Restructurations - La Diact veut aider les régions à mieux anticiper les mutations économiques
Pour anticiper les mutations économiques, le problème est moins le manque d'informations que la capacité d'analyse. C'est ce qu'a montré le séminaire organisé par la Diact, le 7 octobre à Paris, sur "les ruptures territoriales : quelle ingénierie pour passer des chocs aux projets de développement". "L'information reste le nerf de la guerre, a expliqué Laurent Fiscus, directeur à la Diact. On a une masse considérable d'informations ; une des grandes difficultés est de savoir l'analyser." Inutile selon lui, de se placer trop en amont mais à un "horizon" préfectoral, "de dix-huit à vingt-quatre mois". Pour aider les territoires dans ce travail d'analyse et de réactivité, la Diact a mis en place un système interministériel d'information sur les mutations économiques (Sime). Expérimenté dans un premier temps, il a été généralisé sur l'ensemble des régions en 2007. Ce système, élaboré avec l'appui de l'ensemble des administrations centrales concernées par la veille et l'accompagnement des mutations, permet le partage d'informations entre les services d'un même territoire. Aujourd'hui, les outils d'anticipation ne manquent pas. Le Bipe (Bureau d'informations et de prévisions économiques) a de son côté développé une méthode, Lisa, qui permet de réaliser des diagnostics prospectifs de filières au niveau d'un territoire. "La plupart des approches sont basées sur les diagnostics de l'existant, il y a absence de diagnostics prospectifs", a expliqué Elisabeth Waelbroeck-Rocha, vice-présidente du Bipe. La méthode Lisa, qui combine des approches micro et macro-économiques, pallie ce manque. Exemple avec la filière aéronautique en région Midi-Pyrénées : la méthode a permis l'élaboration de trois scénarios concernant l'évolution des commandes, des cadences de production et du nombre d'établissements (concentration/disparition) entre 2007 et 2017.
Un centre régional en Picardie
D'autres études encore, comme celle réalisée par le groupe Erdyn, "Chocs démographiques, chocs technologiques : quels impacts sur les territoires ?", permettent de cartographier les opportunités et menaces liées aux évolutions démographiques et technologiques prévisibles à long terme. L'étude, basée sur l'analyse de cinq ouvrages de référence en la matière et menée dans cinq régions (Picardie, Bretagne, Languedoc-Roussillon, Limousin et Rhône-Alpes) choisies pour leur diversité, a abouti à un inventaire des technologies clés de ces régions à court et moyen termes et à identifier les facteurs d'autorégulation, tout en prenant en compte l'emploi. "L'idée est de partir de ce qui existe comme données et de les mettre en synergie", a détaillé Florian Knecht, associé gérant du groupe Erdyn.
Certaines régions cherchent aussi à développer leurs propres outils. C'est le cas de la Picardie qui a créé en juin 2007 le centre d'analyse régional des mutations de l'économie et de l'emploi (Cermee) sous forme de groupement d'intérêt public (GIP) associant l'Etat et la région, dans le cadre du contrat de projets Etat-région 2007-2013. Objectif : aider l'Etat et la région, qui a subi de nombreuses restructurations industrielles, à concevoir des actions partagées pour faire face aux mutations économiques, mettre en mouvement l'ensemble des acteurs locaux, développer les travaux de prospective et apporter un appui à l'ingénierie pour les observatoires locaux, notamment aux maisons de l'emploi. L'outil permet par exemple de déterminer les conditions pour que le secteur aéronautique reste un secteur clé dans la région et de savoir comment ce secteur va évoluer en Picardie. "On peut ainsi analyser les répercussions sur les territoires picards", se félicite Philippe Bourgeois, directeur du GIP-Carmee. Plus globalement, le centre s'inscrit dans la volonté de tirer parti des opportunités du tissu économique picard pour créer de nouveaux gisements d'emplois.
Emilie Zapalski