La Fnaut décerne ses tickets verts et rouges
Lors de son 21e congrès qui s’est déroulé à Bordeaux les 6 et 7 octobre, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a décerné ses tickets verts et tickets rouges pour saluer ou dénoncer des actions prises par des collectivités en matière de transport public.
Tickets verts et coups de chapeau pour les plus vertueux, tickets rouges voire amendes pour ceux dont les actions sont jugées contestables : le 21e congrès de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) qui s'est tenu à Bordeaux les 6 et 7 octobre a mis à l'honneur ou épinglé élus et collectivités pour leurs choix en matière de transport public.
Les chemins de fer corses distingués
Un premier ticket vert a été décerné aux élus de la communauté d’agglomération du Grand Avignon, présidée par Jean-Marc Roubaud (LR), qui ont préféré valider en mars 2018 la deuxième phase de la ligne de tramway de l’agglomération plutôt qu'un bus électrique en site propre défendu par la maire de la ville.
Un deuxième ticket vert est allé à la collectivité territoriale de Corse (CTC) présidée par Gilles Simeoni qui, via la société d’économie mixte des Chemins de fer de la Corse (CFC), créée en 2012, a pris en mains l’exploitation du réseau ferré de l'île. "L’offre a augmenté de 40% et la fréquentation de 70%, la contribution publique par voyageur au km a diminué de 40% malgré la croissance de l’offre, a salué la Fnaut. Bien que les lignes corses soient des lignes de montagne, l’autocar n’assure que 1,4% du trafic. Ces succès constituent un contre-exemple instructif des assertions du rapport Spinetta concernant les 'petites lignes' et des méthodes d’exploitation de la SNCF."
Un troisième ticket vert a été décerné aux villes de Vincennes et Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) qui ont institué en avril dernier le stationnement payant pour les 2 roues motorisés (motos et scooters) sur des emplacements réservés. "Ces décisions font suite aux incivilités constatées de la part des usagers des deux-roues motorisés qui empruntent les trottoirs et mettent en insécurité les piétons. L’objectif est également de faire participer ces usagers au coût de l’occupation du domaine public", a souligné la Fnaut.
Coups de chapeau
La fédération a aussi adressé trois coups de chapeau. Le premier
au tramway transfrontalier Strasbourg-Kehl, lancé par l’eurométropole de Strasbourg et la ville de Kehl, en avril 2017, et au tramway transfrontalier Bâle - Saint-Louis, en service depuis décembre 2017.
Le deuxième a été adressé à Claude Robert, maire sans étiquette de Vandières, Mathieu Klein, président PS du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, et François Vannson, président LR du conseil départemental des Vosges, qui continuent à soutenir, avec la Fnaut, le projet de gare TGV-TER de Vandières et la gare TGV de Louvigny, construite à quelques kilomètres à l’est de l’axe TER Nancy-Metz-Thionville-Luxembourg. Tisseo, syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération de Toulouse, a été gratifié du troisième coup de chapeau de la Fnaut pour sa campagne contre le harcèlement sexiste dans les transports menée à l'initiative de l'Autate, association locale d’usagers, membre de la Fnaut, et de la Ligue des droits de l'homme.
La région et deux collectivités de Rhône-Alpes-Auvergne épinglées
A l'opposé, deux tickets rouges et trois "amendes" ont été infligés. Un premier ticket rouge a été attribué à la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a refusé d’intervenir financièrement pour que les lignes régionales et inter-régionales Saint-Claude - Oyonnax-(Bourg-Lyon), Thiers-Montbrison (Clermont – Saint-Etienne), Volvic - Le Mont-Dore et Laqueuille-Eygurande (Lyon-Bordeaux par Brive) puissent être maintenues en exploitation. "La région Auvergne-Rhône-Alpes a même refusé d’intervenir pour rétablir l’itinéraire nord Lyon-Montluçon alors que la région Nouvelle-Aquitaine a rétabli la liaison Bordeaux-Montluçon", a pointé la Fnaut. "La région Bourgogne - Franche-Comté a aussi sa part de responsabilité, note-t-elle : elle n’a pas réagi quand SNCF Réseau a fermé la ligne Saint-Claude - Oyonnax. Toutes ces fermetures irréfléchies provoquent un démaillage du réseau ferré qui risque d’accélérer la désertification des territoires."
Un deuxième ticket rouge a été attribué au conseil départemental de Haute-Savoie pour la relance du projet d’autoroute Thonon-Machilly "malgré l’avis très défavorable de l'Autorité environnementale", souligne la Fnaut. Franck Reynier, député-maire UDI de Montélimar et président de Montélimar-Agglomération, a, lui, écopé d'une amende pour avoir proposé que les collectivités locales portent la maîtrise d’ouvrage de la gare TGV d'Allan, sur la LGV Méditerranée, et empruntent 100 millions d’euros sur 50 ans pour la réaliser. Or, a jugé la Fnaut, cela pourrait mener à la disparition de la desserte TGV (par la ligne classique) des villes de la vallée du Rhône (Valence, Montélimar, Orange, Avignon-Centre, Arles et Miramas).
Pierre Castel, maire de Quillan (Aude), se voit épinglé pour vouloir transformer en piste cyclable l'emprise de la voie ferrée entre Limoux et Quillan, fermée depuis janvier 2018 car très détériorée. "Il faudrait trouver 30 millions d'euros pour la sauver, selon la Fnaut. Les défenseurs du rail estiment que cette ligne, si elle était bien exploitée dans le cadre d’une délégation de service public, serait d’un coût raisonnable pour la collectivité."
Enfin, Olivier Carré, maire d'Orléans et président de la métropole, et David Thiberge, maire de Saint-Jean-de-Braye, se voient reprocher leur opposition à la réouverture de la ligne Orléans - Châteauneuf-sur-Loire souhaitée par la région Centre-Val de Loire et dont l’emprise a été préservée. "Le premier veut éviter la suppression de quelques places de parkings dans le quartier de la gare d’Orléans ; le second soutient lui aussi les riverains de la ligne sans se préoccuper de l’intérêt général, alors que l’axe routier parallèle est complètement saturé et accidentogène, juge la Fnaut. Le manque de solidarité territoriale est manifeste : les deux communes d’Orléans et Saint-Jean-de-Braye sont déjà desservies par le tramway ; les communes plus éloignées d’Orléans resteraient donc isolées." La Fédération regrette aussi que le maire d'Orléans veuille mettre le tramway en voie unique sur le pont George-V, "ce qui en perturberait sérieusement l’exploitation", souligne-t-elle.