La FFB réclame un "plan logement" pour sauver un secteur en déprime

Sur un an, les mises en chantier ont reculé de 13,4% au premier trimestre 2024. Une tendance qui pourrait se traduire par la production d’ici la fin de l’année d’environ 260.000 logements en France, soit "un niveau proche de celui de la fin des années 1950", s’alarme le président de la FFB, Olivier Salleron. Les permis de construire ont reculé sur la même période de près de 10%, ce qui n’incite guère à l’optimisme chez les professionnels du bâtiment. Premier de cordée, le marché des maisons individuelles semble avoir touché son point bas, estime Olivier Salleron, contrairement à la promotion immobilière, ce qui repousse vers un horizon toujours plus éloigné une réelle reprise du secteur dans son ensemble.

Dans ce panorama déprimé, les bonnes nouvelles se font rares. Olivier Salleron évoque ainsi, avec prudence, le cas du non-résidentiel neuf qui a lui aussi touché son point bas et qui enregistre des mises en chantier, certes toujours en recul, mais "plus que" de 6,9%, et même 2% sur les sept premiers mois de 2024. Le dirigeant veut y voir "un effet des élections municipales de 2026" qui se profilent et qui entraînent une progression de 11,7% "des surfaces commencées de bâtiments administratifs". S’agissant des bâtiment industriels et commerciaux, c’est la stabilité qui caractérise la conjoncture du moment.

La production de bâtiments recule toujours

L’activité amélioration-entretien continue quant à elle de progresse mais moins rapidement, avec une hausse limitée de l’ordre de 1% sur un an entre les seconds trimestres de 2023 et 2024. En cause, "une réforme ratée de MaPrimeRénov'" engagée en début d’année, dont les assouplissements enregistrés en mai dernier vont malgré tout dans le bon sens, reconnaît Olivier Salleron. Dans le même temps, le secteur de la rénovation énergétique est resté stable à +0,4%. Au global, souligne le président de la FFB, la production de bâtiments a reculé de 4,3% en volume en glissement annuel au premier trimestre 2024. Et la FFB anticipe une baisse de l’ordre de 5,5% sur l’année. Dans ces conditions, quel impact a la conjoncture sur la santé des entreprises du secteur ? Le président de la FFB constate "une certaine résistance" même si les défaillances ont progressé de 30% sur les huit premiers mois de l’année. Cependant, "les tensions sur les trésoreries se renforcent", fragilisant davantage les entreprises du secteur. Sur le volet emploi, le bâtiment a perdu près de 28.000 salariés sur un an et la FFB craint une accélération de la tendance, ce qui pourrait entrainer la destruction de près de 60.000 emplois d’ici la fin de l’année.

Des mesures qui constituent "l’armature d’un plan logement"

Sans être résolument optimiste, Olivier Salleron identifie des points de satisfaction : le net recul de l’inflation, la baisse des taux d’intérêt et l’amélioration du moral des ménages qui renforce leur capacité à se projeter sur des projets immobiliers. Même si cela ne suffira pas pour remettre un secteur entier sur les bons rails. Clairement, "sans un coup de pouce" de l’Etat, prévient le président de la FFB, "2025 s’inscrira comme une année de crise du secteur avec son cortège de pertes d’emplois et d’impact social comme macro-économique". Pour y remédier, Olivier Salleron propose d’agir vite en inscrivant dans le projet de loi de finance (PLF) pour 2025 plusieurs mesures d’impact : le rétablissement d’un PTZ (prêt à taux zéro) universel, voire d’un prêt à taux réduit ; une prorogation du dispositif Pinel en attendant que le législateur ne propose une autre solution équivalente ; un maintien en 2025 des aides à la rénovation énergétique (MaPrimeRénov’) ; et, enfin, un "arrêt de la surenchère réglementaire". Le président y voit "l’armature d’un plan logement" que beaucoup d’entreprises du secteur réclament.