Social / Environnement - La "jungle" de Calais majoritairement située en zone Seveso
La majeure partie de la "jungle" de Calais, ce camp informel d'environ 0,5 kilomètre carré proche de la rocade portuaire où vivent à présent entre 5.500 et 6.000 migrants dans des conditions précaires, est située en zone Seveso, a révélé l'AFP le 19 octobre. Selon le dernier Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) datant de 2012 établi par la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement du Nord-Pas-de-Calais (Dreal), le camp formé début 2015 suite à la volonté de la mairie de déplacer les migrants du centre-ville au centre d'accueil de jour Jules-Ferry, et toléré par les pouvoirs publics, se trouve exposé à des risques "moyennement" et "faiblement" élevés en raison de sa proximité immédiate avec deux usines chimiques, distantes d'environ 300 mètres. Exploitées par Synthexim et Interor, ces usines sont classées "Seveso AS - seuil haut" depuis respectivement 1999 et 2005. La Dreal avait alors expliqué dans son rapport que le principal risque lié à ces établissements est "le risque toxique lié aux stockages et la mise en oeuvre de produits toxiques dans les établissements", ajoutant que "les phénomènes dangereux pouvant se produire sont l'incendie, l'explosion, la perte de confinement à l'origine d'effets thermiques, de surpression et toxiques".
Le camp se trouve également sur un site particulièrement sensible en termes de biodiversité. Son classement en "zone d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) de type 1", inscrit au plan local d'urbanisme (PLU) de décembre 2014 et à la Dreal, est lié à la présence d'espèces protégées ou d'habitats susceptibles d'abriter des espèces protégées au titre du code de l'environnement. Celui-ci interdit sur une telle zone "la destruction, l'altération ou la dégradation du milieu particulier à ces espèces animales ou végétales". "Toutes les constructions et tous travaux de drainage, remblaiement, comblement ou susceptibles d'entraîner la dégradation des fonctions hydrologiques et écologiques de la zone humide protégée" sont interdits, ajoute le PLU.
Or le gouvernement a annoncé fin août la création d'un camp d'habitations sur une partie de cette zone protégée. Ce projet dont les travaux doivent commencer fin octobre consiste à offrir à 1.500 personnes un logement dans 125 containers au sein d'un nouveau camp jouxtant le centre d'accueil de jour actuel Jules-Ferry (qui prodigue repas et offre 100 couchages pour enfants et femmes). Sa mise en place nécessitera au préalable d'importants travaux pour aplanir un terrain formé de dunes. "Nous respecterons toutes les contraintes environnementales", a assuré la préfecture du Pas-de-Calais, précisant qu'aucune "infrastructure en 'dur' et 'pérenne'" ne sera installée.