La France associative en 2019 : les petites associations fragilisées
Si la dynamique de création d'associations est toujours soutenue, le rythme de disparition semble s'être accéléré depuis 2017. Le solde reste globalement positif, mais il est négatif en ce qui concerne les associations employeuses, avec un "net retrait" en 2018 observé par Recherches & Solidarités. Les petites associations sont les premières à devoir mettre la clé sous la porte ou diminuer le nombre de leurs salariés.
Entre 1,35 et 1,45 million d'associations seraient actives en France aujourd'hui, selon Recherches & Solidarités (R&S) qui vient de publier l'édition 2019 de son panorama annuel "La France associative en mouvement". L'actualisation prochaine de ces données à l'échelle des régions et des départements est également annoncée.
Une accélération probable du rythme de disparition d'associations
En 2018-2019, quelque 72.000 associations ont été créées, un rythme similaire aux cinq années précédentes. Cette dynamique "peut être le signe d’un élan solidaire, un mode d’expression de la société civile en quête d’action", mais aussi d'un "besoin d’activité" et du "fait que des porteurs de projets s’appuient sur le statut associatif pour créer leur emploi, fut-il précaire dans un premier temps", peut-on lire dans l'étude.
À l'inverse, R&S estime que le nombre d'associations cessant leur activité a pu atteindre 50.000 à 60.000 en 2018 comme en 2017, contre 30.000 à 40.000 dans la période précédente. Pour établir cette "hypothèse prudente" - "seule la date de naissance d'une association [étant] connue" -, le réseau d'experts se fonde sur son enquête menée auprès de quelque 2.600 responsables associatifs. La part de responsables se déclarant "en grande difficulté" n'est plus que de 3% en 2019 (soit 40.000 associations en projection nationale), après 5% en 2018 (65.000 associations) et 7% en 2017 (90.000 associations). "L’hypothèse la plus probable est que nombre d’entre elles n’ont pas survécu", indique R&S. Cela correspondrait à environ 50.000 disparitions entre 2017 et 2019 - qui s'ajouteraient aux disparitions tendancielles observées jusque-là - et conduirait, "pour la première fois, à une relative stabilisation du nombre des associations, en France".
Moins de salariés dans les petites associations
Concernant l'emploi, les données portent sur 2018, année caractérisée par un "net retrait" (- 2,6%) du nombre d'établissements employeurs. Ce dernier est passé de 167.000 en 2015 à 159.000 en 2018 avec une accélération puisque, "pour la seule année 2018, la régression est de l’ordre de 4.300, dont 80% d’associations comportant moins de trois salariés et 15% d’associations comportant entre trois et six salariés".
Le nombre de salariés, 1,8 million en 2018, est en baisse de 0,9% par rapport à 2017, après des années de croissance régulière. Les associations concernées sont les plus petites : moins de 3 salariés (baisse de 7%) et entre 3 et 10 salariés (- 3%). En 2018, tous les secteurs sont concernés par une stagnation ou une baisse des effectifs, la culture, le sport et l'aide à domicile figurant parmi les domaines les plus touchés. Les associations de moins de 3 salariés représentent encore en 2018 plus de la moitié (53%) de l'ensemble des établissements employeurs.
Le bénévolat : première préoccupation des responsables associatifs
Les associations sont également fragilisées du côté de leurs ressources bénévoles, avec notamment une baisse de la part de Français leur donnant chaque semaine du temps (de 12,5% en 2016 à 10% en 2019). Au total, 12,5 millions de personnes donnent du temps à des associations, dont 5,2 à 5,4 millions sur un mode hebdomadaire.
En 2019, le bénévolat – le nombre de bénévoles et leur disponibilité, ainsi que le renouvellement des dirigeants – est ainsi le premier sujet d'inquiétude des responsables associatifs. La situation financière est une source de préoccupation pour 45% des responsables interrogés (soit un peu moins qu'en 2018), dont 9% qui considèrent leur situation "très difficile". À noter : les relations avec les collectivités territoriales sont un sujet d'inquiétude pour 25% des dirigeants - davantage dans le secteur de la culture -, et l'évolution des politiques publiques pour 36%.