Inégalités territoriales - La ségrégation entre diplômés et non-diplômés s'intensifie entre territoires
Les communes qui comptaient le plus de diplômés en 1999 en comptaient encore plus en 2008, montre une étude réalisée par le bureau d'études Compas (Centre d'observation et de mesure des politiques sociales) à partir des données Insee. Et celles qui comptaient le plus de non-diplômés sont toujours les mêmes.
La part des diplômés de l'enseignement supérieur (Bac+2 et plus) est ainsi passée de 43,1% à 55,9% (soit +12,8%) à Maisons-Lafitte (78), de 42,5% à 54,7% (+12,2%) à Vincennes (94), de 41,6% à 52,4% (+10,8%) à Courbevoie (92), de 41,6% à 52,3% (+10,6%) à Levallois-Perret (92), de 48,6% à 58, % (+9,9%) à Bourg-la-Reine (+9,9%), de 43,7% à 53,1% (+9,3%) à Paris ou encore de 40,6% à 49,9% (+9,3%) à Chatou (78)… dans le même temps, France entière, la part des diplômés de l'enseignement supérieur était passée de 18 % à 23,8 %.
La part des bas niveaux de formation (moins que le BEP) a augmenté dans deux villes de plus de 20.000 habitants : Oyonnax (01) qui passe de 53,2% à 53,9% (+0,6%) et Clichy-sous-Bois (93) qui passe de 56,7% à 57,3% (+0,6%). A La Courneuve (93) cette part reste aujourd'hui à 56,4% (-1,4%), elle atteint toujours 56% (-1,4%) à Garges-lès-Gonesse (95), 55,6% (-4%) à Abbeville (80), 54,9% (-2%) à Bobigny (93), également 54,9% (-2,7%) à Creil (60), 52,8% (-1,9%) à Drancy (93), 52,5% (-2,4%) à Sarcelles (95), également 52,5% (-4,1%) à Sens (89), 50,9% (-3,4%) à Forbach (57), 50% (-3,8%) à Aulnay-sous-bois (93)…
"De nouveaux îlots où la richesse culturelle domine davantage"
A l'intérieur d'une même ville, "la concentration des diplômés de l'enseignement supérieur au sein des quartiers a évolué de façon très différentes", observe le Compas. Il note que la concentration spatiale, dans certains quartiers, des habitants peu diplômés s'est accrue "presque partout", précisant : "Montreuil, Nancy et Rennes détenant la palme". Quand à la concentration spatiale des diplômés, elle a augmenté dans certaines villes (Aix-en-Provence, Strasbourg et Nancy sont citées), mais diminué dans d'autres (Le Havre, Limoges ou encore Rouen).
Parmi les explications avancées par le bureau d'études, figure en premier lieu la corrélation entre niveau de diplôme et niveau de revenu, citant le phénomène qui "repousse souvent hors des centres-ville, notamment dans les cités périphériques, les couches les moins aisées qui n'ont pas de titre scolaire". Il note également que les jeunes diplômés (qui n'ont souvent "pas les moyens de se loger dans les quartiers les plus aisés") investissent une partie des anciens quartiers de centre-ville, où le prix au m2 est moins cher, donnant naissance à "de nouveaux îlots, où la richesse culturelle domine davantage". "Cette concentration reflète aussi l'importance des stratégies éducatives de ces catégories diplômées, qui correspondent à la volonté d'éviter à leurs enfants la fréquentation de jeunes des catégories populaires et favoriser ainsi leur réussite scolaire", rappelle le Compas, sans préciser qu'elle s'inscrit dans le phénomène de gentrification bien connu des sociologues, dit aussi de "boboïsation"...