La France sort du quatrième printemps le plus pluvieux jamais enregistré par Météo-France
La France a connu son quatrième printemps le plus pluvieux depuis le début des mesures, en 1959, avec un déficit d'ensoleillement de près de 20% et des températures plus élevées que les normales pour la troisième année d'affilée, a annoncé Météo-France ce 3 juin.
Le printemps météorologique (mars-avril-mai) a été "le plus pluvieux depuis 2008", "avec une anomalie de +45%" de précipitations, selon le bulletin de Météo-France diffusé ce 3 juin. "Le printemps 2024 se classe au quatrième rang des printemps les plus pluvieux", derrière les printemps 2001 (+57 %), 1983 et 2008, selon l'observatoire officiel, dont les données de précipitations complètes remontent jusqu'en 1959. Le constat est particulièrement marqué pour le mois venant de s'achever "qui devient ainsi le mois de mai le plus pluvieux depuis 2013".
"Partout, il a beaucoup plu et souvent, entraînant par endroits des inondations et des coulées de boue (en Bourgogne, dans le Centre-Ouest, en Lorraine et en Alsace, dans l'Aisne, etc.)" qui ont causé d'importants dégâts, souligne Météo-France. "Sur le Poitou, les Charentes, le nord de l'Alsace et la Lorraine ainsi que sur les Cévennes ardéchoises ou encore la Côte d'Azur, il est tombé deux fois plus de pluies que la normale", poursuit le bulletin. Sur l’ensemble de la saison, il a parfois plu jusqu’à 10 à 15 jours de plus que la normale, à l’exception des régions méditerranéennes et pyrénéennes, et du littoral de la Manche.
Excédent de pluies partout sauf en Corse
Le bilan régional joint au bulletin montre que la pluviométrie en moyenne sur le printemps 2024 est excédentaire sur l’ensemble des régions, à l’exception de la Corse où les précipitations sont proches des normales. Le printemps 2024 est même le second printemps le plus pluvieux dans plusieurs villes comme Nice (Alpes-Maritimes), Lyon (Rhône) ou Strasbourg (Bas-Rhin).
Les Pyrénées-Orientales connaissent, elles, une embellie sur le front de la pluviométrie, après plus de deux ans de sécheresse météorologique. Les pluies des trois derniers mois lui permettent de retrouver une pluviométrie excédentaire d’environ 10%, bénéfique pour la végétation et les couches superficielles des sols mais pas suffisante pour la recharge des nappes phréatiques (lire notre article). L’Aude et l’Ariège conservent pour leur part un déficit d’environ 20% sur la saison. En chiffres, la pluviométrie de ce printemps 2024 a atteint plus de 400 mm à Uzès dans le Gard (2 fois et demie la normale saisonnière), près de 400 mm à Volmunster en Moselle (2 fois la normale saisonnière), près de 160 mm à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales (conforme à la normale) et près de 150 mm à Limoux dans l’Aude (en déficit de 20%).
"Au cours du printemps 2024, les épisodes pluvieux fréquents, parfois violents, ont engendré de nombreuses crues et inondations exceptionnelles sur des sols souvent saturés", souligne Météo France. Du 3 au 13 mars en Charente-Maritime, la Charente a connu sa troisième crue depuis l’hiver, avec plus de 80 mm enregistrés à Saintes du 1er au 10 mars, soit plus d’un mois de précipitations. Les 9 et 10 mars dans le Sud-Est jusqu’aux Cévennes, lors d’un épisode méditerranéen inhabituel pour la saison, 100 à 150 mm ont été mesurés en 24 heures dans le Gard, le Var et les Alpes-Maritimes. Du 30 mars au 3 avril, plusieurs départements de Bourgogne et du Centre-Val de Loire ont aussi connu des crues lors d’épisodes pluvieux localement intenses. Du 16 au 22 mai, ce sont plusieurs départements du Nord-Est et du Nord qui ont été touchés, avec localement plus d’un mois de pluie en 24 heures comme à Porcelette (Moselle) qui a enregistré une pluviométrie de 97,3 mm.
Déficit d'ensoleillement de 20%
"À l'échelle de la saison et du pays, on enregistre un déficit d'ensoleillement proche de 20%, qui atteint 30% localement dans le nord-est de la France", selon Météo-France, faisant du printemps 2024 l'un des plus sombres, "comparable aux printemps 2013 et 1983". Depuis le début de l'année, seul le mois de janvier a bénéficié d'un ensoleillement en moyenne proche de la normale. Les régions du nord du pays ont connu moins de 10 journées ensoleillées, comme à Beauvais avec seulement 3 jours.
Les régions sur un large quart sud-ouest ont bénéficié de seulement 15 à 20 jours “ensoleillés” sur la saison. En revanche, le pourtour méditerranéen, la région Paca et la Corse tirent leur épingle du jeu, avec un ensoleillement proche de la normale saisonnière et 25 à 40 journées bien ensoleillées, voire plus (comme à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, avec 44 jours).
Températures restées supérieures aux normales en moyenne
"Malgré un ressenti maussade en raison des pluies abondantes et du manque d'ensoleillement, les températures restent supérieures aux normales en moyenne sur la saison, avec une anomalie de +0,8°C par rapport aux normales 1991-2020", souligne toutefois l'établissement public. Il faut remonter au printemps 2021 (-1,0°C) pour trouver une saison plus froide que les normales de la période 1991-2020, pourtant déjà nettement plus chaudes qu'à la fin du XIXe siècle, avant l'effet des émissions de gaz à effet de serre de l'humanité.
Le mois de mai, malgré plusieurs périodes de fraîcheur, est quasi conforme (+0,1°C) aux normales de saison, toujours établies sur les trois précédentes décennies en météorologie. "Janvier 2022 est le dernier mois en-dessous des normales", a précisé Météo-France à l'AFP, ce qui fait de mai 2024 le 28e mois égal ou supérieur aux normales, ce qui illustre l'effet du réchauffement climatique en France métropolitaine.
En moyenne sur les trois mois, la température a été 1,5 à 2,0°C au-dessus de la normale saisonnière en Bourgogne-Franche-Comté, dans les Hauts-de-France, le Grand Est et en Île-de-France. Elle est en revanche plus proche de la normale en Occitanie. Jusqu’à 32 °C ont été relevés à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le 6 avril, soit +10°C au-dessus de la normale, jusqu’à 26,7°C à Paris le 13 avril, soit +10 °C au-dessus de la normale et jusqu’à 27,6°C à Lille le 12 mai, soit 9°C au-dessus de la normale. Mais la journée du 1er mai a été très contrastée, avec au plus chaud seulement 12,5°C à Toulouse et jusqu’à 28,6 °C à Strasbourg.