Transports - La Normandie va devenir la première région autorité organisatrice de trains Intercités
Dévoilé par Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat aux Transports, en février dernier, le transfert à la région Normandie de la responsabilité de lignes de trains Intercités ou trains d'équilibre du terrioire (TET) a été officialisé par Manuel Valls le 25 avril, lors d'un déplacement au mont Saint-Michel. "Pour la première fois, l'Etat, en lien avec la SNCF, va transférer à une région la responsabilité des trains d'équilibre du territoire", a expliqué le chef du gouvernement, juste avant de signer une convention en ce sens avec le chef du conseil régional de la nouvelle Normandie unifiée, Hervé Morin (UDI), qui a une nouvelle fois dénoncé la vétusté du réseau normand actuel. Cinq lignes, dont la plupart relient la région à la capitale, sont concernées par le transfert, qui sera effectif à partir de 2020 : Paris-Caen-Cherbourg/Trouville-Deauville ; Paris-Rouen-Le Havre ; Paris-Granville ; Paris-Evreux-Serquigny et Caen-Le Mans-Tours.
En échange, l'Etat va financer, à hauteur de 720 millions d'euros, l'achat de matériel roulant destiné aux deux principales lignes de la région : l'axe Paris-Rouen-Le Havre et l'axe Paris-Caen-Cherbourg. "L'Etat s'engage à financer le renouvellement intégral des trains devenus obsolètes" sur ces deux lignes, a assuré le Premier ministre sous les voûtes gothiques de l'abbaye du mont Saint-Michel. Interrogé par l'AFP, le président de la SNCF Guillaume Pepy a précisé que cet investissement permettrait d'acheter 45 trains. Hervé Morin a indiqué de son côté que les premières rames seraient livrées en 2019. La SNCF, qui est liée par un contrat de plan avec l'Etat et la région, doit aussi financer d'ici à 2020 600 millions d'euros supplémentaires pour la modernisation des voies sur ces deux lignes principales ainsi que trois autres : Paris-Granville, Paris-Evreux et Caen-Le Mans, a ajouté Guillaume Pepy.
Hervé Morin a souligné que la région déciderait rapidement de l'achat du matériel roulant afin de remplacer les trains Corail en service sur les lignes normandes depuis bientôt 40 ans. Il a aussi déclaré qu'il faudrait "expertiser les comptes", la région devant prendre en charge le déficit des lignes qui lui sont transférées (35 millions d'euros par an).
Dans un communiqué publié peu après la signature de cette convention, le groupe Socialiste, Radicaux, et Citoyens à la région Normandie pointe le coût financier de l'accord. Selon lui, ces lignes Intercités "coûtent extrêmement cher : près de 35 millions d'euros de déficit par an". L'opposition régionale estime que "l'addition pourrait être salée" pour les Normands, surtout s'ils doivent seuls assumer le coût de lignes empruntées par des habitants d'autres régions (l'Ile-de-France ou la région Centre). Le groupe Socialiste, Radicaux, et Citoyens craint en outre que "le train du quotidien" ne pâtisse de cette convention : "Pour financer des lignes parisiennes ultra-déficitaires, la région risque d'affaiblir le service de proximité".