La filière du vrac et du réemploi d’emballage, un potentiel de 30.000 emplois

Plusieurs évolutions réglementaires et législatives vont pousser à la croissance et au développement de la distribution en vrac ainsi qu’au réemploi des emballages. Une filière naissante qui pourrait créer 30.000 emplois supplémentaires dans les prochaines années, si les cibles légales visant à réduire les déchets étaient tenues. 

Fortement bousculée par la crise sanitaire et le retour de l’inflation, la filière du vrac et du réemploi va-t-elle renouer avec la croissance ? Ses acteurs se montrent de nouveau optimistes. "L’année 2025 sera vraiment l’année de réentrainement de toute la filière", assure Célia Rennesson, la directrice générale du réseau Vrac et Réemploi, qui fédère les entreprises du secteur, lors d’une conférence de presse, mardi 25 mars.

Doit en effet paraître, dans les prochaines semaines, un "décret vrac" concrétisant l’obligation, pour la grande distribution, d’atteindre 20% de vrac dans les magasins de plus de 400 mètres carrés d’ici à 2030. S’y ajoute l’adoption, en décembre 2024, du règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballage (PPWR) qui fixent différents objectifs visant à les réduire, dont une obligation pour les distributeurs, à partir de 2030, de proposer 10% des produits en vente dans un format d’emballage réutilisable. De quoi, peut-être, combler le retard pris sur les objectifs nationaux : le taux de réemploi est estimé à 0,3% dans la filière des emballages ménagers, bien loin de l’objectif de 5% prévu pour 2023 (lire notre article du 30 mai 2024) et des 10% visés en 2027. 

Un potentiel de 30.000 emplois supplémentaires au moins

De quoi redonner un coup de fouet à une filière qui compte aujourd’hui 8.000 emplois. Les quatre cinquièmes se trouvent du côté des points de vente : grandes et moyennes surfaces, magasins bio, épiceries spécialisées dans le vrac… Mais à l’avenir, le poids des fonctions situées en amont de la vente devrait s’accroître. Les fournisseurs d’équipements pour la vente en vrac ou le réemploi, laveurs, trieurs ou collecteurs d’emballages usagés représentent aujourd’hui 8% des emplois de la filière. 

Alors que le réemploi de bouteilles se déploie dans quatre régions françaises (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France) sous la houlette de Citeo et dans le cadre de la démarche ReUse, le développement du réemploi sur les emballages ménagers pourrait potentiellement générer 20.000 emplois supplémentaires directs, selon les projections du réseau Vrac et Réemploi. Si l’on y ajoute le réemploi d’emballages plastiques, 11.000 emplois pourraient être créés dans les 15 prochaines années, d’après le décompte de la fondation Ellen Mac Arthur. Soit plus de 30.000 emplois au total, et une estimation a minima, car elle ne prend pas en compte l’intégralité des types emballages où les exigences en matière de réemploi augmentent. 

Une expérimentation en Centre-Val de Loire

La région Centre-Val de Loire anime la filière afin de la faire "monter en puissance" en l’inscrivant dans les schémas de développement économique de la région. Le réemploi et le vrac feront partie de la feuille de route sur l’économie circulaire, en préparation. "Il faut que l’on puisse se positionner stratégiquement sur des créneaux qui nous permettent de faire émerger de nouveaux emplois dans les prochaines années", justifie Jérémie Godet, 2e vice-président délégué au climat, aux transformations écologiques et sociales des politiques publiques. 

A l’automne prochain, une collecte d’emballages réemployables de "produits emblématiques", comme les sirops Monin ou d’autres jus de fruits produits localement, sera expérimentée sur un territoire métropolitain de la région. S’inscrit aussi dans cette démarche le soutien de la collectivité à l’entreprise Duralex qui se réoriente aujourd’hui vers le marché français et dont une partie du métier, avec la production de verre réemployable, visera à répondre à la demande de vrac et de réemploi. 

Pour Célia Rennesson, il est temps de penser aux formations qui accompagneront cette future croissance. Aujourd’hui, "les personnes qui s’intéressent aux formations, ce sont les porteurs de projet", précise David Sutrat, co-fondateur de Day by Day, un réseau de distribution en vrac, et d’Osmosia, son entité qui sélectionne les produits en vrac et les conditionne et propose des formations qui intéressent en grande majorité… des actifs en reconversion professionnelle.  

 

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