La France compte plus de 3 millions de logements vacants

C'est ce que montre une étude de l'Insee. C'est plus de 8% du parc total de logements. Les situations sont naturellement très contrastées selon le type de territoire.

Le nombre de logements vacants a atteint 3,1 millions en France en 2023, en hausse de 60% depuis 1990, montre une étude de l'Institut national de la statistique (Insee) publiée ce mardi 14 janvier. La situation est particulièrement aiguë "dans les espaces les moins denses en population", détaille l'étude, qui s'appuie sur des données fiscales et le recensement de la population. À l'inverse, la part de logements vacants reste logiquement "plus faible dans les aires d'attraction des villes les plus peuplées, dans les territoires en croissance démographique ou dans ceux réputés pour leur attrait touristique".

L'Insee précise ce qu'il entend par logements vacants, autrement dit inoccupés, à distinguer des résidences secondaires : il s'agit des logements fiscalement déclarés comme tels, non meublés, non soumis à la taxe d’habitation. "Des confusions entre logements vacants et résidences secondaires sont possibles", note toutefois l'étude, et "certains logements non redevables de la taxe d’habitation peuvent apparaître à tort comme vacants". Il faut de surcroît distinguer vacance "frictionnelle" (temporaire, entre deux mises sur le marché) et "structurelle". Dans ce second cas, l'Insee évoque diverses causes : déprise démographique, inadéquation entre l’offre et la demande, ancienneté voire insalubrité, litiges, problèmes de succession…

Ces logements vacants représentaient pas moins de 8,2% du parc total de logements en France hors Mayotte, soit 1,2 million de plus qu'en 1990. Cette augmentation intervient essentiellement "à partir de 2005" et atteint depuis "2,5% en moyenne par an", note l'Insee, ce qui signifie que le nombre de logements vacants augmente "2,3 fois plus vite que le nombre total de logements entre 2005 et 2023".

Parmi les multiples causes de la hausse constatée, l'Insee évoque "l'évolution de la population et de la construction" mais aussi les "effets de la conjoncture économique ou les évolutions fiscales et réglementaires".

Des constats différents selon la taille des aires urbaines

Cette hausse concerne "presque tous les départements" à l'exception de ceux de Corse et de l'Hérault. Les départements ruraux situés le long de la "diagonale du vide" (ligne de faible densité de population qui va des Ardennes à l'Ariège), ainsi que l'Orne, sont particulièrement touchés, contrairement aux départements alpins et à ceux situés "le long de l'Atlantique, en Île-de-France et dans le Var".

À Paris et dans les "aires d'attraction" des villes de plus de 700.000 habitants, la vacance est plus faible (7%), avec toutefois des disparités. Les situations sont contrastées dans les aires des villes comprises entre 200.000 et 700.000 habitants, avec un faible taux de vacance à Bayonne ou Cannes et un fort taux à Pau, Avignon ou Saint-Etienne. C'est dans les villes de moins de 50.000 habitants que le taux de vacance des logements est en moyenne le plus élevé, à 9,6% en 2020, avec également des différences marquées. En résumé donc, "plus le nombre d’habitants de l’aire d’attraction est élevé, plus le taux de vacance des logements est faible".

Une constante pour toutes les aires de moins de 700.00 habitants : le taux de vacance est plus élevé dans la commune‑centre, mais aussi dans les communes situées en périphérie, que dans les autres communes de l'aire. En revanche ce taux a augmenté moins vite entre 2009 et 2020 dans les communes-centre qu'ailleurs. Peut-être un effet des programmes de revitalisation ?

Taxer, réquisitionner ?

Cette étude intervient en pleine vague de froid et une semaine après l'annonce du dépôt d'une proposition de loi communiste au Sénat pour permettre aux maires de réquisitionner les logements "vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés depuis plus de six mois".

 "Il y a un potentiel pour alléger la crise du logement aujourd'hui", explique à l'AFP Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement (DAL), pour qui "l'importance de la vacance renforce la pénurie de logement". "Il faudrait réquisitionner", prône-t-il, soulignant qu'une "réquisition, ce n'est pas une spoliation" ni une "expropriation" mais "l'utilisation temporaire d'un bien inoccupé". Une réquisition de logement vacant, selon lui, "c'est un an, renouvelable six fois, donc sept ans maximum". Et le propriétaire "touche une indemnité".

Une taxe sur les logements vacants pour les communes situées dans une agglomération de plus de 50.000 habitants en "zone tendue" existe par ailleurs depuis 1999. Depuis 2006, les autres communes peuvent instituer une "taxe d'habitation sur les logements vacants" pour les logements vacants depuis plus de deux ans. Un plan national de lutte contre les logements vacants a également été lancé en 2021.

L'étude nationale de l'Insee est complétée par une série de focus pour chaque région.

 

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