Sports - La pratique sportive stagne en Ile-de-France depuis dix ans
Les enquêtes sur les pratiques sportives des Français se multiplient mais leurs résultats restent difficiles à appréhender. Les périmètres couverts ne sont pas toujours identiques. Surtout, le manque de suivi dans le temps par les différentes institutions qui se prêtent à l'exercice rend peu lisibles les évolutions et, partant, l'efficacité (ou l'inefficacité) des politiques publiques mises en œuvre pour encourager ces pratiques.
Tout l'intérêt du récent dossier de l'Institut régional de développement du sport d'Ile-de-France (IRDS) intitulé "La pratique sportive en Ile-de-France sept ans avant les Jeux" est précisément de donner de la profondeur aux résultats. En effet, cette étude a été menée pour la première fois en 2007 et est renouvelée régulièrement.
Alors, les politiques publiques pour développer le sport en Ile-de-France ont-elles porté leurs fruits depuis la première enquête ? Non, et l'IRDS n'y va pas par quatre chemins pour l'annoncer : "En dix ans, aucune évolution majeure n’est à noter dans les taux de pratique sportive par sexe et par âge." Si la pratique sportive s’est largement développée en cinquante ans, reconnaît l'institut, il précise aussitôt que ce développement est aujourd'hui derrière nous.
L'IRDS juge qu'avec environ sept millions de pratiquants réguliers (au moins une fois par semaine), soit 63% de sa population âgée de 4 ans ou plus, "l'Ile-de-France est une région sportive". Toutefois, chez les 15 ans et plus, ce taux baisse à 61%, contre une moyenne nationale de 65%. Sur le temps long, un résultat est particulièrement significatif : celui de l'évolution annuelle moyenne du taux de licences entre 1990 et 2014, inférieure à 1%.
Des freins à la pratique
Comment expliquer cette stagnation ? Pour l'IRDS, "il existera toujours des irréductibles qui n’aiment pas le sport et refusent de s’y adonner. Mais, pour une partie de la population, le manque d’exercice physique n’est pas un choix". Autrement dit, il existe des freins à la pratique.
Ces freins touchent chaque catégorie de la population mais sont plus prégnants chez les femmes. Celles-ci déclarent plus souvent être freinées dans leur pratique par des contraintes exogènes (prix, éloignement des équipements, horaires).
Chez les enfants, le facteur temps est également en cause : les horaires ne conviennent pas dans 40% des cas. Mais l'absence d'une personne pour accompagner l'enfant au sport ou pour pratiquer avec lui sont également des freins importants (37%). Il est à noter toutefois que de fortes disparités existent dans la pratique scolaire selon que l'enfant fréquente un établissement public ou privé. Dans le public, seuls 15% des élèves sont licenciés via une fédération de sport scolaire (Usep au primaire, UNSS dans le secondaire), tandis que 41% le sont dans le privé (auprès de l'Ugsel).
Avec les seniors (55 ans et plus), les freins sont très différents. Les contraintes horaires ou le coût ne sont plus des obstacles majeurs, mais la santé et le sentiment de vieillesse "affectent de plus en plus la pratique sportive".
Si une décennie d'incitations à la pratique sportive n'a pas réussi à faire décoller le taux de pratique, le dossier de l'IRDS met toutefois en avant quelques pistes. La première consiste à s'inspirer de l'environnement des zones intermédiaires, où la pratique sportive est la plus développée, "sans doute" grâce à "une bonne diversité d’équipements et de transports, moins saturés qu’en zone dense et mieux maillés qu’en zone peu dense". La seconde revient à s'adapter aux multiples attentes et profils de pratiquants, ce qui "nécessite des équipements innovants et des éducateurs formés à ces nouveaux enjeux".