Réforme territoriale - La nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées rebaptisée "Occitanie"
La région issue de la fusion territoriale entre le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées a été baptisée vendredi Occitanie, à l'issue d'un vote de l'assemblée plénière réunie à Montpellier et de vifs débats sur ce nom controversé. Le nom Occitanie, auquel est ajouté le sous-titre "Pyrénées-Méditerranée", a été adopté par 85 voix "pour" sur 158 conseillers.
La résolution votée vendredi fixe également le chef-lieu de la région à Toulouse et les réunions des assemblées plénières dans "l'aire urbaine de Montpellier". La majorité régionale a souhaité, au nom de l'équité territoriale, que les assemblées plénières se tiennent à Montpellier mais l'hémicycle du conseil régional n'étant pas assez vaste pour accueillir les 158 élus, ils se réuniront donc en alternance au Corum de Montpellier et au parc des expositions situé sur la commune de Pérols, loués pour ces occasions.
Carole Delga, qui n'avait jusque-là pas semblé favorable au nom Occitanie, l'a finalement proposé au vote des élus. Tout en y ajoutant "une référence permanente" aux Pyrénées et à la Méditerranée. Elle a assuré que ce nom serait "fédérateur" et "ne laisserait personne au bord du chemin", en insistant sur son intention de créer un organisme culturel catalan qui aura notamment pour mission de renforcer l'enseignement de la langue catalane.
Echanges musclés
"Occitanie" est en effet considéré comme une véritable provocation par les Catalans. Plusieurs élus régionaux catalans ont exprimé vendredi leur souhait de voir respecter "une culture millénaire" et mis l'accent sur le "sentiment de perte d'identité" d'une population "désemparée" et "désorientée" par ce choix. Mais les échanges les plus musclés ont eu lieu entre Carole Delga et des élus Les Républicains et Front national. Stephan Rossignol (LR) a fustigé le choix d'Occitanie, y voyant "une véritable usurpation historique et géographique", le terme originel recouvrant 38 départements de la France actuelle.
L'assemblée plénière du 15 avril avait proposé au vote citoyen les noms "Languedoc", "Languedoc-Pyrénées", "Occitanie", "Occitanie-Pays catalan" et "Pyrénées-Méditerranée". Sur les quelque 5,7 millions d'habitants de la région, seules quelque 204.000 personnes avaient participé du 9 mai au 10 juin à cette consultation qui a coûté 500.000 euros. Selon les résultats présentés le 16 juin, "Occitanie" avait été placé en tête dans près de 45% des cas, très largement devant Languedoc-Pyrénées (voir notre article du 17 juin ci-contre). "C'est peu de clics pour une grande claque", a ironisé France Jamet au nom du Front national, estimant qu'"Occitanie" était "une expression militante et clivante" et déplorant que "le nom historique de Languedoc" ait été écarté.
Une région en quête d'identité
Dans cette nouvelle région grande comme l'Autriche, qui peine à trouver ses marques et son identité, ce nouveau nom mécontente aussi nombre de Languedociens. Déjà affectés par la perte du statut de capitale régionale de Montpellier, ils se sentent éloignés géographiquement et culturellement de Toulouse. Les Gardois en particulier se considèrent comme Provençaux et non Occitans.
La région avait déjà connu une tentative de changement de nom qui s'était heurtée à la farouche opposition d'une large partie de la population, notamment parmi les Catalans. En 2004, Georges Frêche, élu à la tête du Languedoc-Roussillon, avait souhaité en vain rebaptiser la région "Septimanie". Après cet échec, Georges Frêche avait créé en 2006 la marque "Sud de France", qui va être désormais étendue à Midi-Pyrénées.
Des choix validés le 1er octobre
La nouvelle région issue de la fusion de Rhône-Alpes et Auvergne s'appellera "Auvergne-Rhône-Alpes", ont quant à eux, décidé jeudi 23 les élus de cette région, confirmant le choix des lycéens et du public consultés par internet. Ce choix a été voté à l'unanimité des 193 conseillers présents.
Le 27 juin, le conseil régional Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes devrait pour sa part choisir le nom de "Nouvelle Aquitaine", mettant fin à la phase de choix de noms pour les régions fusionnées (voir notre article du 1er mars ci-contre). Ces choix seront définitivement validés par le Conseil d'Etat, au plus tard le 1er octobre.