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Prévention de la délinquance - La DIV veut faire descendre les femmes dans la rue

Des "marches exploratoires". L'idée est apparue à Toronto à la fin des années 1980.  Le but : organiser des "marches" entre élus, agents municipaux et habitants d'un quartier pour élaborer, en situation, un diagnostic de la sécurité sur la voie publique. Munis de questionnaires, les riverains peuvent pointer tout ce qui est susceptible de rendre un lieu propice aux agressions ou aux trafics. Mais aussi interpeller les élus en direct tout au long de cette visite de terrain : éclairage défaillant, travaux inachevés, détériorations du mobilier urbain, etc. Ce qui, souligne le Centre international pour la prévention de la criminalité (CIPC) dans son rapport international 2008 oblige élus et gestionnaires municipaux à "un engagement formel à assurer le suivi des demandes" des habitants. Initialement, la démarche était tournée vers les femmes, d'abord parce qu'elles sont les plus exposées à l'insécurité dans leurs déplacements quotidiens et aussi parce qu'elles ont un regard sans doute plus avisé sur les risques encourus. Aujourd'hui, les marches exploratoires s'adressent à tout public fragile : personnes âgées, handicapés, voire aux habitants de tel quartier défavorisé. En France, plusieurs communes y ont déjà eu recours : Montrouge, Rennes, Grand Couronne ou encore certains quartiers de Paris. C'est aujourd'hui l'une des pistes sérieusement explorées par la délégation interministérielle à la ville (DIV) dans le cadre du plan Espoir Banlieues. "Nous souhaitons que cette politique puisse être mise en oeuvre dans les quartiers, en particulier les quartiers de la rénovation urbaine", a expliqué Serge Nédelec, chargé de mission à la DIV, lors d'un colloque sur les bonnes pratiques et les coopérations en matière de prévention de la délinquance organisé à Paris, le 11 février 2009. Des contacts ont notamment été pris avec les préfectures de la Seine-Saint-Denis et du Val d'Oise. "Le but de ces expérimentations serait de formaliser une méthode qui puisse ensuite être diffusée pour l'élaboration des futurs contrats locaux de sécurité ou le volet prévention des futurs contrats urbains de cohésion sociale", a-t-il précisé.
Pour le CIPC, coorganisateur de la rencontre de mercredi, les marches exploratoires ont fait leurs preuves en vingt ans et sont à présent pratiquées sur tous les continents. Elles répondent à un "besoin de mieux comprendre les attentes de sécurité des femmes", a insisté Valérie Sagant, la directrice générale du CIPC : "C'est une préoccupation universelle : les enquêtes de victimisation internationales montrent qu'entre un tiers et deux tiers des femmes se déclarent victimes d'une violence dans les douze derniers mois." Ces "diagnostics en marchant" sont aussi au coeur d'un manuel pratique contre les "nuisances publiques" (drogue et prostitution) fruit d'un vaste travail d'échange entre les villes de Bordeaux, Liège et Montréal mené pendant trois ans.

 

Michel Tendil

 

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