieu, vice-président de la région, chargé des transports. Les hybrides "bibi" permettent de doubler l'offre sur la ligne Paris-Troyes-Culmont, qui a connu une forte hausse du trafic entre 2006 et 2007, a-t-il poursuivi.
Les régions françaises sont confrontées depuis plusieurs années à l'explosion du trafic régional : + 53% entre 1996 et 2007, dont 8,6% sur 2006, selon la SNCF. Elles se sont lancées au début des années 2000 dans un plan de modernisation, notamment avec la commande de 700 trains régionaux à Bombardier, dont l'hybride "bibi", aujourd'hui commandé par dix d'entre elles, est le dernier-né.