Chiffres de la délinquance - La Seine-Saint-Denis, département le plus criminogène
"La délinquance a baissé en 2006 pour la quatrième année consécutive." Nicolas Sarkozy s'est montré satisfait de son dernier bilan de ministre de l'Intérieur lors de ses voeux à la presse, jeudi 11 janvier. Les crimes et délits ont baissé de 1,3% en 2006, avec 3.725.588 faits de délinquance constatés l'an passé contre 3.775.838 en 2005. "La délinquance a baissé dans 90 départements depuis 2002", a insisté le ministre. Pour les seules atteintes aux biens (vols, destructions, dégradations, etc.), la baisse est de 3,8% en 2006 et de 18,14% depuis 2002. La situation demeure toutefois très contrastée d'un département à l'autre, comme en témoigne le "bulletin pour l'année 2006" présenté à cette occasion par Alain Bauer, président de l'Observatoire national de la délinquance (OND), un organisme indépendant mis en place en 2002 par l'hôte de la place Beauvau pour apporter plus de transparences aux "statistiques officielles". Avec -9% et -11,4%, l'Alsace et le Limousin sont les régions qui enregistrent la plus forte régression mais, au sein même d'une même région, les écarts sont parfois importants, comme en Ile-de-France où l'effet des baisses enregistrées à Paris (- 5,8%) et dans l'Essonne (- 4,8%) est compensé par la hausse de la Seine-Saint-Denis (+ 10,3%).
Le taux de criminalité des atteintes aux biens varie de 15 pour mille dans l'Aveyron, le Cantal ou la Creuse, à 77,6 pour mille à Paris et 73,9 pour mille en Seine-Saint-Denis. 18,8% des faits sont enregistrés dans quatre départements : Paris, Seine-Saint-Denis, Bouches-du-Rhône et Alpes-Maritimes.
La Moselle se distingue : c'est le seul département d'un million d'habitants où le taux est inférieur à 30 pour mille.
Progression marquée des atteintes aux personnes
Si les atteintes aux biens ont enregistré une baisse significative, tel n'est pas le cas des atteintes aux personnes qui ont augmenté de 5,6% en 2006, essentiellement du fait des violences "non-crapuleuses", c'est-à-dire les actes gratuits. "Les atteintes volontaires à l'intégrité physique des personnes constituent un sujet de préoccupation majeur", a reconnu le ministre de l'Intérieur. Les homicides et les tentatives d'homicides baissent (-6,6%). Les coups et violences non-mortels progressent au contraire de 10,6%.
Phénomène marquant : les violences volontaires à dépositaire de l'autorité ont augmenté de 6,3%, résultat, selon le ministre de l'Intérieur, "d'un engagement supplémentaire des forces de l'ordre". 2006 avait vu la multiplication des guet-apens à l'encontre de policiers.
La Corse, Midi-Pyrénées et le Nord-Pas-de-Calais connaissent la progression des violences aux personnes la plus importante (10% et plus), mais là encore, avec d'importants écarts. La Meurthe-et-Moselle (+15%) et la Haute-Garonne (+14,1%) sont les plus touchées, suivies de la Seine-Saint-Denis (+11,2%). Seuls 19 départements enregistrent une baisse de ces violences, avec un record dans le Cher (-13,1%). Le taux de criminalité des violences aux personnes varie de 2,2 pour mille dans le Cantal à 19,6 pour mille en Seine-Saint-Denis, un département qui, à l'automne 2006, avait fait l'objet d'une polémique sur l'action du tribunal de Bobigny.
Michel Tendil
Un nouvel indicateur sur les violences urbaines
Le bilan 2006 des chiffres de la délinquance a aussi été l'occasion de faire un premier point sur l'Indicateur national des violences urbaines (Invu) mis en place l'année dernière pour recenser les incendies de véhicules : 44.157 véhicules incendiés ont été recensés sur l'ensemble du territoire en 2006. A titre de comparaison, les statistiques de la Fédération française des sociétés d'assurance faisaient état de 49.114 faits en 2005, année des émeutes de banlieue.